Cet appel intervient sur fond de détérioration alarmante de la situation humanitaire. Sur le terrain, les groupes armés continuent d’exacerber la violence, provoquant des déplacements massifs et mettant à rude épreuve un contexte déjà fragile.
« Au début du mois, un massacre de 42 personnes a eu lieu dans le territoire de Lubero et, ces derniers jours, la ville de Kanyabayonga, stratégiquement située, aurait été prise », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Fabien Sambussy, Chef de mission de l’OIM en RDC.
La proximité des lignes de front et la présence d’armes dans et autour des sites de déplacement compromettent considérablement la sécurité des populations déplacées. Rien qu’en 2024, seize incidents survenus dans des sites de personnes déplacées ont fait au moins 37 morts et plus de 50 blessés.
1,77 million de personnes déplacées par les attaques du M23
Cette crise s’étend au-delà du Nord-Kivu. Plus de 77.000 personnes ont fui vers le Sud-Kivu et, depuis avril 2024, les conflits dans le territoire de Fizi ont déplacé près de 30.000 personnes. La situation sécuritaire dans la province d’Ituri reste volatile et imprévisible, avec des violations continues contre les civils.
« Dans le seul Nord-Kivu, à la fin du mois de mai, 1,77 million de personnes avaient été déplacées par les attaques du groupe rebelle M23. Il s’agit d’une augmentation stupéfiante de 16 % par rapport au rapport précédent », a ajouté M. Sambussy.
En octobre 2023, l’ONU estimait que 6,9 millions de personnes étaient déplacées en RDC, « un chiffre qui devrait augmenter avec les prochains rapports ».
En outre, les catastrophes ont aggravé la crise humanitaire. La montée des eaux du lac Tanganyika, les fortes pluies et les rivières en crue ont provoqué des inondations et des glissements de terrain, en particulier dans le Sud-Kivu et le Tanganyika, provoquant le déplacement de plus de 50.000 personnes au cours du seul mois de mai.
La RDC est l’une des crises les plus oubliées au monde
Face à ces importants mouvements de population, les personnes déplacées dans les familles d’accueil et sur les sites sont confrontées au surpeuplement, à des problèmes de protection et à une assistance limitée. L’accès aux ressources essentielles telles que la nourriture, les abris et les soins de santé reste critique.
Malgré les défis importants, les organisations humanitaires restent déterminées à fournir une aide vitale. Cependant, la réponse actuelle est insuffisante pour répondre aux besoins écrasants.
De plus, le Plan de réponse humanitaire de l’ONU de 2,6 milliards de dollars n’est financé qu’à hauteur de 26 %.
« La RDC est considérée comme l’une des crises les plus oubliées au monde en raison de sa faible visibilité et de l’inaction mondiale à laquelle elle est confrontée. Sans une augmentation des capacités et des ressources humanitaires, la situation catastrophique de la RDC continuera à s’aggraver », a fait valoir M. Sambussy, relevant que la Directrice générale de l’OIM, Amy Pope, nommée porte-parole du Comité permanent interorganisations sur la RDC, continuera à défendre le soutien aux populations vulnérables dans ce pays de la région des Grands lacs.
Deux travailleurs humanitaires tués à Butembo au Nord-Kivu
Par ailleurs, le Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis, a condamné fermement l’attaque contre un convoi humanitaire le dimanche 30 juin dans la ville de Butembo, au Nord-Kivu, qui a conduit à la mort tragique de deux travailleurs humanitaires.
Cette attaque s’inscrit dans un contexte d’escalade de violence extrêmement préoccupant dans la province du Nord-Kivu, mettant en péril le travail et la vie des travailleurs humanitaires. Depuis le début de l’année, plus de 170 incidents sécuritaires ont directement ciblé les travailleurs humanitaires, causant au moins quatre morts et 20 blessés. Plus d’une dizaine de travailleurs humanitaires ont également été enlevés au premier semestre 2024.
« À un moment où les besoins humanitaires sont immenses, il est inacceptable que ceux qui s’efforcent d’aider les personnes affectées soient attaqués et tués », a déclaré Bruno Lemarquis. « Ces attaques contre les travailleurs et les biens humanitaires sont absolument répréhensibles. Elles menacent la vie de nos équipes et privent de nombreux civils congolais dans le besoin de l’aide vitale dont ils ont désespérément besoin pour survivre. Cela doit cesser ».
Depuis le 27 juin, une escalade de violence dans le territoire de Lubero continue d’entraîner des déplacements de populations, créant d’importants besoins humanitaires additionnels. La province du Nord-Kivu abrite au total 2,8 millions de personnes, dont environ 518.000 qui étaient déjà déplacées dans le territoire de Lubero suite à la reprise des combats dans les territoires de Rutshuru et Masisi en mars 2024.
Le Coordonnateur humanitaire appelle toutes les parties au conflit à garantir la libre circulation et la sécurité des travailleurs humanitaires.
« Il est temps que tous les acteurs impliqués, ainsi que ceux qui ont une influence sur les parties au conflit, travaillent ensemble pour une désescalade immédiate des violences et un retour à un dialogue politique afin de trouver une solution durable au conflit. Il est également important d’augmenter les efforts en vue de promouvoir des solutions durables pour les personnes déplacées dans les zones où les conditions sont réunies », a conclu M. Lemarquis.
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