Située à quelques encablures de Dakar, l’île de Gorée, d’environ 3 kilomètres de circonférence, est “menacée par la forte spéculation foncière, par l’érosion côtière et par la mauvaise restauration”, résume un architecte dans les colonnes du quotidien Le Soleil. Une dégradation persistante, malgré les promesses des gouvernements successifs et l’inscription de ce territoire sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1978.
Gorée est un concentré d’histoire. Les Portugais y établirent dès le XVIe siècle un comptoir de commerce des esclaves, mais aussi de l’ivoire et de l’or. Les Hollandais y construisirent un fort en 1621. Les Anglais et les Français y débarquèrent à leur tour, et ces derniers prirent le contrôle d’une partie de la traite négrière dans la région. Gorée est depuis devenue un lieu de mémoire de la présence de l’administration coloniale.
Le Soleil narre l’histoire du palais du gouverneur de l’Afrique occidentale française (AOF), dont la construction fut achevée en 1864. “Le bâtiment fut d’abord la résidence du chef de la division navale des côtes d’Afrique, lequel avait pour mission de réprimer la traite négrière clandestine, avant d’héberger le gouverneur Ernest Roume en 1902.” Il est ensuite “endommagé par un bombardement lors de la bataille de Dakar en septembre 1940”, avant de devenir “un centre de repos pour la marine française puis un hôtel-restaurant nommé ‘Le Relais de l’espadon’ jusqu’à la fin des années 1970”.
À l’instar de l’ancienne école normale William-Ponty, de l’ex-hôpital militaire, de la mosquée et de nombreux autres édifices, ce lieu historique ne cesse de se détériorer. Seule la Maison des esclaves, très visitée, notamment par des touristes africains-américains, a été rénovée.
Une mission de l’Unesco a évoqué dans un rapport publié en 2023 “un danger imminent pour [les occupants des bâtiments] ainsi que pour les touristes visitant l’île de Gorée”, préconisant “une intervention immédiate afin de garantir la sécurité de tous”.
Le 17 janvier, le secrétaire d’État à la Culture, Bakary Sarr, s’est rendu à Gorée sur instruction du président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, en vue de “déterminer les actions nécessaires à leur conservation”.
Crédit: Lien source