« Monaco possède un modèle social et économique unique en Europe qu’il faut protéger » (Objectif Monaco)
Sa superficie – 2 kilomètres carrés – constitue probablement l’une des particularités les plus visibles de Monaco. Une contrainte que la Principauté n’a eu de cesse de contourner, voire de transformer en opportunité pour innover, de diverses façons. Monaco souvent perçue sous un angle touristique, est pourtant aussi un pays industriel – il a longtemps été tourné vers l’automobile – engagé dans le soutien à l’innovation et même précurseur en la matière que ce soit par le biais de son incubateur MonacoTech que par les programmes que portent le gouvernement et son ministre dédié, Frédéric Genta. Monaco, établie entre mer et montagne, entre la France et l’Italie, joue par ailleurs un rôle majeur en matière économique, ne serait-ce que parce qu’elle constitue un bassin d’emploi important, accueillant quotidiennement des milliers de salariés originaires des pays limitrophes. Ainsi sur 53.000 salariés issus du privé, 44.000 salariés sont Français alors qu’un peu plus de 4.000 salariés sont Italiens.
Une excellence à défendre
Le Rocher, comme on l’appelle aussi, possède surtout un modèle social à part. Un modèle qu’il faut préserver, défend Objectif Monaco. Ce think tank est né en 2023, alors que Bruxelles et Monaco étaient engagées dans des discussions autour d’une intégration de la Principauté au sein de l’Union européenne. Une perspective qui n’enchantait guère alors les entrepreneurs et dirigeants réunis au sein de ce collectif attaché à défendre précisément les spécificités de leur pays.
« Monaco est un pays qui pousse à l’excellence », indique Stéphane Garino, président du think tank et par ailleurs président de l’Ordre des Experts-Comptables de Monaco. Une excellence qui ruisselle dans les différentes strates économiques parce que la Principauté est précisément à la fois un pays et une ville très internationale, avec des attentes à la hauteur de cette dimension. Avec comme effet collatéral positif, celui de pousser les formations et les attentes en termes de compétences à ce niveau qualitatif. « Les jeunes que nous formons ici sont rapidement confrontés à une vraie clientèle internationale », avec le niveau d’exigence que cela comprend. C’est aussi intégrer assez vite une certaine notion de risque, comme le souligne pour sa part Fabien Deplanche. « La gestion du risque – dont le risque en termes d’image – est ici décuplée. Cela oblige à former les collaborateurs en conséquence, à se remettre en question en permanence », appuie pour sa part celui qui est aussi le président de la Chambre patronale du bâtiment. Objectif Monaco qui défend une excellence – « y compris dans les métiers d’art », dit Fabien Deplanche – qui pousse à une certaine technicité.
Accompagner la transformation de l’économie
Pas moins qu’ailleurs, malgré tout, Monaco voit aussi son économie évoluer. L’industrie automobile, qui a longtemps été un fleuron national, a peu à peu laissé la place à une autre industrie, plus innovante, plus numérique. La création de Monacotech, l’incubateur-accélérateur né en 2017 de l’union du gouvernement, de Monaco Telecom et de Xavier Niel, a été une première brique de la volonté de smart country du pays. C’est aussi une jolie vitrine qui dès l’origine a pris un volet international. Monaco qui a, par exemple, adopté la 5G avant la France. « L’innovation contribue à l’image de la Principauté », reconnaît Stéphane Garino. « C’est une transformation de l’économie qui suit son évolution ». L’entreprenariat – au-delà de la création de startups – est un vecteur de cette évolution. « Il existe beaucoup de jeunes entrepreneurs, actifs notamment dans la proptech, l’import-export », note encore le président du think tank. Monaco, un pays « entreprenariat friendly », ce qui permet notamment de favoriser les collaborations avec les pays voisins. « Les relations sont davantage vécues comme un partenariat, ce qui contribue à créer un cercle vertueux », note Fabien Deplanche.
Une coopération plus large ?
Mais si Objectif Monaco défend le modèle monégasque c’est bien que celui-ci peut parfois être menacé ou se sentir comme tel. Ce qui pousse le think tank à se placer dans une vision prospective, à imaginer quelle évolution l’économie du pays doit tracer. « Il faut maintenir ce dynamisme économique, apprendre à renforcer les liens avec l’international tout en conservant le modèle qui fait l’identité de Monaco », assure Stéphane Garino quand Fabien Deplanche table sur davantage d’exigence. « Nous voulons faire plus et mieux. Nous sommes capables d’imposer des réglementations, des standards à l’extrême », conséquence de l’ultra-exigence qui sous-tend tous les secteurs. « Nous devons nous battre pour nos spécificités alors que le reste du monde travaille à s’harmoniser », rajoute Stéphane Garino.
Ce qui ne doit pas empêcher d’aller précisément plus loin, notamment dans les relations avec la France. Pourquoi pas imaginer une zone logistique tampon entre les deux pays, qui bénéficierait aux deux territoires à l’heure des préoccupations environnementales et alors que la mobilité est plus que jamais un enjeu primordial. L’innovation c’est aussi avoir des idées neuves en matière organisationnelle. « Les forces vives sont là pour apporter au débat ».
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