malgré la mobilisation, l’État passe en force et déporte Moussa Sacko vers le Mali

  1. Racisme et violences d’État

Malgré une mobilisation importante pour empêcher son expulsion, Moussa Sacko, jeune travailleur de 26 ans installé à Montreuil depuis l’âge de 3 ans, a été déporté vers le Mali ce mardi. Une énième démonstration de la xénophobie d’État, permise par la loi immigration.

Hier, l’État français a expulsé de force Moussa, jeune travailleur de 26 ans vivant à Montreuil depuis l’âge de 3 ans. Malgré la mobilisation des soutiens et des passagers du vol, la déportation a eu lieu suite aux menaces par la police de l’air aux frontières sur les conséquences d’un « placement en garde à vue et la perte du billet aller et retour » pour les passagers solidaires. Finalement, le pilote de la compagnie aérienne Corsair a décollé, alors que des passagers étaient encore debout en protestation. Quelques heures plus tard, Moussa arrive à Bamako, loin de ses deux enfants, dans un pays où il n’a aucun lien. Une expulsion scandaleuse et brutale, dénoncée par l’ensemble des soutiens qui appellent à une mobilisation devant la Mairie de Montreuil à 17h aujourd’hui.

« Je ne connais rien du Mali où on veut m’expulser. Ma vie est ici. »

Moussa Sacko vivait à Montreuil depuis l’âge de 3 ans avec sa famille. Suite à l’expulsion du « En Gare », association qui hébergeait des personnes sans-papiers à Montreuil, le 23 mai dernier, Moussa a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a été enfermé en centre de rétention administrative (CRA) dans l’attente d’une expulsion. « Je ne connais rien du Mali où on veut m’expulser. Ma vie est ici, » témoigne Moussa auprès de Politis.

Le 28 juin il est amené à l’aéroport d’Orly pour être déporté vers Bamako. Ses soutiens mettent en place une mobilisation importante, suivie sur les réseaux sociaux via le hashtag #LibérezMoussa et relayée par des personnalités publiques et politiques comme Assa Traoré, Rima Hassan et des artistes comme le chanteur Kalash. La mobilisation ira jusqu’au refus des passagers de laisser décoller l’avion avec Moussa à bord. Sur des images on peut voir les passagers debout qui retardent l’avion et exigent le débarquement de Moussa.

Face à la contestation, Moussa est débarqué de l’avion et placé au CRA du Mesnil-Amelot dans le département de Seine-et-Marne (77). Quatre jours plus tard, le mardi 2 juillet, les soutiens de Moussa dont l’Assemblée des mal-logés de Montreuil avertissent qu’il est de nouveau amené par la police aux frontières (PAF) vers l’aéroport d’Orly pour être expulsé en début d’après-midi. Comme le rapporte RFI, l’expulsion de Moussa s’opère dans des conditions qui piétinent le droit puisque le jeune montreuillois n’est à aucun moment averti de son départ comme il devrait l’être, et son avocate ne sait pas où se trouve son client à ce moment.

De nouveau, dans l’avion des passagers vont se mobiliser et exiger le débarquement de Moussa. Mais cette fois, les passagers mobilisés vont faire l’objet de menaces de répression policière et judiciaire de la part de la PAF et de la compagnie Corsair qui opère le vol Paris-Bamako. Dans l’avion, la PAF distribue des « notes d’informations » qui menacent les passagers de poursuites judiciaires et d’amendes s’ils s’opposent à l’expulsion de Moussa. Dans les haut-parleurs de l’avion, la compagnie aérienne menace à son tour les passagers de « perdre leur billet aller-retour ». Alors que des passagers sont encore debout pour refuser la déportation, la compagnie aérienne décide de faire décoller l’avion avec Moussa à bord.

Une conséquence directe de la loi immigration de Darmanin

Cette expulsion est le résultat direct de la récente loi immigration de Gérald Darmanin, votée par la macronie, la droite et l’extrême droite. Comme l’explique l’avocate de Moussa, la loi immigration durcit considérablement la répression contre les sans-papiers en réduisant drastiquement les délais et les recours possibles face à une OQTF. « L’appel qu’on interjettera contre le jugement du tribunal administratif validant l’Obligation de quitter le territoire n’est plus suspensif. Donc un recours sera interjeté devant la Cour administrative d’appel, mais ça ne changera pas le fait que Moussa Sacko sera à Bamako au Mali, pays qu’il ne connait pas du tout » explique l’avocate auprès de RFI, rappelant que les recours ne suspendent plus les OQTF.

Cette déportation scandaleuse, résultats de la politique xénophobe du gouvernement, a lieu dans un contexte électoral où l’extrême droite est en position de force et promet de nouvelles attaques racistes d’ampleurs contre les immigrés, dans la continuité des politiques des gouvernements précédents. Des attaques qui vont durcir toujours plus les conditions de séjour des étrangers qui sont déjà irrespirables.

Il y a donc urgence à ce que les organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social mettent sur pied une mobilisation massive pour mettre un stop aux attaques xénophobes et racistes du gouvernement et de l’extrême droite et pour exiger la régularisation immédiate de tous les sans-papiers. Une mobilisation qui doit commencer en suivant massivement l’appel au rassemblement de soutien à Moussa organisé par l’association « En Gare » à Montreuil ce mercredi à 17 heures.


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