La France, l’Italie et le Royaume-Uni ont annoncé le 14 mars avoir passé une nouvelle commande de missiles Aster 30 Block1 et Aster 15. Cette acquisition conjointe vise à compléter les stocks des forces navales et unités de défense sol-air des trois pays, tout en soutenant la montée en cadence de production de l’industrie.
Cette commande s’est faite via l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR) au groupement Eurosam, réunissant MBDA et Thales. Portant sur plus de 200 nouveaux missiles, la notification de cette nouvelle tranche de production suit une commande de 700 Aster signée en décembre 2022. Ce contrat, explique le ministère français des Armées, « a pour ambition d’accélérer la production de missiles Aster commandés en décembre 2022, avec 134 missiles supplémentaires livrés entre 2025 et 2026. Initiée en 2024, cette augmentation des cadences est le résultat d’adaptations apportées par MBDA et ses sous-traitants afin de relever les défis de l’effort de défense ».
Il s’agit, dans un contexte international très dégradé et face à la menace russe, de recompléter les stocks de missiles français, italiens et britanniques, tout en soutenant la hausse de la cadence de production de MBDA, qui produit les Aster en France et en Italie, notamment sur son site de Selles-Saint-Denis (Loir-et-Cher). D’autres partenaires industriels de ce programme, comme Thales, Avio et KNDS Ammo, sont mobilisés. En 2024, le missilier européen avait indiqué qu’il avait pour objectif de réduire le délai de fabrication d’un missile de ce type de 42 à 18 mois, tout en étant en mesure d’accroître la production de 50% d’ici 2026.
La nouvelle commande (on parle de 218 missiles) comprend des Aster 30 B1 destinés aux systèmes sol-air SAMP/T NG de la France et de l’Italie, ainsi que les frégates britanniques, françaises et italiennes, mais aussi des Aster 15 (uniquement pour la Marine nationale).
Ces commandes assez massives doivent donc permettre de renforcer les stocks de munitions, qui n’étaient pas à leur plus haut niveau ces dernières années, tout en compensant les missiles tirés en opération. L’Aster a en effet été régulièrement employé depuis deux ans non seulement par les batteries SAMP/T Mamba fournies en 2023 par la France et l’Italie à l’Ukraine pour se protéger des attaques aériennes russes, mais aussi par les frégates françaises, britanniques et italiennes pour protéger le trafic maritime des attaques des rebelles yéménites Houthis en mer Rouge. Entre octobre 2023 et mars 2024, la Marine nationale avait employé 22 Aster (15 et 30) à cet effet, notamment contre des drones mais aussi des missiles, y compris balistiques.
Pour mémoire, la Marine nationale embarque l’Aster sur le porte-avions Charles de Gaulle (32 Aster 15), les frégates de défense aérienne Forbin et Chevalier Paul (48 Aster 15 et Aster 30), les frégates multi-missions (FREMM) Aquitaine, Provence, Languedoc et Auvergne (16 Aster 15), les FREMM Bretagne et Normandie (16 Aster 15 et Aster 30), les FREMM à capacités de défense aérienne renforcées Alsace et Lorraine (32 Aster 15 et Aster 30) et, bientôt, les nouvelles frégates de défense et d’intervention (FDI) dont la tête de série, l’Amiral Ronarc’h, rejoindra la flotte française cette année. Ces bâtiments pourront mettre en œuvre 16 Aster 15 et Aster 30, avec la possibilité de doubler cette dotation (en passant de deux à quatre lanceurs octuples Sylver).
Du côté de la Royal Navy, seuls les six destroyers antiaériens du type 45 sont équipés d’Aster (48 missiles).
Quant à la Marina militare italienne, elle l’emploie sur le porte-aéronefs Cavour (32 missiles), le porte-hélicoptères d’assaut Trieste (16 missiles), ses deux frégates de défense aérienne de la classe Andrea Doria (48 missiles), ses huit FREMM à raison de 16 missiles (deux autres frégates de ce type étant en construction et une paire supplémentaire en version EVO étant ensuite prévue), ainsi que ses nouveaux Pattugliatori Polivalenti d’Altura (PPA) dont quatre unités sont en service et trois autres prévues. Les PPA embarquent 16 Aster.
Entré en service en 2000 avec le porte-avions Charles de Gaulle, l’Aster est un redoutable missile antiaérien conçu dès l’origine pour contrer des missiles antinavire très rapides et manoeuvrants. Il a été initialement décliné en deux versions, l’Aster 15 avec une portée de 30 km et l’Aster 30, qui a été perfectionné au fil des années pour atteindre 120 km. Sa dernière évolution opérationnelle en date, l’Aster 30 Block 1, peut traiter des menaces balistiques dont la portée va jusqu’à 600 km. En cours de développement, la prochaine version, l’Aster 30 Block 1 NT (New Technology), aura la capacité à neutraliser des missiles hypersoniques et des engins balistiques dont la portée va jusqu’à 1500 km. Ce missile équipera les SAMP-T/NG terrestres français et italien, à partir de 2026, puis les quatre frégates de défense aérienne franco-italiennes du type Horizon (classes Forbin et Andrea Doria) dans le cadre de leur rénovation à mi-vie, qui sera conduite entre 2027 et 2029 pour les bâtiments italiens et entre 2029 et 2030 pour leurs homologues français. La portée du B1NT, qui peut atteindre une altitude de 25.000 mètres, sera de plus de 150 km. On notera que les évolutions apportées par le B1NT, notamment au niveau des algorithmes de guidage, vont aussi bénéficier aux autres missiles de la famille Aster, comme l’Aster 30 mais aussi l’Aster 15 dont une nouvelle version, l’Aster 15 EC, est en cours de développement par la France (sa portée sera notamment doublée). La Marine nationale considère qu’il reste complémentaire à l’Aster 30, notamment en matière de volume minimal d’engagement, en particulier pour faire face à des attaques saturantes.
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