Mutimédaillée et dévote de la Vierge Marie, Marie-Stella Odoulami, l’ambassadrice du karaté au Bénin

Tout est parti d’un film-documentaire
que suivait à la télévision, un mercredi soir, la petite famille Odoulami.
Ayant remarqué sa nièce séduite par le manège des acteurs en kimono, la tante
risque la question déclencheuse : « Marie-Stella,
voudrais-tu faire du karaté ? ». Le « oui » de la jeune enfant est spontané. Dès le week-end
d’après, elle est inscrite au dojo du quartier.

En cette année 2008,
nouvelle collégienne, la jeune enfant avait alors seulement 10 ans. Mais très
vite, pour elle s’amoncellent les lauriers puisque dès 2012, pour sa première
compétition, elle décroche une médaille d’or qui sera suivie de bien d’autres.
Si la karatéka ceinture noire 1er dan compte aujourd’hui 36
médailles internationales dont 22 en or, six en argent et sept en bronze, elle reste
tout de même encore très préoccupée par la faible représentativité des filles
béninoises dans les arts martiaux.

«
Il y a moins de filles que de garçons qui pratiquent les sports au Bénin en
général, et les arts martiaux en particulier », se
désole Odoulami. Alors que, passionnée de diplomatie sportive, elle réfléchissait
à contribuer à la réduction de cette disparité, elle tombe, en août
2023, sur le programme ‘‘Impact 2024-athlètes entrepreneurs’’ organisé par
Yunus Sport Hub sous la coupole de l’Agence française de développement (Afd).

« Créer
une académie de karaté pour filles »

L’objectif de ce
programme de l’Afd qui est à sa 3e édition est de « soutenir des sportives et des
sportifs dans leurs projets d’entrepreneuriat à impact, avec un accompagnement
sur mesure ». La candidature de Marie-Stella retient l’attention du
jury. Elle fait partie des 31 athlètes sélectionnés en France puis en Afrique
et, au bout des séjours dans l’Hexagone pour des colloques, formations et
coaching, elle compte réaliser au Bénin le projet qui lui vaut sa sélection.

Le projet présenté par
Marie-Stella dans le cadre de ce programme consiste en la création d’une
académie de karaté qui sera ouverte uniquement aux filles. « Elles y apprendront les arts martiaux, le karaté en l’occurrence,
dans une perspective de développement personnel et d’égalité des sexes »,
explique-t-elle. Cet objectif général, la jeune femme le raccorde aux Objectifs
de développement durable (Odd) numéro 3, 4 et 5 portant respectivement sur la
bonne santé, l’éducation de qualité et l’égalité entre les sexes.

Plus concrètement, Marie-Stella
compte faire de cette académie un espace de « sensibilisation sur la pratique des arts martiaux, d’apprentissage
et de perfection dans ce domaine ». Partant du constat que « le sport est un facteur majeur de
mobilisation », elle estime qu’« autour
du sport, on peut aujourd’hui faire beaucoup d’actions : promouvoir la paix,
inciter aux gestes éco-citoyens, parler de l’inclusion sociale, diffuser des valeurs
telles que la solidarité et la tolérance ». 

« Je
travaille puis je prie et j’ai le résultat »

Doit-elle sa fibre
catholique à son prénom Marie-Stella, un prénom que lui ont donné ses parents à
sa naissance ou est-ce plutôt le fruit de la formation chrétienne reçue en
famille, à la catéchèse puis dans la Communauté Sant’Egidio Bénin dont elle est
une auditrice des ‘‘École
de la paix’’ ? Ce qui est certain, les nombreux succès
de l’athlète n’ont guère entamé sa foi chrétienne. Au contraire.

« Il
y a lien entre ma foi chrétienne et mon succès sportif ; ça, c’est sûr ! »,
assure, en effet, Odoulami. « Je
travaille puis je prie et j’ai le résultat, car Dieu n’abandonne jamais
les siens. Il féconde les efforts de celui ou celle qui s’investit avec
application et persévérance dans le travail et qui se confie à lui »
témoigne-t-elle.

Par ailleurs, cette
sportive est une fervente dévote de la Vierge Marie. « Ma dévotion mariale, j’en ai toujours fait l’expérience avec
satisfaction. Avec Marie, les cas impossibles deviennent possibles quand il
s’agit d’aller en compétition. Et même quand j’échoue, c’est souvent un succès
différé » confie-t-elle.