Mali: dialogue avec des envoyés européens pour le Sahel | APAnews

À Bamako, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a reçu, le mardi 8 avril, les envoyés spéciaux pour le Sahel des pays de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg et de l’Allemagne.

La visite de terrain d’envoyés spéciaux européens au Mali s’inscrit dans une série d’échanges stratégiques visant à faire le point sur l’état actuel des relations entre le Mali et ses partenaires européens, à un moment où la sous-région connaît une reconfiguration profonde de ses alliances.

La rencontre a permis d’aborder plusieurs sujets majeurs d’intérêt commun. Sur le plan sécuritaire, les discussions ont porté sur la lutte contre le terrorisme, dossier prioritaire pour les autorités maliennes qui poursuivent un redéploiement de leurs partenariats militaires. Les envoyés spéciaux ont également été informés des avancées du processus de transition politique en cours dans le pays. En matière de développement, l’accent a été mis sur la nécessité de renforcer la coopération économique, notamment dans les secteurs productifs, ainsi que sur la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes, en vue de lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière.

Au niveau sous-régional, les diplomates ont échangé sur les tensions croissantes entre certains États d’Afrique de l’Ouest et les organisations d’intégration, souvent accusées par les pays de la Confédération des États du Sahel (AES) d’être instrumentalisées par des influences extérieures. L’actualité géopolitique, marquée par des re-positionnements diplomatiques dans l’espace CEDEAO et au-delà, a été évoquée dans un esprit de dialogue franc.

Cette réunion intervient dans un contexte où les relations du Mali avec plusieurs chancelleries européennes ont été affectées par son rapprochement assumé avec la Russie. Depuis 2022, Bamako a renforcé sa coopération politique et militaire avec Moscou, ce qui a conduit certains partenaires européens à revoir à la baisse leur présence. La Belgique, par exemple, a fermé son ambassade à Bamako en 2023, transférant ses services diplomatiques à Dakar. Le Luxembourg ne dispose pas de représentation diplomatique directe dans le pays, bien qu’il maintienne une coopération active à travers LuxDev, avec plus de 55 millions d’euros engagés sur les derniers programmes.

L’Allemagne, pour sa part, continue d’opérer via son ambassade à Bamako, ayant investi plus de 1,3 milliard d’euros depuis 2016 dans des projets de décentralisation, d’agriculture et d’accès à l’eau. Les Pays-Bas conservent une ambassade à Bamako et assurent également la représentation consulaire pour certains États voisins, maintenant ainsi un lien diplomatique actif.
Malgré ces ajustements, les échanges entre Abdoulaye Diop et ses hôtes européens traduisent une volonté partagée de maintenir des canaux de communication ouverts. Les deux parties ont souligné l’importance de poursuivre un dialogue politique direct et constructif, dans le respect des souverainetés et des priorités définies par le gouvernement malien.

En clôturant la rencontre, le ministre Diop a rappelé que le Mali reste engagé en faveur de partenariats sincères, mutuellement avantageux et respectueux des principes constitutionnels qui encadrent l’action publique nationale. Si les contours de la coopération européenne avec le Mali ont évolué, cette rencontre ouvre la voie à de nouvelles formes de partenariat pragmatique, adaptées aux réalités politiques et géopolitiques actuelles.

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