Après plusieurs tentatives d’exister à l’intérieur du pays, les forces politiques et les acteurs de la société civile opposés à la transition malienne dirigée par le colonel Assismi Goïta ont décidé de mettre en place un gouvernement et un parlement en exil. Le très populaire est redouté Imam Dicko est lui aussi entré en résistance.
Regroupés dans un cadre dénommé « Transition civile en exil », les opposants aux colonels au pouvoir à Bamako ont nommé le Touareg Mohamed Ag Ahmedou, réfugié en France, « Secrétaire général du gouvernement ». Une autre personnalité de la diaspora malienne, Adaman Touré a, pour sa part, été désigné président de « l’Assemblée citoyenne du Mali », présentée comme « unique organe législatif honorable en République du Mali ». Pour éviter toute velléité de contestation intérieure, la junte malienne a dissout tous les partis politiques et organisé début mai 2024 un dialogue national auquel seuls ses partisans ont été conviés.
L’imam Dicko contraint à l’exil
Fer de lance de la contestation contre le président Ibrahim Boubacar Keitarenversé en 2020, après en avoir été un allié fidèle pendant quinze ans au moins, l’imam Mahmoud Dicko est devenu l’ennemi numéro 1 de la junte, après avoir tenté de jeter quelques passerelles avec le colonel Goïta.
Dans une existence qu’il partage désormais entre le Nigeria, l’Algérie dont il a toujours été proche et les pays du Golfe, ce religieux peut se révéler un redoutable adversaire. Fin dialecticien et brillant orateur, Mahmoud Diko fut longtemps la seule personnalité capable de remplir le grand stade de Bamako de dizaines de milliers de fidèles. Le soutien financier des Séoudiens ne lui a jamais fait défaut; la bienveillance des djihadistes du JNIM de Iyad Ag Ghali lui est acquise.
Signe du bras de fer entre l’imam et les colonels, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko (CMAS) a été dissoute en Conseil des ministres le 6 mars 2024. En réaction à la mise en place des organes d’opposition en exil, la junte malienne a annoncé que des poursuites judiciaires seront engagées contre tous ceux qui accepteront d’y siéger.
Déjà très mauvaises, les relations entre les colonels de Bamako et Paris pourraient encore se dégrader, Paris étant devenu le siège des structures d’opposition en exil.
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