Les juntes militaires du Sahel s’unissent au sein d’une nouvelle confédération

Les chefs militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger se sont réunis samedi pour officialiser la création d’une nouvelle confédération, destinée à promouvoir “une plus grande intégration” entre les trois pays, “dernière démonstration de leur éloignement des alliés régionaux et occidentaux traditionnels”, observe Al-Jazeera.

Lors d’un sommet à Niamey, “les trois dirigeants ont signé un traité” renforçant “le pacte de défense mutuelle annoncé l’année dernière, l’Alliance des États du Sahel (AES) ”, ajoute la chaîne qatarie.

Ce premier sommet de l’AES intervenait “à la veille du sommet de la Cedeao au Nigeria, où doivent se réunir les autres chefs d’État de la région”, précise The Independent. “Les analystes estiment que les deux réunions témoignent des profondes divisions au sein de la Cedeao, devenue la principale autorité politique de ses quinze États membres”, avant la décision “sans précédent” des trois juntes militaires d’en claquer la porte en janvier.

“Tourner le dos” à la Cedeao

L’ordre du jour du sommet d’Abuja comprendra notamment l’élection du nouveau président de la Cedeao, fonction actuellement occupée par le chef d’État nigérian Bola Tinubu. Mais il semble que les pays membres soient disposés à “prolonger le mandat de Tinubu pour lui donner le temps” de négocier “l’éventuel retour du Niger, du Mali et du Burkina Faso dans le bloc”, croit savoir le site nigérian Punch.

Il n’aura pas la partie facile. Car le chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tchiani, a assuré samedi, entouré de ses homologues malien et burkinabé, que leurs trois pays “tournaient désormais irrévocablement le dos” à la Cedeao, relève la BBC.

En lieu et place de l’organisation voisine, il a déclaré vouloir construire avec ses partenaires une communauté de peuples souverains, “loin du contrôle des puissances étrangères. Une communauté de paix, de solidarité, de prospérité basée sur nos valeurs africaines”, poursuit la radiotélévision britannique.

Selon Wakat Sera, le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traore, a dénoncé pour sa part les “simulacres d’indépendances octroyées aux États africains dans les années 60”, suivis du “pillage des ressources naturelles et du terrorisme”, précisant que “le sens profond de la révolte” des trois membres de l’AES ne visait qu’à “offrir à leurs États respectifs une vraie indépendance, et aux populations un réel épanouissement”.

Projet de monnaie commune

La Deutsche Welle souligne que les trois dirigeants “ont également évoqué l’insurrection islamiste dans la région du Sahel, qui fait rage depuis 2014” et “ont promis de consolider leur coopération pour réprimer les violences”.

“L’AES est le seul groupement sous-régional efficace dans la lutte contre le terrorisme”, a ainsi martelé le général Tchiani, estimant que la Cedeao avait “brillé par son manque d’implication dans cette lutte”.

Le diffuseur allemand rappelle que “le trio a quitté en décembre la Force conjointe du G5 Sahel, créée pour lutter contre les groupes islamistes régionaux, affirmant que la France ne fournissait pas suffisamment de soutien aux efforts antijihadistes”. Les trois pays ont depuis “commencé à privilégier les partenariats avec la Russie et l’Iran”.

“La coopération en matière de sécurité figure en bonne place” du mandat de l’AES, confirme la BBC, mais l’alliance “cherchera également à nouer des liens économiques plus étroits, notamment dans le but de créer une monnaie commune. Cela constituerait un rejet du franc CFA soutenu par la France, utilisé dans de nombreux États de la région”.

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