Les villes frontalières réclament du soutien face à la guerre tarifaire

Des maires de villes frontalières demandent aux gouvernements fédéral et provincial d’adopter des mesures pour contrer les effets de la guerre tarifaire entre les États-Unis et le Canada.

Lors d’une conférence de presse organisée, la semaine dernière par l’Alliance des maires frontaliers et l’Association frontière hors taxes, le maire de Sarnia, Mike Bradley, a sommé le gouvernement du Canada de soutenir les communautés à la frontière. Il estime qu’elles seront parmi les plus fortement touchées par la guerre commerciale entre les deux pays.

«On ressent la douleur et nous sommes sur la première ligne. Telle est la réalité d’une ville frontalière (…) Nous ne voulons pas être laissés pour compte.»

Au Nouveau-Brunswick, plusieurs communautés partagent une frontière commune avec les États-Unis. Au Nord-Ouest, il existe trois points d’entrée, soit à Edmundston, Clair et Saint-Léonard.

Le directeur général de la Ville d’Edmundston, Marc Michaud, reconnaît que la situation de ces communautés est différente des régions qui sont un peu éloignées de la frontière canado-américaine.

«Il y a certaines choses chez nous que d’autres communautés ne vivront pas. Nous avons de l’achalandage transfrontalier tous les jours. On sait qu’il y a beaucoup de gens de la région qui vont du côté américain pour aller chercher de l’essence, mais on ne réalise pas qu’il y a beaucoup de gens du côté du Maine qui fréquentent nos épiceries, nos restaurants ou nos installations sportives. On a des gens du Maine qui travaillent à Edmundston.»

«Nos économies sont beaucoup plus intégrées.»

Selon M. Michaud, le climat malsain qui règne en raison de l’imposition de tarifs menace les déplacements entre les communautés frontalières.

Pour appuyer ses propos, il a fait allusion aux quelque 6000 voyageurs de moins qui ont traversé l’un des trois postes frontaliers du Nord-Ouest en février 2025, par rapport au même moment l’an dernier.

«Ce sont probablement des gens qui venaient faire leurs emplettes ici. Nos commerces “walk-in” vont être affectés. Je ne crois pas que l’on va voir ce genre d’effets là à Moncton, Fredericton ou à Saint-Jean.»

Si la situation actuelle mène à des pertes d’emplois, Marc Michaud craint que cela apporte un fardeau supplémentaire sur les organismes communautaires comme les banques alimentaires.

«Comme ville frontalière, on s’attend à vivre les contrecoups plus directement que d’autres villes.»

Le cas des grandes entreprises qui pourraient être visées par des tarifs fait aussi craindre le pire selon M. Michaud qui cite l’exemple de la papetière Twin Rivers qui possède deux usines des deux côtés du fleuve Saint-Jean.

«C’est une industrie qui est à cheval sur la frontière et qui est une pierre angulaire de notre économie depuis plus de 100 ans.»

Le maire d’Edmundston, Éric Marquis, a confirmé que des rencontres ont également eu lieu depuis environ une semaine par l’entremise de l’Union des municipalités du Nouveau-Brunswick et de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick.

M. Marquis ajoute qu’Edmundston a demandé à ces entités de travailler en collaboration avec les gouvernements provincial et fédéral afin de développer des programmes ayant comme objectif d’aider les entreprises et les organismes locaux qui pourraient être affectés par des tarifs imposés par les États-Unis.

Le maire d’Edmundston a aussi mentionné qu’une rencontre avec la première ministre Susan Holt aura lieu lundi afin de dresser une mise à jour de la situation tarifaire.

À Haut-Madawaska et Vallée-des-Rivières, les deux autres municipalités frontalières au Nord-Ouest, on craint davantage les impacts sur les grandes entreprises locales que sur les plus petits commerçants, et ce, malgré la diminution des traversées à la frontière.

La maire de Vallée-des-Rivières, Lise Roussel, s’est dite plus inquiète des effets des tarifs sur de gros employeurs comme la scierie J.D. Irving de Saint-Léonard.

Bien qu’elle estime que la diminution de l’achalandage entre les communautés de Saint-Léonard et de Van Buren a été marginale, elle dit suivre de près les mises à jour du gouvernement du Nouveau-Brunswick par rapport à la question des tarifs.

«Du côté municipal, on n’a pas de différences, mais on travaille avec la province et c’est sûr que l’on souhaite être averti s’il y a des risques que l’on soit affecté.»

À Haut-Madawaska, le maire Jean-Pierre Ouellet dit avoir remarqué une diminution des déplacements à la frontière entre son secteur de Clair et la ville de Fort-Kent, au Maine.

Il croit que l’impact sur les commerces, bien qu’il soit tangible, demeure somme toute mineur, si on le compare à l’industrie forestière qui compte d’importantes entreprises comme J.D. Irving ou Waska dans le Haut-Madawaska.

Même s’il juge que les villes frontalières pourraient être les plus touchées, M. Ouellet croit que l’impact pourrait être différent selon la communauté.

«Il y a des municipalités en Ontario qui dépendent de l’industrie automobile avec les États-Unis. Plus près de nous, il y a Twin Rivers qui a des usines à Edmundston et à Madawaska, Maine. Une aide gouvernementale serait importante, car il y aura sûrement des communautés frontalières qui seront plus touchées que d’autres.»

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.