Manon Disbeaux, la compétition comme mode de vie

Après plus d’un an sans compétition, le temps est long pour les Bleues. Une compétitrice comme Manon Disbeaux, membre de l’équipe de France depuis 2017, se languie tout particulièrement. Originaire de Toulouse, la jeune femme de 20 ans a du caractère. Celui-ci est d’autant plus fort que chaque moment de vie peut se transformer en compétition, d’abord contre elle-même. 

« Mon père est professeur de sport et c’était important pour lui que je pratique une activité physique. J’ai commencé le sport pour bouger et rencontrer du monde. J’ai hérité de mon papa d’une vraie hargne et d’un rapport fort à la compétition. Aujourd’hui s’il y a bien une chose qui est certaine, c’est que je déteste perdre. Petite, quand je faisais du vélo avec mon père c’était la course en permanence. De la même manière, en cours d’EPS au collège je ne supportais pas me retrouver du coté des perdants. Au delà des défis sportifs, dans mes études par exemple c’est très difficile pour moi d’accepter une mauvaise note, parce qu’elle est synonyme d’échec. Mes parents connaissent mon rapport à la défaite, mon caractère et ils savent de quelle manière éviter les conflits. Parfois, je suis capable de maintenir à ma maman que j’ai laissé quelque chose à Toulouse alors que j’ai juste mal regardé dans ma chambre de l’Insep. Mais elle sait que je ne vais jamais admettre que j’avais tort. Avec mon copain (Yohann Ndoye Brouard, ndlr), c’est different dans la mesure où il est un peu comme moi. C’est un grand compétiteur et on est obligé de mettre nos égos de côté pour que cela fonctionne entre nous. 

D. R.

Ce qui est paradoxal, c’est que j’ai apprécié la natation artistique alors que ce n’est pas une discipline qui permet de disputer de nombreuses compétitions. J’ai d’abord été séduite par le côté sport collectif. Jusqu’à ma dernière année à Toulouse je n’étais pas très bonne mais cette saison là j’ai beaucoup progressé, nous avons gagné des médailles et mes coaches m’ont alors incitée à aller au pôle d’Aix-en-Provence pour que je puisse viser plus haut. A mon arrivée au pôle je suis vraiment entrée dans une pratique de haute performance et de compétition et je me suis dit « Manon tu vas devoir être à la hauteur pour gagner des médailles d’or N1 ». Je me suis mise une sacrée pression. J’ai participé cette même année à ma première compétition internationale (Championnats d’Europe Junior). La compétition c’est la guerre. Je me suis rendu compte à cette occasion que la déception inhérente au classement est d’autant plus difficile à encaisser lorsque l’on ressent de l’injustice. Avant, je pensais que l’essentiel était de bien nager mais à partir de ce moment là je me suis dit que ce n’était pas toujours suffisant. Au quotidien, je me retrouve partagée entre le désir de victoire et la peur de perdre. Quand je pense à la qualification olympique, j’ai très peur qu’on échoue, mais dans ma tête je me dis qu’on va y arriver. Il y a cette même dualité dans la compétition : d’un coté j’adore ça et de l’autre je suis très stressée. Tout cela est lié à ma peur de ne pas être à la hauteur de mes attentes. Je sais que ce caractère « compétitif » m’a permis d’être là où j’en suis, mais je travaille tout de même sur moi pour prendre des jeux ou des challenges « bon enfant » de manière un peu plus légère. »

Solène Lusseau

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