Selon Le mouvement politique d’opposition burkinabè SENS (« Servir Et Non se Servir »), la tuerie de la ville burkinabé du village de Solenzo qui aurait eu lieu les 10 et 11 mars s’inscrit dans une lignée d’autres massacres de populations civiles, perpétrées en 2023 et 2024, ayant comme conséquence des dizaines de femmes, d’enfants et de vieillards massacrés.
La version officielle est que le 10 mars, « un poste avancé des ‘Volontaires pour la défense de la patrie (VDP)’ a été « attaqué par des terroristes ». Elle fait état d’une « centaine de jihadistes » tués.
De son côté, le SENS dénonce d’« horribles crimes sur des enfants, de vieilles personnes et des femmes sans défense » soulignant que « la lutte contre le terrorisme n’autorise pas tout. »
Des images de dizaines de corps ligotés, ensanglantés, sans signe de vie apparent ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux. Ces images ont attiré l’attention de l’«Human Rights Watch », ONG de défense des droits humains qui, après les avoir analysées, a recueilli plusieurs témoignages. Elle a conclu que la communauté peul était particulièrement visée dénombrant au moins 58 morts.

Des images tournées le 15 mars et fournies par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, JNIM) montrent des civils qui témoignent : « Armée et miliciens sont venus de toutes parts […] ils ont tué des innocents pour des raisons ethniques […] nous sommes les rescapés de l’attaque […] ils ont tué, brulé et pris les bêtes. On appelle les musulmans à l’aide.» (source : blog de Wassim Nasr.)
Les miliciens burkinabés du Groupe d’autodéfense de Mahouna ou encore des Forces rapides de Kouka dépendant des VDP, force fondée en décembre 2019 pendant l insurrection jihadiste au Burkina Faso et des militaires du 18ème Bataillon d’intervention rapide sont soupçonnés d’en être les auteurs. Dans un rapport, l’ONG estime que des dizaines de personnes ont été tuées les 10 et 11 mars par ces forces de l’ordre au cours d’une opération en représailles à des attaques jihadistes précédentes.
De son côté, le gouvernement burkinabè a dénoncé dans un communiqué publié le 15 mars : « une vaste campagne de désinformation » qui est destinée à « discréditer [de] vaillants combattants et faire peur aux paisibles populations. »

Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, le porte-parole du gouvernement a condamné : « la propagation (…) d’images d’incitation à la haine et à la violence communautaire », criant aux « fausses informations » qui mettraient à mal « la cohésion sociale et le vivre-ensemble » du pays.

La junte burkinabè arrivée au pouvoir par un putsch en septembre 2022 avait promis de rétablir la sécurité dans le pays, menacé par des violences jihadistes depuis 2015.
Selon l’ONG « Armed Conflict Location & Event Data », ces violences ont causé la mort d’au moins 26.000 personnes dans le pays, dont la moitié après le coup d’État de 2022.
La junte burkinabè est régulièrement accusée d’exactions contre des civils sous couvert de lutte contre le terrorisme.
Les Peuls, un peuple établi dans toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà de la bande sahélo-saharienne, majoritairement musulmans, sont particulièrement visés car ils sont souvent suspectés de soutenir les jihadistes.
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