C’est un tournant historique, important et parfaitement assumé qu’accomplissent ces heures-ci Emmanuel Macron et le gouvernement sur l’indemnisation du chômage en France : le durcissement qui vient d’être décidé sur les conditions d’ouverture des droits supprime l’avantage relatif qu’offrait le système français par rapport aux autres pays, et il le rend même dans certains cas moins avantageux.
Soyons concret pour mesurer le chemin parcouru. Jusqu’en 2019, il fallait avoir travaillé 4 mois au cours des 28 derniers mois (et même 3 ans pour les plus de 53 ans) pour s’ouvrir un droit à l’indemnisation. En 2019, premier resserrement : il faut avoir été salarié 6 mois dans les 24 derniers mois (la situation des plus âgés reste inchangée). Ce dont on a eu confirmation ce mercredi, c’est que ces curseurs passeraient respectivement à 8 mois dans les 20 derniers mois.
Les comparaisons internationales sont délicates parce que les systèmes varient d’un pays à l’autre. Mais il n’y a longtemps eu aucun doute que la France était plus généreuse que les autres. Sur à peu près tous les curseurs, à l’exception notable de la Belgique. Ce n’est plus le cas. En Allemagne, il est nécessaire d’avoir travaillé 12 mois au cours des 30 derniers mois. En Italie, trois mois au cours des 48 derniers mois.
Le tout pour le tout
Ce durcissement satisfera tous ceux qui, légitimement, sont ulcérés par cette « préférence française pour le chômage », une formule inventée par la Fondation Saint-Simon en 1993 et qui estiment qu’il y a un lien entre un taux plus élevé qu’ailleurs du chômage et le niveau d’indemnisation. La situation hexagonale est de fait incontestablement atypique : tous les pays à nos frontières affichent une situation meilleure sur ce front du chômage.
Emmanuel Macron est le premier président à tenter le tout pour le tout en vérifiant si ce lien est avéré – alors que par ailleurs les difficultés de recrutement des entreprises sont avérées. Ce qui est avéré, c’est que si toute l’Europe a enregistré un recul de son chômage, la France, cette fois, n’est pas restée à part. La croissance s’est enrichie en emplois, disent les économistes – avec une baisse de la productivité en contrepartie.
Mais l’autre contrepartie à cette mise sous tension du marché de l’emploi et à cette pression qui augmente sur les chômeurs, c’est l’essor des petits boulots et des emplois plus précaires – comme ailleurs. C’est une question éternelle sur ce sujet : vaut-il mieux plus de chômage ou des emplois de moindre qualité qui débouchent néanmoins un jour ou l’autre sur des emplois stables – ce que l’on constate en Allemagne par exemple ?
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