Momo Sissoko – « faire partir cette bande d’incompétents »

Mohamed Sissoko a accordé un entretien exclusif à
Afrik-Foot.com. L’ancien milieu de terrain des Aigles du Mali, du
Paris Saint-Germain et de Liverpool appelle à une grande
mobilisation des acteurs du football malien pour se débarrasser des
incompétents” qui dirigent le football dans son pays. Il
déplore la façon dont le sélectionneur Eric Chelle a été limogé et
qualifie de “sketch” la suspension du capitaine Hamari
Traoré.

Entretien réalisé par Yoro Mangara,

La situation est tendue entre la Fédération malienne de
football et certains cadres de l’équipe nationale signataires du
communiqué, qui réclament plus de professionnalisme dans la gestion
de la sélection… Quelle est votre réaction sur cette affaire
(interview réalisée avant la publication du communiqué
annonçant vendredi le retrait de plusieurs
internationaux jusqu’à nouvel ordre, ndlr)
?

On est dans une situation qui n’arrange personne au final. Je
pense que les joueurs ont manifesté un certain énervement que je
comprends, que nous avons vécu il y a plus de quinze ans.
Maintenant, le fait de voir le Mali dans cette
situation
, quand on voit le potentiel du Mali, c’est
juste catastrophique. Le pays ne mérite pas cela. Quand vous jouez
au haut niveau, il y a des choses que vous ne pouvez pas
accepter.

Comment expliquez-vous que les footballeurs de 2024
vivent et décrient les mêmes situations que vous avez connu au
début des années 2000 ?

Malheureusement, nous avons affaire à des personnes qui ne
connaissent pas le football de haut niveau, ils ne connaissent pas
ce dont ils parlent. C’est de l’amateurisme ! Nous avons au
Mali de grands joueurs qui évoluent
dans les plus grands clubs en Europe, mais une fois en
rassemblement avec les Aigles, ils sont traités comme des amateurs
par les personnes qui dirigent le football malien, et qui le tirent
vers le bas. Avec cette politique, tu ne peux pas aspirer à
grand-chose.  Maintenant, moi je reste convaincu que si nous
travaillons main dans la main, tous ensemble, et qu’on puisse
mettre quelque chose en place à travers des discussions dans un
premier temps. Cela va accoucher de quelque chose de solide qui
pourra nous permettre de dégager ceux qui sont là, pour le bien du
football malien. C’est seulement ainsi qu’on pourra aider le
football malien, qu’on pourra voir le Mali gagner car le talent est
là.

“Le limogeage de Chelle ? Irrespectueux et honteux
!”

On constate de plus en plus le retour aux affaires des
anciens internationaux africains avec leur sélection respective,
pourquoi ça ne se fait pas au Mali ?

C’est une très bonne question. Tous les anciens internationaux
maliens ont envie d’avoir un poste à responsabilité au sein du
football malien afin d’apporter leur expertise, afin de faire
avancer les choses parce que la plupart d’entre nous ont joué au
très haut niveau. Malheureusement, ceux qui sont là, ne veulent pas
entendre parler de nous, ils veulent occuper la place et faire
n’importe quoi. Nous voulons avoir un rôle majeur dans
l’organigramme, mais il y a des gens qui nous mettent des bâtons
dans les roues, ils veulent mener leur mission comme ils
l’entendent. C’est pour ça qu’on ne voit pas d’anciens
internationaux maliens autour de l’équipe nationale et du football
malien.

Eric Chelle a été démis de ses
fonctions après la défaite contre le Ghana en juin dans les
éliminatoires de la Coupe du monde
2026. Que pensez-vous de ce limogeage ?

En fait, la situation au Mali est très complexe. Il faudra qu’on
soit unis, qu’on s’assoie autour d’une table, nous les anciens et
les footballeurs actuels. Actuellement, nous sommes dispersés
malheureusement, et tant qu’on le sera, on ne pourra rien
faire.

Pour en revenir au limogeage de Chelle, c’est irrespectueux et
honteux ! Son bilan à la tête de l’équipe nationale du Mali est
plus que positif. Il a réussi à créer de l’engouement, du dynamisme
autour de l’équipe nationale, il a pu convaincre des binationaux
que nous voulaient pas entendre parler du Mali de porter les
couleurs de notre pays. Il a fait un quart de finale de CAN avec le plus beau football du
tournoi. Je suis très attristé par son départ.  J’espère qu’il
va tenir bon, qu’il va se joindre à notre lutte pour éradiquer le
fléau qui gangrène le football malien et que tout le monde
sait.

© Iconsport

Le président de la fédération malienne de football,
Mamoutou Touré “Bavieux” est en prison, êtes-vous intéressé par son
poste ?

Non, je pense que ce n’est pas une question de Momo Sissoko ou
d’un ancien footballeur. Nous devons juste avoir quelqu’un de
compétent à la tête de la fédération. Que cette personne puisse
collaborer avec les anciens internationaux qui connaissent le haut
niveau, qui peuvent tirer notre football vers le haut. Nous avons
toutes les compétences qu’il faut pour réussir, pour avoir une
équipe nationale aussi compétitive que celle du Sénégal. Le Sénégal s’est appuyé
sur ses anciens internationaux pour développer son football, comme
la Guinée et la Mauritanie. Ce n’est qu’au Mali où
on nous fait la guerre.

“La suspension d’Hamari Traoré est un sketch”

Fousseni Diawara a été obligé
d’aller en Guinée pour être l’adjoint de Kaba
Diawara, preuve que les fils du Mali sont compétents ?

Nous avons des compétences dans tous les domaines. La chance que
nous avons, c’est que tous les fils de la diaspora du Mali sont
prêts à aider l’équipe nationale. Nous avons des médecins
compétents, des spécialistes dans tous les domaines.
Malheureusement, toutes ces personnes qui sont compétentes sont
bloquées par des incompétents.

Hamari Traoré, votre capitaine, a
été suspendu par la Fédération jusqu’à nouvel ordre parce qu’il
a refusé de se présenter à une convocation après la publication du
communiqué des joueurs. Avez-vous discuté avec lui depuis
?

Je lui ai envoyé un petit message de soutien. Cette suspension
est un sketch selon moi. Je le vois comme un sketch. Je crois
sincèrement que si les joueurs sont soudés, si les anciens
internationaux sont soudés, on pourra faire partir toute cette
bande d’incompétents qui empêche le football malien d’aller de
l’avant.


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