En République démocratique du Congo, plus de 25 millions de personnes, soit un quart de la population, souffrent de malnutrition aigüe. Dans l’est du pays, plus de 77% des personnes déplacées qui retournent chez elles sont confrontées à de graves difficultés. En plus des violences persistantes, elles ont un accès limité aux terres agricoles et aux semences.
Ecoutez ci-contre l’interview avec Claude Kalinga, du Programme alimentaire mondial.
Etat des lieux par le Cluster Sécurité alimentaire
Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique n’avoir pu atteindre qu’un dixième des personnes qui ont besoin d’aide alimentaire d’urgence dans l’est de la RDC.
Près de 70% des stocks d’aide alimentaire ont été pillés à Goma et Bukavu. « Dans nos entrepôts à Goma, nous avions 13.000 tonnes [de nourriture] mais 9.000 tonnes ont été complètement pillées », raconte Claude Kalinga, du Programme alimentaire mondial, une organisation qui fait partie du Cluster Sécurité alimentaire. « Nous devons donc maintenant faire face aux besoins des personnes déplacées dans les différentes localités dans le Nord-Kivu. »
Des distributions ont repris vers Sake mais les violences qui ont continué ces dernières semaines compliquent encore davantage l’acheminement de cette aide aux personnes dans leurs localités d’origine.
« Nous avons besoin d’avoir plus de vivres, insiste Claude Kalinga. Et nous sollicitons les services douaniers pour que, lorsque ces vivres arrivent, elles puissent être acheminées le plus vite possibles aux personnes qui sont vraiment dans le besoin actuellement. »
Des personnes dépendantes de l’aide humanitaire
Les combats provoquent des mouvements « pendulaires » de populations. Les personnes « retournées » – c’est-à-dire qui ont décidé de rentrer chez elles après avoir fui un temps la violence figurent parmi les plus vulnérables. Claude Kalinga du PAM précise le problème :
« Ce sont des personnes qui hier étaient dans des camps de déplacés, que nous assistions. Et qui aujourd’hui sont revenues dans leur localité d’origine […] Ces personnes qui fuient les combats font des va-et-vient et ceux qui hier étaient déplacés sont aujourd’hui des personnes retournées dans leurs localités. Ils dépendent en grande partie de l’aide humanitaire. »
Plus des trois quarts de ces « retournés » n’ont pas accès aux terres agricoles. Parfois à cause des combats, et parfois – dans la moitié des cas – parce que leurs champs sont occupés par d’autres à leur retour. D’après des chiffres de l’Office de coordination humanitaire des Nations unies (Ocha), 10% des personnes trouvent aussi leurs maisons occupées. Ceci attise les « risques de conflits fonciers ou de tensions communautaires à court terme » car beaucoup de ces personnes n’entrevoient de débouchés que dans l’agriculture, ce qu’elles savent faire le mieux, et pas dans le commerce par exemple.
Pérenniser les moyens de subsistance
Les organisations humanitaires tentent de leur apporter de l’aide pour qu’elles retrouvent une autonomie et des moyens de subsistance.
« Pour cela, nous avons besoin de beaucoup plus de sécurité, car il faut nous déplacer dans différents coins car ces personnes sont originaires de différentes localités. Et donc nous aurons besoin de l’apport des autorités actuelles pour qu’elles nous aident à atteindre ces personnes qui sont dans un besoin alimentaire, nutritionnel et dans un besoin humanitaire des plus pressants. »
Elles (les organisations humanitaires?) tentent aussi de retisser des liens sociaux pour encourager la pacification des communautés.
Pas évident sur fonds de violences qui continuent et de coupes budgétaires importantes dans l’aide humanitaire internationale, notamment du côté américain.
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