Les jeunes du Seuil au Bénin : prise de conscience, escapade inoubliable et moment de partage

Lorsqu’on nous a parlé pour la première fois du Bénin, nous ne savions pas, pour la plupart d’entre nous, placer ce pays sur la carte. On ne connaissait pas non plus son histoire. Bien sûr, nous avions une image un peu vague des périodes sombres de colonisation et d’esclavagisme qui liaient et lient toujours notre continent européen au continent africain qui allait nous accueillir pendant 16 jours.

Nous avons effectivement été au Bénin durant le mois de mars 2024, et l’une des journées les plus intenses fut celle du jeudi 21 mars. Celle-ci aura profondément marqué l’ensemble du groupe. Ce jour-là, nous avons retracé, pas à pas, la route des esclaves de Ouidah en commençant par une grande place où se trouvent un grand arbre et une énorme maison. En arrivant sur la place, il est difficile de s’imaginer ce qu’il s’y passait quelques siècles auparavant. Mais en s’approchant du grand arbre au centre de cette place, on peut y découvrir une statue ornée d’une plaque indiquant que sous cet arbre se déroulait la vente des esclaves destinés aux Amériques. Notre guide prit son temps pour nous expliquer l’importance de cette place qui était la première étape majeure pour les esclaves. Concernant la maison, nous avons ensuite appris qu’elle appartenait au marchand d’esclaves qui restait donc toujours à proximité afin de gérer les ventes.

Un peu plus loin sur la route, nous avons découvert l’arbre de l’oubli. Endroit où, selon les croyances anciennes, les esclaves devaient faire 9 tours pour les hommes et 7 tours pour les femmes afin d’oublier leurs origines, leurs identités et leurs souvenirs. Notre guide expliqua que la croyance autour de cet arbre était tellement ancrée que parfois même les esclaves pensaient avoir perdu la mémoire à la suite du rituel.

Notre guide évoqua également une maison où, après avoir oublié leur identité, les esclaves étaient installés dans le noir pendant 2 semaines en ne mangeant presque rien afin de s’habituer aux cales des bateaux pour la traversée de l’Atlantique.

Suite à cela, nous sommes allés en direction du mémorial de Zoungbodji. Ce mémorial est placé à l’endroit exact où se trouvait la fosse commune où les esclaves trop faibles ou malades étaient jetés pour y mourir. Cette partie de la visite était la plus chargée en émotions. Nous avons observé une minute de silence face à ce grand mémorial représentant les différentes étapes de la route des esclaves.

Pour finir cette visite, nous sommes allés à la porte du Non-Retour qui se trouve sur la plage. Ce grand monument porte très bien son nom car c’était l’endroit où les esclaves quittaient à jamais leur continent. Nous sommes restés un moment près de la porte à contempler l’océan et à regarder les statues vaudou autour de la porte.

La porte du « Non-Retour » à Ouidah. ©D.R.

Tout autour de la porte, on trouve énormément de chantiers chinois qui construisent des complexes hôteliers. Cela nous a choqués et un peu déçus, donnant l’impression que tout est bon pour faire de l’argent, même les pires périodes de l’humanité.

Malgré ce dernier point négatif de la visite, nous resterons marqués par tout ce que nous avons vu et nous n’oublierons jamais cette journée.


Notre journée à Grand popo

Avant de partir au Bénin, nous avions été voir des photos du pays sur Google et étions tombés sur des photos de plages incroyables situées à Grand Popo ! Nous voulions absolument y aller et avons été très heureux d’apprendre qu’une journée à Grand Popo était bel et bien prévue dans notre programme. Quelle chance !

Au début de notre deuxième semaine, nous avons donc pris le bus avec Charles en direction de la ville côtière du sud-ouest du Bénin. Il faisait un grand soleil et le ciel était bleu. Nos éducateurs nous avaient bien rappelé de mettre de la crème solaire mais nous avons fait exprès de ne pas en mettre pour bronzer plus vite. Finalement, nous étions rouges comme des tomates à la fin de la journée (et nos éducateurs aussi). Bref, nous sommes arrivés au large de la mer et avons pris un kayak et une grande pirogue pour rejoindre une première petite île qui s’appelle « L’île au sel ». Sur place, les habitants, et surtout les femmes, extraient le sel de terre. En effet, la terre de l’île est gorgée de sel. Les femmes filtrent la terre avec de l’eau et recueillent une saumure qu’elles chauffent dans des bassines afin de recueillir le sel par un système d’évaporation. Sur place, nous avons goûté le sel et avons dégusté des caramels faits maison. Nous n’avons pas trouvé ça très bon mais ce sont les bonbons locaux.

Ensuite, nous avons repris les kayaks et la pirogue pour nous rendre vers une autre petite île complètement déserte… C’était magnifique, nous n’avions jamais vu un endroit si beau. Une fois nos sacs déposés, nous avons sauté dans l’eau et avons profité de la douceur du fleuve. Pendant ce temps-là, Israël et ses collègues nous ont préparé un barbecue délicieux avec des viandes et du poisson grillés. Il y a avait aussi des salades fraîches, de l’avocat et nous avons pu boire des softs.

