Lutte contre le cancer : « La France compte deux fois moins d’oncologues que la moyenne européenne » constate la Ligue contre le cancer

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Pourquoi tant de Français meurent-ils du cancer ? L’Organisation Européenne du cancer pointe du doigt la prévention lacunaire et la pénurie d’oncologues. La Ligue contre le cancer réagit.

Selon le communiqué de l’Organisation européenne du cancer (ECO) datant de 2024, la France accuse un retard préoccupant en matière de prévention contre le cancer et d’accès aux soins médicaux. Le point avec Catherine Simonin, présidente de la commission Société et politique de la santé, administratrice nationale de la Lingue contre le cancer et membre du bureau de France Assos Santé.

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La prévention autour du tabac, premier levier dans la lutte contre le cancer ? C’est la position défendue par l’ECO, qui décrète la France deuxième pays consommateur en Europe. Or cette substance est le premier facteur de risque de cancers évitables selon Catherine Simonin, administratrice nationale de la Lingue contre le cancer, « le deuxième étant l’alcool, qui s’ajoute au risque de cancer génétique lorsque celui-ci est présent. » En réaction, l’ECO veut frapper fort : adoption d’un âge minimum de 21 ans pour la vente de tabac, taxation des nouveaux produits à base de nicotine…

Le vaccin contre le papillomavirus concerne autant les hommes

Autre levier en matière de prévention, la vaccination. « Citons d’abord le vaccin contre l’hépatite B, qui peut causer un cancer du foie », pointe Catherine Simonin. Deuxième cheval de bataille : le papillomavirus (VPH). « Cette maladie sexuellement transmissible (MST) cause des lésions cancéreuses chez l’homme (avec un risque de cancer du pénis et de l’anus) et la femme, qui peut développer le cancer du col de l’utérus. » Actuellement, l’ECO recense un taux de vaccination de 42 % contre cette MST chez les jeunes filles. Nulle mention n’est faite des garçons, chez qui la vaccination contre le VPH est pourtant préconisée depuis 2021 par le gouvernement. « Ce double standard est une ineptie !, remarque Catherine Simonin. « Une maladie sexuellement transmissible comme le papillomavirus concerne autant les femmes que les hommes, les rapports hétérosexuels qu’homosexuels. » Une donnée à prendre en compte lorsque l’on sait que 6 600 cancers par an sont imputés au papillomavirus.

Déserts médicaux et précarité médicale

Outre la prévention et la vaccination, l’accès aux soins constitue un troisième levier en matière de lutte contre le cancer. « Actuellement, 11 % à 13 % de patients n’ont pas de médecins généralistes, analyse Catherine Simonin. Or ce sont eux qui organisent l’accès au dépistage. Résultat, les délais de mise en branle du parcours de soins après le diagnostic d’un cancer sont en moyenne de 11 semaines et demie alors que l’Institut national du cancer recommande de ne pas dépasser 6 semaines. » La France compte également deux fois moins d’oncologues que la moyenne européenne selon le dernier rapport de l’ECO. Moins mobiles, plus isolées, les personnes âgées et celles vivant en zones rurales sont les moins bien loties en matière d’accès aux soins selon un rapport Sénat datant de 2022. Le taux de survie à 5 ans des hommes et femmes atteints par un cancer et issus des zones les plus défavorisées est ainsi inférieur de 6,4 points et 5,5 points par rapport aux zones plus favorisées.

Afin d’améliorer l’accès aux parcours de soins et le taux de survie au cours des 5 années suivant le déclenchement de la maladie, la Ligue contre le cancer plaide pour l’instauration d’un registre national – et anonyme – des cancers. Voté en juin 2023 par le Sénat, le projet est resté lettre morte. « Pour lutter contre le cancer, nous avons besoin de données robustes ! » revendique Catherine Simonin.

À noter que si la prévention demeure lacunaire en France en matière de cancer, le taux de survie à 5 ans y est supérieur à la moyenne Européenne selon l’ECO. Un soupçon d’espoir face à ce qui s’annonce comme un vaste chantier sanitaire.

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