Face aux pratiques jugées non conformes des entreprises chinoises dans les secteurs minier et pétrolier, le Mali et le Niger ont pris des mesures fermes pour encadrer davantage les investissements étrangers.
Les gouvernements du Mali et du Niger ont récemment durci le ton à l’égard des investisseurs chinois opérant dans leurs secteurs extractifs. Tandis que Bamako exige l’arrêt des exploitations minières illégales, Niamey impose une refonte de la coopération pétrolière avec la China National Petroleum Corporation (CNPC).
Au Mali, l’exploitation minière illégale impliquant des ressortissants chinois a suscité une réaction ferme des autorités. Le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, a convoqué, mardi 25 mars, l’ambassadeur de Chine, Chen Zhihong, lors d’une réunion qui s’est tenue en présence de plusieurs ministres et secrétaires généraux.
Cette rencontre visait à examiner les activités minières illégales recensées entre 2021 et 2025, ainsi que leurs impacts environnementaux et sociaux. Les autorités maliennes ont exigé l’arrêt immédiat de ces pratiques et le respect strict de la législation nationale en matière d’exploitation des ressources naturelles. Elles ont également suspendu les permis artisanaux accordés aux étrangers et envisagent la mise en place d’un mécanisme de coordination avec l’ambassade chinoise. Cette décision intervient dans un contexte marqué par un accident minier survenu le 17 février 2025 à Bilalikoto, ayant causé la mort de 48 personnes, mettant en lumière les risques liés à une exploitation anarchique du sous-sol malien.
Au Niger, le gouvernement a annoncé des mesures drastiques visant la China National Petroleum Corporation (CNPC), principal acteur chinois dans le secteur pétrolier du pays. Les autorités nigériennes reprochent à l’entreprise de ne pas respecter les réformes sur le contenu local et de favoriser une main-d’œuvre étrangère au détriment des nationaux.
En signe de fermeté, le 6 mars 2025, Niamey a retiré la licence du Soluxe International Hotel, un établissement appartenant à des intérêts chinois. Par ailleurs, les autorités imposent désormais une uniformisation des grilles salariales, la « nigérisation » des postes stratégiques et une révision des contrats de sous-traitance afin d’accorder davantage d’opportunités aux entreprises locales. Ces décisions s’appuient sur l’ordonnance n°2024-34, qui impose aux entreprises étrangères de nommer des représentants nationaux à des postes clés et de privilégier les compétences locales.
Ces tensions économiques s’inscrivent dans un cadre plus large de volonté de réaffirmation de la souveraineté économique par les États sahéliens. Depuis les coups d’État militaires d’août 2020 et de juillet 2023, les nouvelles autorités de Bamako et Niamey cherchent à repenser leurs partenariats internationaux. Trois enjeux majeurs expliquent cette évolution : le contrôle accru des ressources naturelles pour maximiser les bénéfices nationaux, la volonté de réduire la dépendance économique en diversifiant les partenaires, et les pressions populaires contre les pratiques jugées prédatrices de certaines entreprises étrangères.
Ces développements marquent une inflexion dans les relations sino-sahéliennes, traditionnellement caractérisées par un fort engagement économique de Pékin. Face aux nouvelles exigences des autorités malienne et nigérienne, la Chine devra sans doute ajuster sa stratégie pour maintenir son influence dans la région. Au Mali, l’ambassadeur de Chine, Chen Zhihong, a proposé la création d’un mécanisme de coordination afin de mieux encadrer les investissements et de prévenir les différends. Une approche similaire pourrait être adoptée au Niger pour éviter une escalade des tensions. Toutefois, ces négociations s’annoncent complexes, car elles impliquent une redéfinition des termes de coopération qui, jusqu’ici, étaient largement favorables aux entreprises chinoises.
AC/APA
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