Moins de gros sabots, plus de recyclage

Des changements importants bousculent l’industrie du recyclage des bouteilles au Nouveau-Brunswick. Il faudra moins d’arrogance et plus d’ouverture pour que le nouveau système soit une réussite.

Les centres de recyclage jouent un rôle essentiel au Nouveau-Brunswick. Sans eux, des millions de bouteilles prendraient le chemin des dépotoirs. Ils ne sont toutefois pas synonymes de modernisme ni de recherche et de développement technologique.

Les centres de recyclage n’ont pas beaucoup changé depuis 20 ans en Acadie. Ils ont généralement l’allure d’un entrepôt. Les citoyens s’y rendent avec quelques sacs-poubelle remplis de bouteilles. Un employé – ou souvent même le propriétaire – compte ensuite les bouteilles vides une à la fois, les redistribue dans différents bacs, puis vous donne quelques dollars. Vous repartez ensuite avec votre sac vide, des billets et avec le sentiment d’avoir fait votre petite part pour l’environnement.

Ces centres ne roulent pas nécessairement sur l’or. Plusieurs personnes ne se donnent pas la peine d’y amener leurs bouteilles en raison du faible retour. Qui a le goût de remplir et d’accumuler des sacs chez soi pendant des mois en échange d’une poignée de dollars? D’autres préfèrent déposer leur recyclage dans les bacs bleus, afin qu’il soit traité par la Commission de services régionaux, même s’ils ne reçoivent pas d’argent en retour.

Cela dit, le système fonctionne bien quand même, notamment en raison de sa simplicité, du fait qu’il est bien rodé et parce qu’il est fiable. Les propriétaires et les employés des centres de recyclage font du bon boulot, sans que la qualité de leur travail ne soit mise en doute.

Or, le gouvernement provincial ne veut plus faire affaire directement avec les dizaines d’entrepreneurs en recyclage. Il a plutôt signé un contrat avec Encorp Atlantique.

Encorp Atlantique a été créé en 1992 en réponse à l’adoption de la Loi provinciale sur les récipients à boisson. Son rôle principal consiste à trouver un marché pour les bouteilles recyclées et à s’assurer qu’elles ne seront pas jetées dans un site d’enfouissement de déchets.

D’autres provinces ont choisi ce modèle. Encorp Pacific recueille et recycle bon an mal an environ un milliard de récipients consignés en Colombie-Britannique, notamment grâce à ses centres de libre-service Return-It.

Au Nouveau-Brunswick, Encorp a attiré l’attention en 2017 avec un projet pilote dans ses centres de Moncton et de Dieppe. Ces centres permettaient de recycler jusqu’à 160 récipients en moins de 30 secondes et de recevoir ensuite le remboursement directement dans son compte bancaire. Une technologie qui ne peut que faire rêver le petit centre de recyclage de votre communauté.

Nous saluons le fait que Encorp mette son expertise et sa technologie de l’avant au Nouveau-Brunswick, même si cela a pour effet de bousculer des habitudes bien ancrées.

Il y a toutefois la manière. En débarquant avec ses gros sabots et en imposant ses procédures à des entrepreneurs qui ont fait leurs preuves et dont le dévouement ne peut être remis en question, Encorp se tire dans le pied.

Des entrepreneurs ont dénoncé les pratiques d’Encorp ces dernières semaines. Imposer des pratiques uniformes est une chose. Mettre en place des règles qui ne tiennent pas compte des spécificités régionales et menacer les entrepreneurs de pénalités financières est cependant inacceptable.

Les entrepreneurs qui se sont confiés à l’Acadie Nouvelle ont fait état d’un contrat à sens unique, dans lequel Encorp décide des heures d’ouverture, oblige les centres de recyclage à utiliser son système de point de vente informatique de même que le port d’un uniforme.

Si certaines clauses du contrat ne sont pas respectées, Encorp menace d’imposer des pénalités allant jusqu’à 6% des revenus annuels de l’entreprise «délinquante».

L’industrie du recyclage peut et doit faire mieux au Nouveau-Brunswick. Nous souhaitons qu’un plus grand nombre de contenants soient recyclés. La décision du gouvernement Higgs de doubler la consigne de 5 cents à 10 cents aidera à atteindre cet objectif.

Encorp peut contribuer à transformer l’industrie du recyclage dans notre province. Nous l’invitons toutefois à agir comme un meilleur citoyen corporatif exemplaire, sans rendre la vie misérable aux petits entrepreneurs qui tiennent les centres de remboursement à bout de bras dans nos régions.

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.