Mali : un drone à 30 millions de dollars vole en éclat

Dernère publication

Lundi à Tin-Zaouatine, épicentre de l’un des plus grands revers militaires des FAMa et de Wagner, une nouvelle destruction d’un drone malien à la pointe de la technologie turque interroge.

Un communiqué du ministère de la Défense algérien confirme la neutralisation d’un drone de reconnaissance armé, ayant violé l’espace aérien du pays « sur une distance de deux (02) kilomètres ». Cet incident s’inscrit dans un climat de tensions croissantes entre Alger et Bamako concernant l’utilisation des drones. En août dernier, l’Algérie accusait le Mali devant le Conseil de sécurité de l’ONU, d’avoir causé la mort d’une vingtaine de civils lors de frappes aériennes.

Le drone détruit était un Bayraktar Akıncı, appareil de pointe de l’industrie turque estimé entre 20 et 30 millions de dollars. Les Forces armées maliennes (FAMa) en avaient reçu deux exemplaires en novembre 2024, marquant un bond stratégique majeur. Cependant, les deux drones ont désormais été perdus : le premier s’est écrasé le 10 janvier 2025 à Sévaré, et le second vient d’être abattu par l’Algérie. Depuis 2020, les drones turcs sont au cœur de l’offensive des FAMa contre les groupes armés. Pourtant, la perte répétée d’appareils et les dégâts collatéraux qu’ils occasionnent posent de sérieuses questions sur la formation des pilotes maliens et leur capacité à exploiter ces technologies de pointe.

Une formation insuffisante des pilotes, un lourd tribut pour les civils
Depuis leur première frappe de drone à Kidal, le 4 novembre 2023, contre un ancien camp de la MINUSMA occupé par des insurgés touaregs, les FAMa ont intensifié leur recours aux drones armés dans le cadre de leur stratégie de reconquête du Nord. Ils ciblent les rebelles du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) et les groupes indépendantistes. Le 1er décembre 2024, une frappe près de Tin-Zaouatine a coûté la vie à huit chefs indépendantistes, dont Fahad Ag Almahmoud. Les civils sont également visés par ces frappes. Quelques mois plus tôt, le 30 juillet 2024, une offensive, menée avec l’appui des forces burkinabè, aurait fait six victimes civiles, selon des sources indépendantistes. Le 26 août 2024, 21 civils, dont onze enfants, ont péri dans une frappe controversée entre les FAMa et le Cadre stratégique permanent (CSP), qui accuse l’armée malienne et Wagner de cibler la population.

Le 23 mars 2024, une école coranique à Douna a été touchée, entraînant la mort de 14 civils, dont 10 enfants. Quelques jours auparavant, le 17 mars 2024, à Amasrakad, les autorités maliennes ont revendiqué avoir « neutralisé plusieurs terroristes », mais Amnesty International affirme que les frappes ont tué 13 civils, allongeant la liste avec sept enfants. Face à ces pertes civiles récurrentes, Amnesty International exhorte Bamako à plus de transparence sur l’usage des drones armés, en publiant des données détaillées sur les frappes, leurs cibles et les critères de distinction entre combattants et civils. Malgré leur technologie avancée, la pertinence du recours aux drones turcs au Mali soulève de nombreuses questions : qui pilote ces drones ? qui sont les formateurs ? Pourquoi n’évitent-ils pas les pertes civiles ? Ces questions, pourtant à la clé de la sécurisation du territoire malien, restent sans réponse.

Constantine


Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.