Marché des capitaux |La Côte d’Ivoire réalise une émission record sur le marché de l’UEMOA [Par Charles Agbo]

L’État ivoirien a atteint un nouveau sommet sur le marché des capitaux de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en levant plus de 450 milliards de FCFA (environ 687 millions d’euros), soit la plus importante émission obligataire jamais réalisée sur ce marché. Avec cette opération, la Côte d’Ivoire optimise son profil de remboursement tout en maintenant un accès fluide aux marchés financiers régionaux et internationaux.

La Côte d’Ivoire a finalisé une opération d’échange obligataire sur le marché de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), portant sur 450 milliards FCFA de titres souverains. Cette initiative, qui dépasse l’objectif initial de 400 milliards FCFA, visait à rééchelonner une partie des remboursements de 2025 en proposant aux investisseurs de nouveaux titres à 5 et 7 ans, avec des taux de 5,90 % et 6 %.

Loin d’être une levée de fonds classique, l’opération, bien connue dans les marchés matures comme la France, l’Allemagne ou l’Angleterre permet à l’État ivoirien d’étaler ses échéances et d’éviter un pic de remboursement en 2025, année où 5 635 milliards FCFA de dette doivent être honorés, dont 2 000 milliards FCFA pour les bons et obligations domestiques.

Une participation plus élevée que prévu

L’émission qui était ouverte à l’ensemble des investisseurs, intégrait également un mécanisme d’échanges de titres pour les détenteurs d’obligations arrivant à échéance entre février et juin 2025. Abidjan leur offrait ainsi l’opportunité de convertir leurs titres en obligations à plus long terme, dans la lignée d’une opération similaire menée en 2024. Les investisseurs ont largement répondu à l’appel, avec un montant total restructuré dépassant de 50 milliards de FCFA l’objectif fixé, alors même que certains titres antérieurs offraient des taux légèrement plus élevés, jusqu’à 6,25 %.

Une gestion active de la dette ivoirienne

Cette opération s’inscrit dans la stratégie de gestion proactive de la dette publique, mise en œuvre par Alassane Ouattara. Fin 2022, l’encours de la dette représentait un peu plus de 58 % du PIB, un niveau inférieur au plafond communautaire de 70 % fixé par l’UEMOA. Le pays privilégie une approche équilibrée, avec 90 % de sa dette à taux fixe et une exposition limitée au risque de change, 85 % des emprunts étant libellés en franc CFA ou en euro.

La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays africains à avoir amélioré sa notation souveraine récemment. Le 1er mars 2024, Moody’s avait déjà relevé la note de la Côte d’Ivoire de Ba3 à Ba2, saluant une économie jugée plus résiliente. Le 17 mai, Standard & Poor’s a maintenu sa note à BB-, tout en relevant la perspective de stable à positive, signe d’un optimisme mesuré sur la trajectoire budgétaire du pays. Plus récemment, le 31 janvier 2025, Fitch Ratings a confirmé son évaluation à BB-, avec une perspective stable, confortant ainsi la position d’Abidjan parmi les rares économies d’Afrique subsaharienne à conserver la confiance des marchés.

Des perspectives de financement diversifiées

Cette réorganisation de la dette locale intervient après une opération majeure sur les marchés internationaux. En janvier 2024, la Côte d’Ivoire avait levé 2,6 milliards de dollars via un eurobond, opération qui marquait le retour d’un État d’Afrique subsaharienne sur les marchés après deux ans d’absence. Selon plusieurs sources, le pays préparerait une nouvelle émission de grande ampleur, en attente de conditions plus favorables.

D’ici 2026, Abidjan prévoit de mobiliser 4 milliards de dollars supplémentaires, notamment via des émissions de green et blue bonds, afin de diversifier ses sources de financement et d’attirer des capitaux dédiés aux projets durables.

Une croissance résiliente et le soutien renouvelé des institutions internationales

Malgré un environnement économique mondial tendu, la Côte d’Ivoire, sous l’impulsion de son Président, continue d’afficher une croissance robuste. En 2023, le PIB a progressé de 6,2 %, un chiffre en ligne avec les prévisions de Fitch (6,2 % – 6,6 %). Elle a atteint 6,1 % en 2024, selon le FMI. L’inflation, qui avait atteint des niveaux élevés (5,2%) en 2022, est retombée à 2,1 % en décembre 2024.

Le Fonds monétaire international (FMI) suit de près cette trajectoire. L’institution a accordé à la Côte d’Ivoire un programme de 3,5 milliards de dollars sur 40 mois, un montant supérieur aux 2,6 milliards initialement sollicités pour accompagner son Plan National de Développement 2021-2025.

 

 

 

 

 


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