« Les masques tombent, la nature politique de la presse reprend le dessus », analyse l’historien des médias Dominique Pinsolle

Les médias ont été pris de court par l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale et l’organisation d’élections législatives anticipées, dont le premier tour s’est déroulé ce dimanche 30 juin, ont pris de court les médias. La courte durée de la campagne, conjuguée à la possibilité que le Rassemblement national puisse obtenir une majorité absolue, a poussé groupes de presse et médias indépendants à adopter des dispositifs exceptionnels.

Cette séquence électorale a aussi amené à un engagement plus prononcé de certains acteurs, notamment à l’extrême droite, du parachutage de l’animateur Cyril Hanouna à la tête d’une émission quotidienne sur Europe 1 aux louanges du directeur des rédactions du Figaro, Alexis Brézet, à l’union des droites. Historien à l’université de Bordeaux-Montaigne et auteur de « À bas la presse bourgeoise ! » (éditions Agone, 2022), Dominique Pinsolle revient pour l’Humanité sur ces dernières semaines.

La couverture médiatique des élections européennes et législatives, notamment au sein de l’audiovisuel français, est pointée du doigt. Par exemple avec les manœuvres de Cyril Hanouna et d’Europe 1 pour éviter des sanctions de l’Arcom, ou l’éditorialiste Nathalie Saint-Cricq qui a pointé, en direction de ses collègues présents sur le plateau, un papier où était inscrit « JLM 1 PB », en référence à Jean-Luc Mélenchon. Comment expliquer un tel lâcher-prise ?

Il s’explique très simplement. Comme à chaque fois qu’il y a un moment de tension politique dans l’histoire contemporaine, les médias se mettent à défendre plus ouvertement les intérêts de leurs patrons, mais aussi – pour certains d’entre eux – de leurs lectorats. Les masques tombent, la nature politique des entreprises de presse reprend le dessus.

D’habitude, c’est plus ou moins discret. L’éditorialisation peut être diluée dans un style journalistique, dans une neutralité apparente et tout un discours autour de l’objectivité de l’information, du professionnalisme, etc. Mais, en réalité, il suffit de regarder dans le détail, comme le démontre par exemple l’association Acrimed depuis sa fondation en 1995.

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