Entre financement du terrorisme, racket et corruption, le trafic de bois a porté sur plus de 13,8 millions $ entre 2019 et 2021 au Mali qui a déjà perdu plus de 82 % de sa couverture forestière depuis 1960.
Un récent rapport de l’Institute for Security Studies (ISS) révèle que l’exploitation illégale du bois au Mali a généré environ 13,8 millions de dollars entre 2019 et 2021, fournissant un soutien financier important aux organisations extrémistes comme la Jama’a Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) ou Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Le document indique que l’Alliance jihadiste affiliée à Al Qaida au Maghreb islamique tire profit de l’exploitation forestière non réglementée pour financer ses opérations et renforcer son emprise sur le territoire malien.
Depuis l’annonce de sa naissance en mars 2017, le GSIM a exploité cette économie illégale pour devenir une force dominante dans les régions de Mopti, Ségou et Tombouctou, souligne le rapport de l’ISS. Par exemple, entre 2019 et 2021, l’exploitation forestière illégale dans la seule municipalité de Kéniéba, dans la région de Kayes (ouest), a généré environ 13,8 millions de dollars (8 milliards de FCFA).
Le rapport indique également que le Mali a perdu plus de 82 % de sa couverture forestière depuis 1960, principalement à cause de la coupe de bois excessive, de l’urbanisation et de l’expansion agricole.
L’expansion du GSIM dans le sud du Mali, notamment dans les réserves de Baoulé situées entre Kayes et Koulikoro, est particulièrement préoccupante. D’après l’ISS, ces réserves, couvrant environ un million d’hectares et protégées par l’Agence des Nations unies pour l’Education et la Culture, sont devenues un centre d’activité pour les insurgés. Le même document souligne que « les extrémistes ne se contentent pas de couper du bois ; ils contrôlent les accès aux réserves et imposent des frais d’accès aux bûcherons illégaux ».
Depuis 2022, il a également été révélé que le GSIM exige des frais d’accès de l’ordre de 8 dollars (5000 FCFA) par mois ou par chargement de bois. Cette stratégie a permis au groupe de consolider son contrôle et d’établir une source de revenus stable, tout en se positionnant comme un protecteur des intérêts locaux face aux bandits et autres menaces.
Le rapport de l’ISS souligne également le rôle de la corruption dans le maintien de ce commerce illicite. « Des agents forestiers et des fonctionnaires maliens ferment souvent les yeux sur l’exploitation et l’exportation illégales du bois, notamment du Kosso, une espèce de bois de rose protégée », indique-t-il. Entre 2020 et 2022, environ 220 000 grumes de Kosso ont été exportées illégalement vers la Chine via le port de Dakar au Sénégal, selon le rapport.
Pour contrer cette menace, l’ISS recommande une « coopération internationale accrue pour revitaliser l’accord de paix d’Alger de 2015 et s’attaquer aux griefs des groupes séparatistes Touareg ». Cette organisation a insisté sur le fait qu’ « une régulation plus stricte de l’exploitation forestière et une lutte contre la corruption sont essentielles pour limiter l’influence du JNIM ».
MD/ac/APA
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