C’est la réplique presque automatique des eurosceptiques devant un projet s’affichant « financé par l’UE » : « Mais avec l’argent des Français ! Cela aurait coûté moins cher à la France d’investir elle-même, sans passer les fonds par Bruxelles », insistent-ils régulièrement.
Deuxième plus gros payeur derrière l’Allemagne, la France est en effet « contributrice nette » au budget de l’UE, c’est-à-dire qu’elle paie plus qu’elle ne reçoit. Le budget européen est établi pour des périodes de sept ans. Et si l’on fait un bilan, les 66 milliards d’euros reçus au titre de la PAC pour 2021-2027, les 16,8 milliards de la politique de cohésion sur la même période, ou les 39,4 milliards du plan de relance sont ainsi loin de couvrir ce que la France verse à l’UE (27,2 milliards de contribution sur la seule année 2023).
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Le solde pour l’exercice 2021-2027 n’est pas encore connu. Mais les chiffres du précédent budget (de 2014 à 2020) sont clairs : pour 140 milliards d’euros versés au budget de l’UE sur l’ensemble de la période, la France en aura reçu 96 milliards, soit un solde négatif de 44,6 milliards (6,4 milliards par an). Ce chiffre est toutefois à mettre en rapport avec la population : le « coût » de l’UE par Français est ainsi de 95 € par habitant et par an. À cette aune, un Français contribue donc moins qu’un Suédois (161 €) ou un Allemand (158 €).
Les bénéfices du marché unique
« Les soldes budgétaires opérationnels nationaux ne prennent pas en considération tous les avantages économiques et non monétaires que les États membres tirent de leur appartenance à l’Union européenne »,notait d’ailleurs le Parlement européen en 2020, rappelant que « les économies des États membres tirent avantage de leur appartenance à l’Union », bien au-delà de ce que chacun verse à Bruxelles. Le premier avantage est d’abord l’accès à un marché unique de 23 millions d’entreprises et 450 millions d’habitants, soit l’un des plus attractifs au monde.
Celui-ci s’est considérablement développé grâce à la suppression des barrières douanières, à l’adoption de normes communes et à la régulation de la concurrence. Différentes études estiment qu’il aurait contribué à une augmentation de 50 % du commerce de services et 100 % du commerce de biens entre les États membres. « Le PIB de l’Union serait inférieur de 8,7 % sans l’intégration du marché unique », estime le Parlement européen.
L’absence du marché unique représenterait une chute du PIB français de 7,1 %
La France, dont 52 % des exportations de biens se font avec le reste de l’UE, profite largement de cet avantage. « Il ne faut pas oublier que nos exportations représentent 20 % des emplois : le marché unique est donc vital pour nos entreprises », insiste Fabrice Le Saché, vice-président du Medef chargé de l’Europe, qui met aussi en avant le poids de l’Union dans la négociation des traités de commerce internationaux : « Négocier en ayant 450 millions d’habitants à fort pouvoir d’achat est un avantage à ne pas négliger. » Le cas du Brexit montre d’ailleurs les effets de la sortie du marché unique sur une grande économie.
Selon le National Institute of Economic and Social Research, trois ans après le Brexit, le coût de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, se chiffrait déjà, trois ans après, entre 2 % et 3 % du PIB britannique, soit une perte de revenu par habitant de 850 livres (988 €). Des chiffres qui pourraient monter entre 5 % et 6 % du PIB et 2 300 livres (2 674 €) en 2035… L’absence du marché unique représenterait une chute du PIB français de 7,1 %, selon la Commission européenne, alors qu’il rapporterait chaque année environ 120 milliards d’euros à la France, soit cinq fois sa contribution annuelle au budget de l’UE. À l’inverse, estime la Fondation Bertelsmann, le marché unique permettrait d’améliorer le revenu annuel français par tête de 1 074 €.
Les bienfaits de l’euro
Dans sa dernière lettre au président de la République, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soulignait aussi les bénéfices de la mise en place de l’euro pour les Français. Grâce à une inflation mieux maîtrisée (2,1 % par an au cours des années 1999-2023 contre 4,9 % pour 1980-1988) et plus faible en France que dans le reste de la zone euro, la monnaie unique leur aura permis des gains de pouvoir d’achat plus importants (26 % en France depuis l’introduction de la monnaie unique contre 17 % dans la zone euro).
Cette croissance de pouvoir d’achat a été portée par des salaires plus dynamiques mais a été aussi « poussée par les transferts sociaux – et donc les déficits publics », relevait François Villeroy de Galhau. Mais, ici encore, la France a bénéficié de son appartenance à la monnaie unique qui aura permis « une baisse particulièrement marquée du coût des emprunts pour les ménages et les entreprises comme pour l’État ».
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