Une soixantaine d’élèves d’écoles secondaires francophones sont venus présenter leurs projets scientifiques lors de la finale provinciale de l’Expo-Sciences à l’Université de Moncton, ce vendredi.
En solo ou en duo, ces jeunes chercheurs ont travaillé pendant des mois à monter des expériences ou des projets de vulgarisation scientifique.
En tout, c’est 35 projets que les 32 juges (des professeurs de l’Université de Moncton et des districts scolaires francophones) ont évalués. Cinq heureux élus iront à la finale pancanadienne d’Expo-Sciences en juin à Fredericton.
Pour gagner, il ne faut pas seulement un excellent projet, explique le vice-doyen de la Faculté des sciences, Pier Jr Morin: il faut aussi être capable d’en parler. «La qualité est définitivement là», confie-t-il, impressionné par la créativité des jeunes participants.
Selon lui, le domaine biomédical a la cote auprès des élèves, mais il note aussi un intérêt de plus en plus marqué pour l’intelligence artificielle et l’informatique.
«C’est excellent pour notre recrutement [de futurs étudiants], mais on a aussi beaucoup de nos étudiants actuels qui s’impliquent dans l’organisation de la journée. C’est vraiment une fête de la science», conclut-il
Les qualifiés pour la finale pancanadienne
Catégorie 10e à 12e année
Sana Beldjilali (De l’isolement à l’épanouissement: une étude expérimentale)
Alexia Tomasello (Projet CYAGRE pour déterminer la présence de cyanotoxines)
Catégorie 8e et 9e année
Mohamed Selouani (Détection des polluants éternels PFAS par robot mobile et capteurs)
Océane Arseneau et Alexandra Després-Roussel (Est-ce que cela en vaut la peine?)
[Exemples de projets présentés]
Des filtres à eau naturels pour désaliniser l’eau
«Dans certains pays on voit beaucoup de personnes consommer de l’eau sale, alors nous avons décidé de créer des filtres naturels pour qu’ils puissent obtenir de l’eau propre de manière simple», explique Mikelle Dzegang, 16 ans, de la polyvalente Roland-Pépin à Campbellton.

Avec Noémy Eva Kamga Tiani, 17 ans, elle a fabriqué deux filtres en utilisant du bambou et des plantes-araignées. Les racines de ces plantes, qui contiennent des micro-organismes capables d’aspirer les toxines de l’eau, ont été insérées entre des couches de sable et de gravier, un lit de coton étant placé en-dessous. «C’est aussi un projet de recyclage, car on met nos filtres dans des bouteilles de plastique qu’on a nettoyées», dit Noémy.
Les jeunes femmes ont cherché à filtrer de l’eau salée, simulant ainsi une tentative de désalinisation de l’eau de mer. Leur conclusion: le bambou donne de meilleurs résultats, avec un pH et une conductivité proche de ce qui est requis pour l’eau potable.
«On essaie d’améliorer nos filtres et on va tester d’autres plantes», assure Noémy qui entend faire un bac en sciences plus tard. «On sait que la jacinthe d’eau et le roseau commun sont aussi bons pour cela.»
Une palette de hockey sans revers
Martin Mathieu Roussel, 13 ans, de l’école L’Envolée à Shippagan, a un problème: il ne tire pas bien du revers au hockey. Aux grands maux, les grands remèdes: son ami Anthony Haché et lui ont décidé de fabriquer une palette de hockey… sans revers!

Les deux camarades de 8e année ont sculpté une pièce de bois pour lui donner une forme en zig-zag, puis ils l’ont collée sur un bâton de hockey cassé. Ils ont baptisé ce nouvel instrument le toe dragger, du nom d’une feinte au hockey.
Il fallait ensuite le tester. «On a demandé à mon père, qui n’a pas beaucoup joué au hockey dans sa vie, donc ça biaise moins les résultats», explique Anthony.
Verdict: au bout de 20 minutes de pratique, un débutant se débrouille mieux avec le toe dragger quand il s’agit de tirer du revers. En particulier, il est plus précis pour des tirs à 7,5 m qu’avec un bâton conventionnel.
Les deux amis ne s’attendent toutefois pas à voir leur invention entre les mains de Connor McDavid. Selon Anthony, «la LNH met des restrictions sur les palettes qu’on peut avoir, donc il faudrait demander à changer les règles». Peu importe, les deux amis ont «eu du fun» à créer cet objet.
Gribouiller pour performer?
Dans sa classe de 12e année de l’école Sainte-Anne de Fredericton, Anye Cheng a remarqué que beaucoup de ses camarades gribouillaient sur une feuille pendant les cours, mais avaient de bons résultats. «Est-ce que c’est leur petit secret pour avoir de meilleures notes?», s’est-elle demandée.

Elle a mené une expérience pour voir si cette habitude améliorait la concentration, et donc la rétention d’information. Deux groupes de quatre personnes (un qui gribouillait, l’autre qui ne le faisait pas) devaient retenir une liste de 20 mots pendant deux minutes. Par la suite, il leur fallait restituer le plus de mots possible.
Répétée trois fois, l’expérience a montré que les gribouilleurs réussissaient moins bien. «Certains gribouilleurs ont même inventé des mots qui n’étaient pas dans la liste», relate Anye.
L’étudiante a ensuite voulu savoir si des scientifiques s’étaient penchés sur le sujet. Elle a trouvé une étude, dont les résultats contredisaient son expérience.
Cela lui a permis d’identifier des failles dans sa procédure: elle devrait élargir son échantillon, rallonger la durée de l’expérimentation, lire les mots plutôt que les écrire… et ne pas forcer des non-gribouilleurs à gribouiller!
Des apprentissages qui seront précieux pour Anye, qui aimerait peut-être étudier en psychologie bientôt.
Crédit: Lien source