Lutte contre le trafic de drogues en Guyane : Lancement d’une campagne de sensibilisation à destination des « mules »

Les vidéos, au nombre d’une quinzaine, présentent des témoignages anonymes d’anciennes mules ainsi que les interventions de professionnels du secteur judiciaire et social. L’objectif est d’informer sur les risques encourus et les conséquences de ce type d’activité.

Émilie Grand-Bois, présidente de l’Association pour la protection de la mère et de l’enfant en Guyane (APAMEG), souligne l’importance d’une approche pédagogique plutôt que dissuasive : « Je n’ai pas cette lecture de dire que ça va leur faire peur. Je dirais plutôt, c’est un travail de prévention et c’est un travail pour leur permettre de savoir. (…) On les aide, de façon à réfléchir, on leur apporte un peu une réponse, pour leur montrer où ça peut les mener en choisissant cette voie. C’est le risque qu’ils prennent et cette voie est dangereuse pour eux, pour leur famille aussi par ailleurs ». 

Les vidéos seront diffusées sur les réseaux des services de l’État afin de toucher un large public. Le prefet Antoine Poussier, impliqué dans le projet, insiste sur la nécessité de refléter la réalité du trafic de drogue en Guyane : « La vidéo s’adresse à toutes les personnes qui seraient tentées de faire la mule, donc de faire du trafic de stupéfiants. Ce sont des messages de prévention contre ce fléau social en Guyane qui est lié à la position géographique de la Guyane, ça crée une tentation, et donc vis-à-vis de tous ceux qui seraient tentés, on essaie de passer un message de réalité et il nous est paru important de faire témoigner, de faire parler ceux qui sont soit qui ont été mis en cause dans le trafic ou alors qui travaillent à proximité des trafiquants : les avocats, le parquet, les acteurs sociaux éducatifs, et ça permet de passer un message de vérité à tous ceux qui seraient tentés pour quelle que soit la raison de se livrer au trafic ».

Chaque vidéo se termine par un message rappelant les peines encourues par les mules, souvent méconnues des intéressés. Christine Charlot, bâtonnière de l’ordre des avocats de Guyane, observe un manque d’information flagrant chez les jeunes impliqués : « La plupart ne sont même pas renseignés, n’ont même pas tapé sur Google, le risque pris en faisant ce transport de stupéfiants, et finalement, ils sont complètement à côté de la réalité. Par exemple ce week-end, j’ai accompagné un jeune, il n’avait même pas l’idée de la possibilité d’être interpellé. C’est-à-dire qu’il y a une dimension aussi, une croyance d’impunité parce que finalement dans l’entourage, et il faut être conscient de ça, ce qu’ils voient ce sont les passages qui fonctionnent, les transports qui fonctionnent, et que finalement, ceux qui ne fonctionnent pas sont dissimulés. Ce qu’ils voient surtout ce sont les retours qui ont fonctionné, les retours qui sont finalement presque glorieux, et qui sont considérés comme un véritable succès social. »

À travers ces vidéos, les autorités espèrent déconstruire cette illusion d’impunité et sensibiliser la population aux dangers réels du trafic de drogue. La campagne vise ainsi à prévenir plutôt qu’à punir, en mettant en lumière les conséquences souvent dramatiques, et souvent sous-évaluées, de ces choix. 

Damien Chaillot

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