Rouges comme des pivoines. ©D.R.

Nous avions emporté toute la nourriture dans des frigo box sur la pirogue. Nous avons mis de la musique et avons profité de cette merveilleuse journée. Durant ce moment, nous n’avions aucune tension entre nous, l’ambiance était apaisée et nous avons formé un groupe soudé et fort. Nos éducateurs sont venus nager avec nous et nous avons tenté de les couler mais ça n’a pas vraiment fonctionné. On a beaucoup rigolé ! Vers 17 heures, lorsque le soleil commençait à devenir plus doux, nous avons repris les kayaks et la pirogue pour rentrer vers la terre ferme. Comme dit plus haut, nous étions rouge comme des pivoines. Nous avons ensuite repris le bus pour nous rendre sur une autre plage où nous avons été accueillis par un cuisinier et son équipe. Nous avons donc dégusté un poulet aux légumes, les pieds dans le sable et en regardant la mer, c’était le rêve. Lorsque le soleil s’est couché, nous avons fait un grand feu et nous nous sommes assis en cercle autour afin de partager des histoires et de chanter des chansons. Nos éducateurs chantaient des chansons inconnues au bataillon alors nous avons plutôt proposer de jouer à des jeux. C’était vraiment génial de se retrouver tous ensemble autour du feu, dans le sable. Cette journée restera gravée dans nos mémoires pour toujours ! Merci beaucoup à l’équipe de nous y avoir emmenés.


« Vis ma vie », une journée incroyable !

« Vis ma vie » a été notre journée préférée : chaque Belge a été mis·e au hasard en duo avec un·e correspondant·e béninois·e afin qu’on passe toute la journée ensemble dans leur famille. Le matin, après avoir reçu de l’argent, nous sommes allé·e·s au marché acheter de quoi faire à manger à midi et quelques boissons fraîches. Après, il a fallu marcher jusqu’à leur maison et certain·e·s habitaient vraiment loin. C’est comme ça qu’on s’est rendu compte de la distance que nos correspondant·e·s devaient faire chaque jour pour venir nous voir.

Une fois arrivé·e·s dans la maison, on a pu rencontrer la famille de nos correspondant·e·s. On a pu parler avec eux des ressemblances et des différences entre la Belgique et le Bénin, comme l’éducation, la nourriture ou les maisons. C’était super intéressant de comparer nos habitudes mais aussi de se rendre compte des similitudes qu’il y a entre nous, nos pays et nos cultures. Ensuite on a mangé un délicieux bol de riz avec des œufs et une sauce piquante (que la famille avait fait attention à ne pas trop épicer pour nous). Une fois le repas de midi terminé, tout le monde est parti à la sieste, alors on en a profité pour aller faire un tour et jouer à des jeux de société. C’est le moment le plus calme car il fait très très chaud et certain·e·s d’entre nous ont tout de même sombré dans une sieste pour reprendre de l’énergie.

A la fin de la journée, on s’était donné rendez-vous avec tous·tes les autres jeunes au terrain de football et on a fait un grand foot tous ensemble. C’était trop cool de se retrouver là, il y avait une super bonne ambiance entre nous. Ensuite, on a dû retourner à la maison là où les éducateur·trice·s nous attendaient pour manger le repas du soir et raconter nos différentes expériences. Cette journée nous a permis de voir là où des jeunes de notre âge vivaient, à quoi ressemblait leur maison et de rencontrer leur famille. Elle nous a permis d’être juste à deux et de mieux nous connaître car on a pu parler de plein de choses dont on ne parlait pas spécialement en groupe.

« Vis ma vie », l’occasion de vivre une expérience de partage incroyable. ©D.R.

Du côté des Belges, ce qui nous a tous·tes impressionné c’est le respect que les enfants ont envers leurs parents, iels les écoutent et si les parents disent non, iels n’essayent pas de négocier. Je ne dis pas que nous ne sommes pas respectueux·ses, mais ce n’est pas le même rapport qu’on a avec les adultes et nos parents. Ici on voyait bien que c’était quelque chose dans l’éducation et dans la culture qui était un peu différent de chez nous.

Du côté des Béninois·e·s, ce qui les a marqués c’est de découvrir chacun·e d’entre nous car on était différent·e que quand on était tous ensemble. Certain·e·s étaient plus calmes, d’autres ont dansé avec la famille ou d’autres encore ont préparé à manger « à la façon béninoise ». C’est vrai que chaque jeune belge a pu montrer une facette différente de lui/elle-même, ce qui a rendu l’échange authentique et unique des deux côtés.

Cette journée était vraiment l’une des plus belles journées qu’on ait passée de tout le séjour. On a regretté de ne pas en avoir fait plus car c’est vraiment de cette manière-là qu’on a le plus appris de notre échange. Cette journée marquante restera un de nos meilleurs souvenirs du voyage.

Les jeunes de Seuil (Seuil est un service d’acrochage scolaire, s’adressant aux jeunes qui, pour des raisons diverses, ont décroché de l’école).

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