Une opération menée par l’armée malienne a abouti à la mort d’Abou Houzeifa, haut responsable de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), ont annoncé l’état-major et la télévision publique, lundi 29 avril. « L’armée malienne vient d’éliminer, ce dimanche 28 avril, un ennemi de la paix« , a déclaré la présentatrice du journal télévisé de la télévision publique, ORTM.
L’annonce a été doublée par un communiqué de l’armée malienne indiquant que « l’identification et les indices recueillis confirment la mort de Abou Houzeifa, un terroriste étranger de grande renommée auteur de plusieurs exactions sur les populations civiles innocentes et des attaques contre des forces armées de l’Alliance des États du Sahel et des forces étrangères« .
Les forces armées maliennes ont tué le haut responsable de l’EIGS dans le cadre d’une opération menée dans la région de Ménaka, dans le nord-est du pays. L’armée et ses alliés russes y auraient identifié un camp djihadiste, selon une source militaire malienne. Abou Houzeifa circulait dans la zone à moto quand il s’est fait attaquer par les soldats maliens.Le responsable djihadiste de nationalité marocaine était activement recherché par les États-Unis qui avaient mis à prix sa tête, « à trois milliards quatre cents millions [de francs CFA], soit 5 millions de dollars », ajoute le communiqué. Le 4 octobre 2017, il avait participé à une embuscade tendue par une cinquantaine de djihadistes près de Tongo Tongo, au sud-ouest du Niger, à une vingtaine de kilomètres de la frontière malienne. Le guet-apens avait provoqué la mort de quatre soldats américains et de cinq soldats nigériens.
Affiche des récompenses promises par les Etats-Unis concernant plusieurs djihadistes dans le Sahel, dont le haut responsable de l’EIGS, Abou Huzeifa
Rewards for justice
Abou Houzeifa arrive au Mali, en 2012, au sein du Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). L’organisation mène alors de fréquentes attaques dans la région des trois frontières, zone géographique située entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. L’EIGS, très présent dans la région, est une organisation terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, née de la scission du Mujao, organisation affiliée à Al-Qaïda.
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Une crise sécuritaire doublée d’une crise humanitaire et politique
Depuis 2012, le Mali est la cible de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique et subit des attaques de groupes proclamés d’autodéfense. Le pays est aussi sujet au banditisme. La crise sécuritaire s’amplifie alors que le Mali souffre déjà d’une lourde crise humanitaire et politique. Le 19 avril, l’Unicef a lancé un appel de 133,5 millions de dollars « pour répondre aux besoins humanitaires des enfants et des femmes au Mali« . 7,1 millions de personnes auraient besoin d’aide humanitaire, dont plus de 50% d’enfants, d’après le Plan de Besoins Humanitaires et de Réponse (HNRP) de 2024.
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Comme ses voisins du Burkina Faso et du Niger, le Mali s’est détourné de l’alliance militaire avec la France, ancienne puissance coloniale, pour se lier aux Russes qui renforcent leur présence en Afrique depuis quelques années. En 2022, les militaires au pouvoir au Mali avaient renvoyé la force antidjihadiste française « Barkhane », avant de pousser la mission de l’ONU au départ, fin 2023. En novembre dernier, les trois pays sahéliens ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES) et annoncé leur retrait de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao).
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