Mali. Fatoumata Diallo, 17 ans dans le feu de l’action du recyclage

Fatoumata Diallo est l’une de ces femmes battantes, que l’on remarque pas, tapies qu’elles sont dans l’ombre à Bamako-Sabalibougou. Pour gagner sa vie, cette femme d’un âge incertain n’a pas choisi la facilité, bien au contraire. Il faut une certaine dose d’abnégation et de courage physique pour se procurer de vieux carrelages qu’elle fera passer par un four qu’elle a fabriqué à partir de tôles dont personne n’en voulait. «J’assemble des tôles usagées pour fabriquer un four. J’y allumer le feu en ajoutant du charbon. A température souhaitée, je place les carreaux usagés pendant 24 heures dans le four afin d’en détacher le ciment.» Le résultat est stupéfiant: voilà du carrelage comme neuf prêt à l’emploi pour le revêtement du sol et des murs des maisons.

«J’achète la cargaison de carreaux transportée par un client qui est conducteur de tricycle pour un prix variant entre 25.000 et 30.000 francs CFA, puis je les revends à 7.500 francs le sac. Ce métier me permet de subvenir aux besoins de ma famille, de payer les frais de scolarité des enfants, d’assurer la nourriture de la famille et couvrir ses dépenses quotidiennes.»

Autrefois, Fatoumata Diallo parcourait les rues de Bamako pour vendre oranges, bananes et patates douces. C’est grâce à une amie qu’elle a découvert cette activité de récupération et fabrication de tôle et de carrelage. Une fois la technique maitrisée, elle a lancé sa propre petite affaire, il y a 17 ans de cela.

Passée maitresse-artisane, c’est maintenant à son tour de transmettre ce qu’elle a appris toutes ces années. Près de sa petite affaire, officie Mariété Traoré, coiffeuse. Elle aussi voudrait diversifier ses revenus, et le carrelage semble une parfaite alternative aux cheveux. «Je viens aider Fatoumata Diallo, non seulement pour apprendre, mais aussi pour avoir quelques ressources afin de subvenir aux besoins de mes enfants.» Fatoumata Diallo est une véritable battante, «aujourd’hui, il est rare de voir une femme de son âge travailler avec autant d’acharnement», témoigne-t-elle.

Comme ses deux mères-courage, 91,5% des Malien actifs opèrent dans l’économie informelle «ce qui accroît la vulnérabilité des emplois et leur exercice dans des conditions de précarité» note l’Organisation internationale des employeurs dans son Analyse du climat des affaires des PMA du Mali de mars 2023. En 2017, on dénombrait près de 1,6 million d’unités de production informelles.

Et la boucle ne saurait être bouclée sans Yaya Diakité qui travaille avec Fatoumata Diallo depuis près de quatre ans, c’est lui qui lui livre les carreaux usagés qu’il transporte grâce à son tricycle.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)

Le 01/03/2025 à 14h59

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