Alors que la population malienne subit de plein fouet l’inflation, les autorités de transition au Mali ont annoncé l’instauration de nouvelles taxes sur la téléphonie mobile et les boissons alcoolisées. Une décision justifiée par le gouvernement comme une nécessité pour faire face aux charges de l’État, notamment dans le secteur énergétique.
Une justification gouvernementale contestée
Début février, en Conseil des ministres, les autorités militaires ont expliqué que ces nouvelles taxes étaient indispensables pour assurer le financement des services publics et répondre aux besoins croissants du pays. Cependant, cette annonce intervient alors que les budgets de plusieurs institutions de la transition ont été revus à la hausse, suscitant de vives réactions.
Pour Youssouf Sissoko, journaliste et directeur de publication du journal L’Alternance, la mesure du gouvernement n’est pas forcément mauvaise, mais elle aurait nécessité une meilleure communication.
« Je crois que la communication a beaucoup fait défaut et surtout, il faut le rappeler, il y a un manque de confiance des gouvernés envers les gouvernants. Il faudrait donc que les autorités donnent le bon exemple afin que les citoyens puissent suivre », a-t-il expliqué.
Des hausses budgétaires qui font polémique
Les critiques se concentrent notamment sur l’augmentation du budget de plusieurs institutions de la transition, alors même que la population est appelée à davantage contribuer financièrement.
« Il y a eu une augmentation de quatre milliards de francs CFA sur le budget du Conseil national de transition entre 2021 et 2025, passant ainsi de 9,5 milliards à 13,9 milliards, soit une hausse de près de 45 %. Le budget de la présidence de la République a lui aussi augmenté, atteignant plus de 17,5 milliards. Quant au budget de l’Agence nationale de la sécurité d’État, il passe de 17 milliards en 2024 à 25 milliards en 2025 », a rappelé Sékou Niamey Bathily, porte-parole du parti Rassemblement pour le Mali.
Des chiffres qui interrogent sur la répartition des ressources alors que de nombreux Maliens peinent à joindre les deux bouts.
L’impôt, un enjeu de responsabilité collective ?
Face aux critiques, Kassim Keita, président du parti APM et membre du Conseil national de transition, estime que le débat ne devrait pas porter sur les budgets des institutions, mais sur la fiscalité et la participation des citoyens aux finances publiques.
« Hormis les villageois, rares sont les citadins qui paient leurs taxes et impôts. Il se trouve au même moment que ceux qui viennent du village paient leurs impôts pour que ceux qui vivent dans la grande ville puissent avoir de l’électricité. Pourtant, ceux qui vivent en milieu rural n’ont pas de courant », a-t-il estimé.
Un discours qui ne convainc pas tout le monde. Dans un contexte de crise économique et sociale, les indemnités des membres du Conseil national de transition, estimées à plus de deux millions de francs CFA par mois, par personne, sont jugées « offensant » par une partie de la population.
Alors que le fossé se creuse entre dirigeants et citoyens, la mise en place de ces nouvelles taxes risque d’alimenter encore davantage le mécontentement et d’exacerber la défiance envers les autorités de transition.
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