Le gaz du gisement transfrontalier mauritano-sénégalais de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) hiberne depuis deux mois, alors que la société bp et ses partenaires, KosmosEnergy, la SMH et Petrosen avaient annoncé, en grande pompe, le début de l’exploitation début janvier. L’annonce impromptue d’une fuite de gaz, le 19 février, semble avoir tempéré les ardeurs, à tel point que le pessimisme commence à gagner le cœur de la plupart des citoyens mauritaniens déjà échaudés par le manque d’impact réel d’autres ressources comme l’or, le cuivre et le fer exploités pourtant depuis des décennies
Le fait que bp ait annoncé pourtant que le puits concerné est «en réparation» n’a pas rassuré complètement ceux qui commencent à douter sur le véritable impact socio-économique de l’énorme gisement gazier découvert au large du Sénégal et de la Mauritanie. Ce scepticisme ne vient pas uniquement du fait qu’un ancien ministre mauritanien de l’Economie et des Finances, fin connaisseur du domaine, ait déclaré que les retombées de l’exploitation de GTA ne sont pas attendues sur le court et moyen termes, mais parce que tout problème qui surgit au moment de la mise en exploitation du gaz va être inscrit au registre des charges et amoindrir, du coup, ce que la Mauritanie et le Sénégal sont en droit d’attendre comme retombées financières au terme d’accords mal négociés au départ, estiment des experts indépendants des deux pays.
Des bulles de gaz sous-marines à faible débit sur le puits A02
Les études d’impact environnemental avaient prévu des incidents de ce genre mais personne ne pouvait imaginer qu’un tel incident pouvait subvenir aussi tôt. Avant même que le premier bateau transportant le gaz extrait de GTA ne soit mis sur le marché !
Nous avons découvert des bulles de gaz sous-marines à faible débit sur le puits A02, avait indiqué l’opérateur britannique bp, en charge du site, dans un communiqué, alors que la nouvelle de l’accostage du premier bateau devant charger les premières tonnes de GNL venait de tomber et a été vécue, aussi bien à Nouakchott qu’à Dakar, comme l’Evènement de l’année qui commence.
Pour tenter de rassurer les gouvernements mauritanien et sénégalais, mais aussi les opinions publiques des deux pays, bp avait annoncé que, «compte tenu de la faiblesse du débit et des propriétés du gaz et des condensats, l’impact sur l’environnement devrait être négligeable», et soutenu que la fuite «ne pose pas de risque aux employés.»
Si la fuite a été annoncée mercredi 19 février sur la page Facebook du ministère de l’Environnement, le groupe de réflexion LEGS-Africa, basé à Dakar, a pointé «l’urgence et la nécessité d’informer les Sénégalais sur les causes, l’ampleur et les impacts de cette fuite de gaz sur l’environnement marin, la sécurité et la santé des populations riveraines.
Le gisement de Grand Tortue Ahmeyim, découvert en 2015 à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, est développé par le britannique bp avec l’américain KosmosEnergy, la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) et Petrosen du Sénégal. La production annoncée du projet GTA, sur la côte Atlantique, est d’environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Repoussée à plusieurs reprises, l’exploitation du site était très attendue par les gouvernements sénégalais et mauritaniens afin de transformer leur économie.
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