L’Expression: Internationale – Le Sénégal prolonge la voie de la décolonisation

Les déclarations du président Faye se situent au même niveau que celles exprimées par l’Alliance des États du Sahel (AES). Cela montre que les pratiques hégémoniques de l’ancienne puissance coloniale sont bel et bien bannies dans les rapports avec ces pays.

Depuis l’arrivée du président Diomaye Faye au pouvoir, le Sénégal a opté pour une nouvelle politique extérieure. Il s’agit d’une rupture avec l’ancienne approche qui faisait de la francophonie et du Franc CFA des instruments qui affichent une espèce de dépendance à l’ancienne puissance coloniale. La décision de débaptiser le boulevard du général De-Gaulle, devenu boulevard Mamadou-Dia, considéré chez les Sénégalais comme étant le père de l’indépendance de Sénégal, comme un signe criard d’une nouvelle ère qui s’ouvre pour le Sénégal en dehors de la mainmise qui se faisait sentir depuis plusieurs décennies par la France sur les institutions de l’État sénégalais. Le nouveau staff au pouvoir est venu avec l’idée de couper le lien ombilical qui attachait le Sénégal à l’ancienne puissance coloniale française. C’est là un autre coup que vient de subir la France en Afrique. Les nouveaux responsables sénégalais considèrent que le pays est en train d’entamer une nouvelle étape dont la caractéristique passe par l’option de la décolonisation, comme aiment à le déclarer les responsables. Les Sénégalais ont tranché la question de la débaptisation, en indiquant qu’«il est beaucoup plus intéressant de rebaptiser les avenues au nom de Sénégalais qui ont marqué l’Histoire du pays plutôt que de donner les noms des gens que les Sénégalais ne connaissent pas». Le nouveau gouvernement au pouvoir n’a pas hésité à rappeler que le Sénégal veut restituer sa souveraineté et avoir droit à concevoir la politique qui serait conforme à ses intérêts en tant qu’État libre et indépendant. C’est dire que le nouveau pouvoir ne cache pas ses projets qui visent à mettre un terme à la politique de dépendance aux desiderata de l’ancienne puissance coloniale. Le président Bassirou Diomaye Faye a rappelé son engagement à «redresser de façon transparente les finances publiques», en exhortant «l’ensemble des Sénégalais à s’y engager avec lui», affirment les médias locaux. Lors d’un discours à la nation, Bassirou Diomaye Faye a déclaré : «L’état des finances publiques de notre pays nous impose de compter d’abord sur nous-mêmes pour redresser la situation… nous en sommes capables… J’appelle donc chacune et chacun à faire preuve de résilience, de solidarité active.» Cette nouvelle approche politique qui coupe court avec l’ancienne démarche se fait vérifier aussi à travers la nouvelle conception adoptée par le nouveau gouvernement au niveau du Sahel où il rejoint d’emblée les positions de trois pays qui ont créé l’Alliance sahélienne, à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso. À ce propos, le président Bassirou Diomaye Faye a souligné qu’«il arrive qu’à un certain moment de son histoire, un pays décide de réorienter sa trajectoire. Et c’est ce qui s’est passé (concernant) la présence militaire française dans le pays». Pour appuyer la position des trois pays du Sahel qui ont annoncé leur rupture avec la Cedeao, Faye a indiqué que «le Mali, le Burkina et le Niger, qui ont quitté la Cedeao, sont libres de leurs choix», mentionnant aussi : «J’ai plaidé pour que les gens se retrouvent autour d’une table et discutent pour préserver les chances de maintien d’une organisation sous-régionale forte. J’estime qu’en faisant cela j’ai accompli mon devoir. (…) Mais il reste que ces pays-là comme d’autres sont souverains. Ils sont libres de leurs choix et ce sont eux qui décident de ce qu’ils veulent faire et là où ils veulent aller.» Les déclarations du président Faye se situent au même niveau que celles exprimées par l’Alliance des pays du Sahel. C’est une manière de montrer que les pratiques hégémoniques de l’ancienne puissance coloniale sont bel et bien bannies dans les rapports entre les pays. Le président sénégalais entérine et respecte les positions des trois pays du Sahel dont la décision de ne pas rejoindre la Cedeao fait partie de leur droit souverain à adopter les positions qui reflètent et expriment leurs intérêts nationaux propres. Le Sénégal compte, lui aussi, réviser sa conception de la politique extérieure en hissant la carte de la souveraineté et le libre choix des voies à suivre sur le plan politique, économique et financier qui arrangeront les intérêts du Sénégal souverain et indépendant.

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