l’extrême droite reste dangereuse et irresponsable

Sénatrice depuis 2014, Dominique Estrosi Sassone fait du logement l’un de ses grands combats politiques. Dans Nice-Presse Dimanche, l’élue LR évoque sans détour les défis de l’habitat sur la Côte d’Azur, la ruralité, mais aussi les fractures de sa famille politique.

Malgré un ciel grisâtre, Dominique Estrosi Sassone a le sourire au moment de prendre la pose dans les rues de Nice, après une heure d’entretien. « Je n’aime pas trop les photos », lance cette élue connue pour sa discrétion… et son caractère. Et il en faut, puisque que le territoire ne manque pas de défis. Tous abordés avec une douce détermination. Entretien.

Vous êtes sénatrice des Alpes-Maritimes depuis un peu plus de 10 ans. Quel est le combat que vous avez mené et dont vous êtes la plus fière ?

Le logement, sans hésiter. C’est le fil conducteur de mon engagement. Je suis identifiée au Sénat comme une spécialiste du sujet, et je porte ce combat à la fois localement et au national. J’essaie de faire remonter les contraintes réelles de notre territoire au plus haut niveau de l’État.

Quels sont les sujets les plus brûlants dans cette thématique ?

Le principal enjeu, c’est de permettre au plus grand nombre d’accéder à un logement abordable. Pas en imposant des objectifs rigides depuis Paris, mais en adaptant la loi aux réalités locales. La loi SRU ne doit pas disparaître. Elle a fait bouger les lignes, mais elle doit évoluer. On ne peut pas appliquer les mêmes objectifs à Mandelieu, en zone rouge, qu’à une commune de plaine. Ce sont les maires qui doivent pouvoir décider, en toute responsabilité. Il faut arrêter les injonctions contradictoires : construire plus sans artificialiser les sols, c’est intenable. Résultat, les maires sont découragés !

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[© Romain Boisaubert / Nice-Presse]

La tension locative à Nice est terrible. Quelles solutions ?

Nice concentre toutes les difficultés : forte demande, peu d’offre, et un marché tiré vers le haut. Toute la chaîne du logement est grippée. Aujourd’hui, quand on entre dans le logement social, on y reste par défaut, faute de pouvoir en sortir. Ce blocage empêche la rotation et freine l’accès à ceux qui en auraient vraiment besoin. Il faut redonner de la fluidité au parcours résidentiel.

Faut-il donc en finir avec le logement social à vie ?

Je ne suis pas favorable à cette idée. Le logement social n’est jamais vraiment « à vie ». Mais quand 70 % de la population est éligible dans les Alpes-Maritimes, cela montre bien l’ampleur des besoins. Il doit rester une étape dans un parcours, pas une destination. Il faut travailler sur les conditions de sortie.

Il persiste une mauvaise image des logements sociaux. Pourquoi ?

On confond trop souvent les problèmes de sécurité ou d’incivilités avec la nature-même du logement social. La majorité des locataires se comportent parfaitement. Mais il suffit d’une famille problématique pour faire basculer tout un immeuble. Ce sont des enjeux de sécurité, pas de logement. Et cela concerne aussi le parc privé.

Grâce notamment à Côte d’Azur Habitat, dont vous avez été la présidente, les expulsions se sont multipliées. Faut-il une loi nationale ?

Pas besoin de légiférer à tout-va. La règle est claire : un locataire délinquant doit pouvoir être expulsé. C’est une question de justice envers les autres. Ce que fait Côte d’Azur Habitat est un exemple à suivre.

Un autre sujet qui vous mobilise ?

La ruralité. Notre département est très contrasté : un littoral hyper-urbanisé, mais aussi un arrière-pays rural qui mérite toute notre attention. Il faut y maintenir les services publics, soutenir l’agriculture, les soins de proximité. Aujourd’hui, trop de gens se retrouvent isolés faute de médecin ou d’infrastructures. C’est une priorité.

Pourquoi vous êtes-vous opposée à la réforme du scrutin dans les communes de moins de 1000 habitants ?

Parce qu’elle casse un équilibre. Le scrutin actuel permet une vraie liberté : listes incomplètes, possibilité de panacher, de rayer des noms. C’est un gage de pluralisme. Et on ne change pas les règles du jeu à moins d’un an des municipales.

Quant à la parité obligatoire, c’est une bonne chose, mais elle ne doit pas être un frein. Il y a des maires qui peinent à constituer une liste simplement parce qu’ils n’ont pas assez de femmes ou d’hommes. Il faut du pragmatisme, pas du dogmatisme.

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[© Sénat/Paul Leraitre]

La droite traditionnelle, où en est-elle dans le département ? Quelles sont les différences avec l’extrême droite ?

Elles sont profondes. Je n’ai jamais considéré qu’il y avait une porosité entre la droite républicaine et le Rassemblement national de Marine Le Pen. Ce parti n’est pas en dehors de l’arc républicain, mais je ne partage ni sa vision, ni ses solutions. Sur le régalien, c’est souvent un discours de façade : facile à tenir, impossible à appliquer.

L’économie ? Leur programme est dangereux : pas libéral, pas soutenable, irresponsable. J’ai toujours été opposée au FN, je le suis au RN, et je ne crois pas aux alliances. Ce que j’ai reproché à Éric Ciotti, c’est d’avoir entraîné tout un parti dans un choix solitaire, sans concertation. La plupart des LR n’a d’ailleurs pas du tout suivi.

La Métropole niçoise apparaît fracturée, avec des conflits ouverts entre l’exécutif et des maires des vallées, celui de Cap d’Ail ou de Villefranche. Comment vous placez-vous ?

Je suis solidaire de la majorité. Je ne fais pas partie des maires ou des élus qui se sont désolidarisés. Il y a du dialogue au sein de la Métropole. Chacun peut s’exprimer, voter pour ou contre. Rien n’est figé. Et la plupart de ceux qui critiquent ont approuvé les budgets !

Serez-vous impliquée lors des prochaines municipales ? Et toujours sur la liste de Christian Estrosi ?

Je n’ai pas encore été sollicitée, mais si c’est le cas, je m’engagerai. C’est ma ville, mon ancrage. Même si je ne peux plus exercer de mandat exécutif à cause du non-cumul, je tiens à conserver un lien local.

Votre popularité est forte à Nice. Et si vous vous présentiez vous-même un jour ?

Moi ? Non, je n’y ai jamais pensé (sourire). Mon engagement, c’est pour ma ville, bien sûr, mais aussi pour l’ensemble du département. Je suis là pour représenter, pas pour me projeter dans une candidature.

Êtes-vous en phase avec la politique menée par Christian Estrosi ?

On ne peut jamais être d’accord sur tout, mais dans l’ensemble, la politique qu’il mène est bonne pour la ville. Il a su transformer Nice, la rendre plus belle, plus accessible, plus moderne. Beaucoup de gens qui reviennent à Nice après des années me disent combien la ville a changé, et en bien ! Sur les transports, les aménagements, la dynamique de transformation, on ne peut que le reconnaître…

La question cash – Que répondez-vous à ceux qui estiment que le Sénat ne sert à rien ?
On l’entend de moins en moins. Le Sénat est devenu un pôle de stabilité. Face à une Assemblée souvent fracturée, parfois brouillonne, les Français perçoivent notre travail de fond, nos rapports sérieux, nos commissions d’enquête. Le Sénat a changé : fini le cliché d’une assemblée de notables en fin de carrière. Aujourd’hui, il rassure !

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