Mali : Neuf partisans de l’imam Dicko jugés pour attroupement illégal

Mahmoud DICKO


Neuf partisans de l’imam Mahmoud Dicko, l’une des figures religieuses les plus influentes du Mali, ont comparu ce jeudi devant le tribunal de la Commune 5 de Bamako. Tous avaient été arrêtés le 14 février dernier lors d’un rassemblement pour accueillir l’imam, qui devait faire son grand retour au pays après plus d’un an d’exil en Algérie. Ce retour tant attendu a finalement été annulé, mais les partisans, eux, ont été arrêtés et incarcérés pour avoir organisé un attroupement jugé illégal par les autorités.

Lors du procès, la défense des accusés a souligné l’absence de toute notification officielle d’interdiction de rassemblement. Selon les avocats, les manifestants avaient informé le gouvernorat de Bamako de leur intention d’accueillir l’imam à l’aéroport, sans recevoir de réponse officielle interdisant l’événement. L’un des membres de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam Dicko a affirmé qu’aucun document officiel n’avait été présenté pour interdire la manifestation.

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En réponse, le procureur, représentant l’État malien, a requis la relaxe pour quatre des accusés, les considérant comme des curieux qui n’avaient pas l’intention de participer à un rassemblement illégal. Pour les cinq autres, qui ont admis avoir répondu à l’appel des partisans de l’imam, une peine d’un an de prison avec sursis a été demandée, ce qui signifie qu’ils pourraient être remis en liberté même s’ils sont condamnés.

Le délibéré du jugement a été renvoyé au 27 mars 2025. Les partisans de l’imam Dicko, bien que soulagés de la plaidoirie de leurs avocats, attendent avec appréhension la décision finale, dans un climat politique déjà tendu. Le procès met en lumière les fortes tensions entre l’opposition, incarnée par l’imam Dicko, et les autorités de transition, en place depuis le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.

Des tensions politiques croissantes

L’imam Dicko, ancien président du Haut conseil islamique du Mali, est devenu l’un des plus farouches opposants au régime militaire malien. Bien que vivant en exil depuis plus d’un an, il continue de mobiliser une large base de soutien, notamment à travers la CMAS. Son retour manqué au Mali, prévu pour février 2025, avait entraîné une forte mobilisation des forces de l’ordre autour de l’aéroport de Bamako, témoignant de la crainte des autorités face à la popularité de l’imam.

Quelques jours avant le rassemblement, un responsable de la CMAS, Daouda Magassa, avait été enlevé par la sécurité d’État. Bien qu’il ait été relâché après un mois de détention, cet incident, ainsi que l’intimidation persistante des partisans de l’imam, révèle les tensions croissantes au sein de la société malienne.

Des enjeux de liberté et de réconciliation

Ce procès ne se limite pas à une simple affaire judiciaire. Il s’inscrit dans un contexte politique tendu, où la question de la réconciliation nationale et de la liberté d’expression demeure au cœur des préoccupations. Tandis que les autorités maliennes poursuivent leur processus de transition, l’opposition, menée par des figures comme l’imam Dicko, continue de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une répression politique.

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À quelques jours de la décision du tribunal, l’issue de ce procès pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir politique du Mali. Si les partisans de l’imam Dicko sont condamnés, cela pourrait renforcer les critiques contre les autorités de transition, déjà accusées de ne pas respecter les principes démocratiques. À l’inverse, une relaxe pourrait redonner de l’espoir aux partisans de l’imam et marquer un tournant dans les relations tendues entre l’État et l’opposition. En attendant, les regards restent fixés sur la prochaine audience, prévue pour le 27 mars, où l’avenir de ces neuf accusés sera scellé, dans un Mali en quête de stabilité et de réconciliation.

Afriksoir

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