Les maladies cardiovasculaires sont des « maladies du mode de vie », explique la cardiologue Claire Mounier-Vehier
Les maladies cardiovasculaires sont des « maladies du mode de vie », explique sur franceinfo, mardi 4 mars, la cardiologue Claire Mounier-Vehier. Celle qui est également cofondatrice de la fondation « Agir pour le cœur des femmes » évoque également les résultats d’une étude de Santé publique France, qui révèle que « seuls 11% de la population présentent une santé cardiovasculaire idéale ». Cette association fait également rouler un « Bus du cœur » à travers la France pour aller au contact des patientes.
Claire Mounier-Vehier : Est-ce que vous pouvez déjà nous expliquer pourquoi le nombre de maladies cardiaques augmente plus chez les femmes que chez les hommes en ce moment ?
C’est une maladie du mode de vie. Le bulletin épidémiologique de Santé publique France souligne qu’il y a une progression du tabagisme chez la femme jeune. Plus de stress, plus de sédentarité, plus de surpoids. Et ce n’est pas dit dans le bulletin, il y a également un impact des facteurs de risques liés aux hormones chez les femmes : la contraception, la grossesse et puis l’entrée dans la ménopause. Ce sont les trois principaux facteurs de risque. C’est un problème de société. Mais la bonne nouvelle, quand même, c’est que dans huit cas sur dix, on peut éviter de rentrer dans la maladie par un repérage.
Seulement un Français sur dix a un cœur et des artères en bonne santé. À partir de quand peut-on dire que notre cœur et nos artères ne sont pas en bonne santé ?
En fait, un Français sur dix n’a aucun facteur de risque cardiovasculaire. On parle de l’hypertension, du tabac, du stress, de l’obésité, du diabète. Ces facteurs de risque, sur le long terme, vont abîmer l’artère et accélérer son vieillissement, avec la formation de petites plaques de cholestérol dans les artères. Donc, il faut faire de la prévention en action très tôt, dès l’enfance : militer pour une hygiène de vie satisfaisante, des campagnes contre la première cigarette, contre la nourriture trop salée ou l’alcool…
En quoi les symptômes peuvent-ils être différents chez un homme et chez une femme en ce qui concerne les maladies cardiaques ?
Ils peuvent être différents, mais il faut quand même rappeler que dans un cas sur deux, les symptômes sont les mêmes entre un homme et une femme : une artère qui se bouche brutalement, une douleur dans la poitrine qui serre très fort, qui va dans le bras et la mâchoire. Dans un cas sur deux, on a des symptômes plus atypiques puisque la maladie est différente. Donc, il y a une fatigabilité à l’effort avec des palpitations, une sensation d’anxiété… Mais l’infarctus ne survient pas par hasard. Il survient chez une femme qui a des facteurs de risque, qu’elle ne connaît pas forcément. C’est ce qu’a dit le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France. 30% des femmes hypertendues ne le savent pas. Elles ne savent pas qu’elles ont du cholestérol. Par contre, elles savent qu’elles fument quand même.
Cette étude de Santé publique France à propos des maladies cardiovasculaires montre aussi que le monde de la médecine s’est mal adapté au fil des années. Il est en train d’évoluer. Les jeunes médecins en formation, les internes, les étudiants en médecine sont plutôt dans une médecine préventive qu’une médecine curative.
Ce qui veut dire qu’actuellement, quand on arrive chez un médecin, généraliste ou spécialiste, on ne nous dit pas forcément la même chose, qu’on soit un homme ou une femme ?
Effectivement, il y a une médecine du genre. Tout va dépendre du médecin que vous allez voir. Il y en a qui sont déjà sensibilisés aux spécificités des femmes et qui vont prendre en considération les symptômes parfois atypiques de ces dernières. Il y en a d’autres qui ne sont pas encore au courant. Mais l’important est d’informer les femmes sur le terrain, de leur donner l’information au travers des campagnes de prévention que nous menons au travers des réseaux sociaux… Parce qu’elles lisent, elles vont se prendre en main. Il faut aussi changer les comportements.
Interview écrite par l’Agence Radiofrance, édité par Julien Ricotta
Crédit: Lien source