Les résultats semestriels d’Orano plombés par la quasi mise à l’arrêt de ses activités au Niger


Avec une perte nette part du groupe de 133 millions d’euros (contre un bénéfice de 117 millions un an plus tôt) et un résultat opérationnel de 12 millions (contre 260 millions), les résultats semestriels d’Orano, présentés ce vendredi 26 juillet, reflètent les difficultés du spécialiste français du combustible nucléaire au Niger. Il a dû réaliser des provisions d’environ 200 million d’euros pour y faire face.


«Il y a un éléphant dans la salle, c’est la situation très difficile pour nos filiales minière au Niger», a résumé Nicolas Maes, directeur général d’Orano, commentant des résultats semestriels en baisse lors d’une conférence de presse du groupe.


Le spécialiste français du combustible nucléaire, dont l’Etat français détient 90% du capital, subit les conséquences du coup d’Etat militaire du général Abdourahamane Tiani, qui a pris la tête du pays d’Afrique de l’Ouest il y a tout juste un an.


Des exportations bloquées


La fermeture fin 2023 par le nouveau gouvernement de la frontière Niger-Bénin, «corridor logistique utilisé pour importer tous les biens ou les réactifs pour la mine», a en effet mits à l’arrêt les exportations de la Somaïr, filiale d’Orano détenue à 64% par le groupe français au côté de l’État nigérien.


Pour continuer à fonctionner, le groupe français a été contraint de vendre des stocks qui devaient financer la fin d’exploitation à l’horizon 2040 de ce site, dernière mine d’uranium exploitée par Orano au Niger après la fermeture de Cominak en 2021.


En février dernier, la Somaïr, située au nord de la ville d’Arlit, a pu redémarrer à vitesse réduite et depuis, quelque 450 tonnes de concentré d’uranium ont été produites, avait expliqué un porte-parole du groupe à L’Usine Nouvelle. Mais «la situation financière reste très délicate, car si la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cedeao] a levé ses sanctions, le Niger maintient ses frontières fermées, ce qui empêche toute commercialisation de sa production ».


En 2023, la Somaïr a produit environ 1100 tonnes de concentré minier d’uranium, représentant environ 16% de la production d’uranium d’Orano dans le monde, en forte baisse par rapport aux quelque 2000 tonnes d’une année normale.


Le 20 juin, le groupe minier, détenu à 90% par l’Etat français, avait par ailleurs annoncé s’être vu retirer son permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren par les autorités nigériennes. Un coup dur pour Orano, qui rappelle être engagé dans le pays depuis plus de 50 ans et avoir investi 306 millions d’euros sur le seul projet Imouraren depuis 2014. Malgré le coup d’État de juillet, Orano continuait de miser sur ce projet et restait en contact avec les autorités militaires au pouvoir à Niamey.


Des états de fait qui actent l’échec, jusqu’à présent, des discussions avec le nouveau gouvernement nigérien. Niamey a fait publiquement état de sa volonté de reprendre la main sur l’exploitation des matières premières du pays– et notamment dans l’uranium, dont le Niger est le septième producteur mondial. Une décision qui intervient dans un contexte de rapprochement entre l’équipe du général Abdourahamane Tiani et la Russie, et d’ingérences de Moscou – récemment rapportées par le journal Bloomberg – pour récupérer des actifs du groupe français au Niger.


Face à la situation nigérienne, Orano s’est toutefois voulu rassurant. « Le Niger c’est environ 4% de la production mondiale d’uranium. L’absence de production et d’exportation du Niger sur le marché mondial a été immédiatement compensé par la montée en cadence sur les mines canadiennes ou kazakhes donc ça n’a pas d’impact sur le marché mondial», a assuré Nicolas Maes.

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