Les médecins du Nouveau-Brunswick demandent à Fredericton d’emboîter le pas au Québec et prendre des mesures afin de réduire leurs tâches administratives.
En raison de la crise qui secoue les systèmes de santé à l’échelle du pays, les médecins sont de plus en plus nombreux à demander que les gouvernements prennent des mesures pour réduire leur fardeau administratif.
Il s’agit, selon eux, de mesures qui pourraient leur permettre de maximiser le temps qu’ils consacrent aux soins de leurs patients.
C’est dans cette optique que le gouvernement du Québec a annoncé cette semaine qu’il interdira bientôt aux assureurs d’exiger une ordonnance afin que des patients puissent obtenir un remboursement pour des soins dont ils ont besoin.
Quand ce projet de loi sera adopté, les patients n’auront plus, entre autres, à consulter un médecin afin de pouvoir se faire rembourser des services de physiothérapie ou de massothérapie.
Le gouvernement du Québec espère que son projet de loi lui permettra de libérer chaque année 500 000 rendez-vous médicaux.
Un fardeau administratif problématique au N.-B.
La question de la charge administrative des médecins préoccupe aussi les médecins au Nouveau-Brunswick.
La présidente de la Société médicale du Nouveau-Brunswick, la Dre Lise Babin, affirme que les médecins de la province demandent à Fredericton d’alléger leurs tâches administratives depuis plusieurs années.
On serait certainement ouvert de voir un projet de loi au Nouveau-Brunswick qui ressemble à ce qui va arriver au Québec.
Dans son rapport « Les patients avant la paperasse », la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante explique que le fardeau administratif sur les médecins leur fait perdre un temps considérable.
Photo : Getty Images / Wavebreakmedia
Selon un rapport publié en janvier par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, 38 % des tâches administratives des médecins néo-brunswickois pourraient être éliminées ou effectuées par quelqu’un d’autre. Des mesures étaient prises pour y arriver, l’organisme estime que les médecins pourraient effectuer chaque année 1,2 million de consultations supplémentaires.
De pouvoir nous libérer de ces tâches administratives, on pourrait plus mettre notre énergie à nos tâches cliniques
, a expliqué Dre Babin lors d’une entrevue accordée vendredi.
Intéressant, mais pas suffisant, selon un médecin
Pour le Dr Ghislain Lavoie, un médecin de famille de la région de Moncton, la paperasse des professionnels de la santé représente effectivement une mauvaise utilisation de leur temps.
Or, le simple fait d’éliminer les exigences d’ordonnance des assureurs ne suffirait pas, prévient-il.
Si on considère que l’accumulation de petites tâches peut finir par représenter une charge significative, d’accord. Mais si on pense que ce genre de mesure va être la pierre angulaire d’une stratégie permettant de diminuer la paperasse, la réponse, c’est non
, lance le médecin.
Le Dr Ghislain Lavoie est d’accord pour dire que le fardeau administratif des médecins est une mauvaise utilisation du temps des professionnels de la santé.
Photo : Radio-Canada
Si les gouvernements veulent réellement s’y attaquer, il faudra s’en prendre à la paperasse exigée par les assureurs lorsque vient le temps de faire reconnaître les invalidités dont souffrent certains patients, cite en exemple le Dr Lavoie.
La majorité de la paperasse dont on aimerait se débarrasser, ce sont des formulaires qui prennent une heure à remplir et que l’on doit faire chaque année pour que le patient puisse bénéficier de certains remboursements ou avoir certains services ou médicaments
, ajoute-t-il.
Le Collège des médecins de famille du Canada abonde dans le même sens, ajoutant que le fardeau administratif imposé par les gouvernements pèse lui aussi sur le système de santé.
L’organisme continue ainsi de faire pression sur Ottawa afin qu’il applique des solutions à court et à long terme au problème des formulaires fédéraux nécessaires pour que des citoyens puissent avoir accès à certains programmes, notamment les certificats médicaux pour le crédit d’impôt aux personnes handicapées ou des prestations de maladie de l’assurance-emploi, a indiqué dans un courriel une porte-parole de l’organisme.
Bien qu’elle dise être d’avis que l’approche adoptée par Québec aura un impact, la Dre Babin plaide aussi pour que les gouvernements s’attaquent au problème sur tous les fronts et invite Fredericton à l’action.
La Dre Lise Babin, présidente élue de la Société médicale du Nouveau-Brunswick, souhaite que Fredericton prenne des mesures pour réduire la paperasse des médecins.
Photo : Radio-Canada
Il y a un groupe de travail qui avait été créé avec le gouvernement [du Nouveau-Brunswick] et la Société médicale pour essayer de trouver des solutions concrètes et je sais qu’ils sont en train de regarder ça pour essayer de trouver des moyens d’alléger ces tâches
, explique-t-elle.
Le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick n’a pas été en mesure de dire s’il a commencé une analyse afin de déterminer si la paperasse des médecins réduit l’accès aux soins, comme l’ont fait les gouvernements Québec, de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario.
Le ministère souhaite en savoir plus sur l’impact que cette initiative québécoise pourrait avoir sur les médecins et les patients
, a indiqué un porte-parole dans un courriel.
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