« Le dialogue est-il rompu avec les supporters ?
Non, je suis très attachée au dialogue, dans tous les champs de ma mission et particulièrement sur ce dossier. Je reçois des parlementaires mardi à ce sujet. Le 6 mars, j’ai réuni l’Instance nationale du supportérisme (INS). J’ai échangé en marge de cette réunion avec l’Association nationale des supporters (ANS). Nous avons fait un bilan de l’expérimentation sur la pyrotechnie, sur les tribunes debout, mais aussi les déplacements et l’accueil des supporters, etc. Nous menons un travail pour améliorer l’expérience des spectateurs dans les stades. Nous devons continuer à mener ces expérimentations et les généraliser. Les supporters peuvent comprendre l’enjeu. La pyrotechnie, par exemple, on est prêts à aller plus loin, mais il ne doit pas se reproduire des faits comme à Montpellier (des fumigènes ont été jetés sur la pelouse le 16 mars et un début d’incendie s’est déclenché dans les tribunes). Les supporters sont là pour vivre leur passion et animer les stades, pas pour commettre des délits qui dégradent l’image du football ou mettre en danger d’autres spectateurs ou des acteurs du jeu.
Les supporters se plaignent d’avoir appris les projets de dissolution de groupes ultras par la presse et de ne pas avoir pu dialoguer au préalable. Êtes-vous alignée avec le ministère de l’Intérieur ?
Le travail fait par le ministère de l’Intérieur est nécessaire au regard des actes commis par certains groupes ; il convient de distinguer ultras et hooligans. Priorité aux sanctions individuelles, mais si des actes sont commis collectivement ou de manière organisée, il faut envisager des sanctions collectives. Nous sommes très alignés sur ce point avec le ministre de l’Intérieur.
La procédure d’instruction n’a pour le moment abouti que pour deux groupes de supporters de l’AS Saint-Étienne et un du Paris-FC. Comment l’expliquer ? Va-t-on vers des dissolutions ou de simples suspensions ?
Ces procédures n’ont pas abouti, elles sont en cours, et d’autres pourraient suivre si nécessaire. Ces questions sont de la compétence du ministère de l’Intérieur, qui dispose d’un arsenal juridique qui va de la suspension à la dissolution. Ce sera donc à Beauvau de jauger l’outil le plus adapté pour sanctionner ces actes.
« On ne pourra se débarrasser de ces dérives que si chacun y met du sien »
Vous avez signé avec Bruno Retailleau le 6 mars une circulaire adressée aux préfets. Quel est l’objectif : mieux réprimer les comportements individuels ?
Il faut privilégier l’individualisation des sanctions, mais encore faut-il s’en donner les moyens. C’est tout l’enjeu de cette circulaire : rappeler l’arsenal des outils à disposition avec une logique de sanctions individuelles. Nous avons besoin de plus de policiers en civil dans les tribunes, afin de recueillir suffisamment d’informations pour mener à bien les procédures individuelles.
Les clubs ont-ils aussi une responsabilité ?
On ne pourra se débarrasser de ces dérives que si chacun y met du sien. J’échange beaucoup avec les présidents de club sur des sujets de gouvernance et de modèle économique. Il y a un lien très fort avec la lutte contre les violences. L’image du football a besoin d’être positive. On doit pouvoir convaincre les diffuseurs et les partenaires de s’intéresser à notre Championnat et on doit renvoyer une image festive et familiale. Donc j’appelle aussi les clubs à leur responsabilité sur le climat dans leurs stades. On doit appliquer une tolérance zéro sur les chants et banderoles insultants, discriminatoires, homophobes. Fin avril, nous devons signer une convention avec la LFP et qui devra déterminer qui est responsable de quoi. Qui doit contribuer à quoi. Il ne doit pas y avoir de flous dans les périmètres de responsabilité. »
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