Les pêcheurs lancent leur propre campagne, en amont des élections fédérales

Les pêcheurs des Maritimes ont un message pour les différents partis politiques qui brigueront leurs voix: ils entendent bien se faire entendre lors de la campagne en cours, voire peser sur le résultat des élections.

Devant le bureau du ministère des Pêches et Océans à Moncton, une quinzaine de pêcheurs se sont rassemblés ce mardi en début d’après-midi. Après avoir assisté au congrès de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM) tenu en fin de semaine, et avant de regagner leurs ports respectifs, ils ont pris le soin de recouvrir les vitres du bâtiment fédéral d’autocollants pour annoncer le lancement de leur campagne, baptisée «Les saisons de pêche ont leur raison».

«Nos pêcheurs nous ont donné un mandat clair, ils sont tannés du gouvernement du Canada qui ne nous écoute pas», déclare de sa voix qui porte le président de l’UPM Réjean Comeau.

«Il y a un dialogue de sourds. Si le pêcheur est menacé, c’est toute l’économie des communautés côtières qui est menacée.»

L’irritant principal pour les quelque 1500 membres de l’UPM? Le fait que les pêcheurs autochtones aient le droit (conféré par l’arrêt Marshall de 1999) de faire des prises toute l’année afin d’assurer leur subsistance.

Selon les non-Autochtones, le fait qu’il n’y ait pas de définition claire de l’expression «moyens de subsistance modérés» amène toutes sortes d’abus. Par exemple, de la vente illégale de produits de la mer pêchés hors-saison, ou le fait que des «Blancs» aillent parfois pêcher avec des Autochtones…

«Nous avons mis des décennies à construire une pêche avec des limites de captures, des limites de taille et des saisons, ajoute le vice-président pour la Nouvelle-Écosse de l’UPM, Gordon Beaton. Cela nous permet d’avoir une pêche prospère et des stocks en santé. Mais s’il y a de la surpêche, ça ne prend pas longtemps pour défaire cela.»

 

Pêcheurs «délaissés», mais pas désarmés

Dans ce contexte, les membres de l’UPM prennent mal le fait qu’en janvier, le gouvernement fédéral a annoncé octroyer 260 millions $ aux Premières nations pour leur permettre un accès supplémentaire aux pêches commerciales.

«Le pêcheur non-Autochtone se sent délaissé», confie Bruce Wilson, un pêcheur de homard de Petit-Shippagan qui, comme ses confrères, ne prend la mer que deux mois par an.

«Pourquoi est-ce que c’est les communautés côtières de pêche qui doivent soutenir tous les efforts de réconciliation [voulue par le gouvernement fédéral entre Autochtones et non-Autochtones]?»

Le président Réjean Comeau le promet: les candidats des différents partis aux élections fédérales vont recevoir la visite des pêcheurs dans toutes les circonscriptions côtières.

«Le gouvernement n’a pas fini son travail, il n’a pas défini ce qu’était une pêche de subsistance. Si le prochain gouvernement veut les votes des pêcheurs côtiers, peu importe le parti, il va falloir qu’il nous donne des réponses avant les élections.»

Celui qui est aussi pêcheur à Val-Comeau pense que même en cette élection où l’enjeu de la relation canado-américaine risque d’écraser les débats, les pêcheurs ont une vraie force de frappe.

«On représente beaucoup d’électeurs: on est 1500 pêcheurs, on a des helpers, on a de la famille, on a nos villages, calcule-t-il. Ces élections, ça va être tight. Toutes les voix comptent.»

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