les opposants à l’épandage gardent espoir de faire bouger le monde politique 

Alors que des élections provinciales pointent à l’horizon, l’organisme Stop Spraying New Brunswick entend multiplier les efforts au courant de l’été afin de faire de l’utilisation du glyphosate sur les terres publiques un véritable enjeu électoral.

Il y a une semaine, c’était le Jour de la Terre. Afin de marquer cette journée, l’organisme Stop Spraying New Brunswick (SSNB) a fait parvenir plus de 200 lettres signées adressées aux membres des différentes formations politiques de l’Assemblée législative. Ces missives exhortaient notamment les élus de militer afin que cesse l’épandage d’herbicides sur les forêts des terres de la Couronne. On les incite à prendre exemple sur d’autres provinces qui ont fait ce choix, dont la voisine immédiate, le Québec, qui n’utilise plus d’herbicides dans sa stratégie de gestion des forêts de la Couronne depuis 2001.

Ces lettres, ce n’est que l’un des moyens que compte utiliser l’organisme afin de se faire voir et entendre de différentes formations politiques d’ici la prochaine élection générale. C’est que SSNB espère toujours amener les partis à prendre des engagements concrets envers l’enjeu de l’épandage d’herbicides sur les terres de la Couronne. Cette mobilisation est d’autant plus urgente selon Caroline Lubbe-D’Arcy, porte-parole du mouvement Stop Spraying New Brunswick, que le gouvernement envisage d’augmenter la superficie destinée aux plantations d’épinettes sur les terres de la Couronne.

En contrepartie selon elle, l’intérêt pour l’arrêt de l’utilisation de cet herbicide est sans cesse grandissant.

«Chaque jour on a de nouveaux supporters, des personnes qui sont en colère de voir que l’on arrose toujours nos forêts de produits chimiques. On a déjà déposé des pétitions par le passé, et depuis l’intérêt de la population envers l’arrêt de l’utilisation du glyphosate a continué de grandir. On a aussi reçu plusieurs invitations pour parler à des groupes d’intérêt de notre cause. Le gouvernement ne pourra pas éternellement continuer une pratique dont la majorité de sa population ne veut pas, ce mouvement n’est pas près de disparaître», souligne Mme Lubbe-D’Arcy, notant que le groupe Facebook de SSNB est rendu à près de 19 000 membres.

En septembre dernier, l’organisme avait dévoilé son septième bulletin des partis politiques quant à leurs efforts déployés envers la réduction de l’utilisation du glyphosate. À ce moment, le parti au pouvoir (les conservateurs) avait alors obtenu une note d’échec avec un F. Les libéraux avaient fait légèrement mieux avec C+ alors que les verts ont récolté le meilleur score avec un B.

«On espère vraiment que nos efforts des dernières années se traduiront en action par les formations politiques. Le Parti vert nous a toujours soutenus, et même en 2020, les libéraux (avec à l’époque à sa tête Kevin Vickers) s’étaient aussi engagés à réviser l’épandage à la baisse. Je pense que les partis politiques nous entendent, mais qu’ils ont aussi beaucoup de pression de l’industrie forestière qui tient à conserver cette méthode. C’est pourquoi on rappelle constamment aux politiciens de tous les partis qu’ailleurs, dans d’autres juridictions, l’abandon du glyphosate fonctionne et que leur industrie ne s’est pas effondrée pour autant», dit-elle.

Principe de précaution 

Une étude dévoilée en début de semaine et menée par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke tend à démontrer que les pesticides et herbicides présents en petites doses dans l’environnement sont nocifs pour la santé.

Les scientifiques savent depuis des années qu’une utilisation massive est nocive pour la santé. Mais cette toxicité n’est calculée qu’individuellement, chaque substance chimique ayant sa propre limite de concentration à ne pas dépasser.

Les chercheurs voulaient dans ce cas-ci évaluer si l’addition de toutes ces faibles concentrations pouvait, au final, équivaloir à une grande concentration. Les produits étudiés sont des insecticides, fongicides et herbicides utilisés massivement au Canada.

L’étude démontre que les effets des interactions entre ces différents produits chimiques pourraient être très importants, pouvant aller jusqu’à causer des bouleversements dans l’ADN et dans certains cas causer des cancers et autres types de maladies.

«La grosse question, c’est de savoir quels sont les effets néfastes que cela peut avoir, pour ensuite faire des choix rationnels sur l’utilisation des pesticides et leurs alternatives», explique l’un des auteurs, souhaitant que les recherches se poursuivent dans cette voie.

Cette étude ne fait que renforcer les convictions de Caroline Lubbe-D’Arcy du mouvement Stop Spraying New Brunswick. Pour elle, il s’agit d’une preuve supplémentaire que le principe de précaution devrait prévaloir dans la province en ce qui a trait à l’utilisation du glyphosate.

«Quand on exerce le principe de précaution, on arrête d’utiliser quelque chose jusqu’à ce qu’on ait une preuve que c’est sûr et sans danger. Et ce n’est pas du tout le cas avec le glyphosate, un produit qui soulève plein de drapeaux rouges. C’est plus simple pour l’industrie d’utiliser cet herbicide plutôt que d’autres méthodes. Mais ce n’est pas parce que c’est plus simple et plus facile que c’est mieux, que c’est sans danger», souligne-t-elle.

– Avec extrait de la Presse canadienne

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