Plusieurs cadres d’Ecobank-Mali ont été inculpés pour des malversations liées à des garanties bancaires frauduleuses. En réaction, le SYNABEF menace de déposer un préavis de grève, aggravant les tensions dans un secteur financier déjà fragilisé.
Le secteur bancaire malien est en ébullition suite à l’inculpation de plusieurs cadres d’Ecobank-Mali, accusés de malversations financières liées à des garanties bancaires frauduleuses. En réaction, le Syndicat National des Banques, Assurances, Établissements Financiers et Commerces du Mali (SYNABEF) a tenu une assemblée générale extraordinaire ce jeudi, menaçant de déposer un préavis de grève. Cette situation intervient dans un contexte économique déjà fragile, suscitant des inquiétudes quant aux répercussions potentielles sur l’ensemble du pays.
L’affaire remonte à la découverte de fausses garanties bancaires émises dans le cadre d’un projet de construction de mini-centrales hydroélectriques pour Énergie du Mali (EDM-SA). Des documents falsifiés auraient permis le détournement de 5 milliards de FCFA, compromettant un projet essentiel pour l’approvisionnement énergétique du Mali. Les autorités judiciaires ont alors procédé à l’arrestation de plusieurs cadres d’Ecobank-Mali, les accusant de faux et usage de faux, blanchiment de capitaux et complicité.
Réaction du SYNABEF
Lors de l’assemblée générale, Hamadoun Bah, secrétaire général du SYNABEF, a exprimé l’indignation du syndicat face à ces inculpations, les qualifiant d’injustes. Il a annoncé que le SYNABEF envisageait de déposer un préavis de grève pour protester contre cette situation. « Je suis en train de les calmer pour qu’ils acceptent le principe du préavis de grève. Avec les injustices que nous subissons, beaucoup d’entre eux ne veulent même pas entendre parler de préavis. Mais nous sommes des responsables et nous devons agir en conséquence. Nous allons examiner la situation avec attention, tout en espérant qu’une solution soit trouvée », a-t-il déclaré.
Actions précédemment menées
Avant de brandir la menace d’un préavis de grève, le SYNABEF avait déjà lancé une série d’actions pour protester contre les arrestations. Du 10 au 12 mars 2025, des sit-in ont été organisés devant les sièges des banques et institutions financières, mobilisant un grand nombre de travailleurs du secteur. En parallèle, les banques ont décidé de suspendre toutes les garanties financières accordées à EDM-SA et à plusieurs structures publiques, un choix qui pourrait compliquer encore plus la situation financière de l’entreprise énergétique.
Antécédents de mobilisation syndicale
Ce n’est pas la première fois que le SYNABEF se mobilise de manière significative. En juin 2024, le syndicat avait déjà observé une grève de 72 heures pour protester contre l’arrestation de son secrétaire général, Hamadoun Bah, accusé de « faux et usage de faux ». Cette grève avait paralysé le secteur bancaire et financier du pays, démontrant la capacité de mobilisation du SYNABEF.
La menace d’une nouvelle grève survient dans un contexte économique déjà fragile au Mali. Le pays est confronté à une crise économique et financière, exacerbée par des facteurs internes et externes, notamment des sanctions économiques et des défis sécuritaires. Une paralysie du secteur bancaire pourrait aggraver la situation, affectant les transactions financières, les investissements et la confiance des partenaires économiques.
Face à cette situation, il est déterminant que les autorités, les institutions financières et les syndicats engagent un dialogue constructif pour trouver une solution équilibrée. L’objectif doit être de préserver la stabilité économique du pays tout en garantissant le respect des droits des travailleurs et la justice dans le traitement des affaires judiciaires en cours.
MD/ac/APA
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