Nelson Foix réalise un film symbole sur les tribulations d’un jeune Guadeloupéen

Un jeune homme, des motos et un bébé… dans un cabas. Ce sont les ingrédients du premier film de Nelson Foix qui se fait le porte-voix d’une jeunesse antillaise en souffrance.

France Télévisions – Rédaction Culture


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Une scène du film "Zion" de Nelson Foix. (KISSFILMS/DE L'AUTRE COTE DU PERIPH'/FRANCE 3 CINEMA)

Une scène du film « Zion » de Nelson Foix. (KISSFILMS/DE L’AUTRE COTE DU PERIPH’/FRANCE 3 CINEMA)

Le quotidien d’un jeune homme qui vit au jour le jour, porté par son amour pour les motos, sur son île de Guadeloupe : c’est cette histoire-là que raconte Nelson Foix dans Zion, à découvrir dans les salles hexagonales le 9 avril. Le film fait un carton aux Antilles où il est sorti en avant-première le 14 mars dernier.  

Chris, incarné par Sloan Decombes, court les filles, de préférence sur sa moto avec laquelle il excelle en rodéo urbain dans sa banlieue de Point-à-Pitre. La séquence où il fait montre de ses talents surprend d’ailleurs par sa poésie et atteste de celui de Nelson Foix pour composer des scènes qui prennent souvent des allures de tableaux. L’amour des belles motos pousse Chris à accepter la proposition d’un des caïds du coin, Odell (Cedrick Valier « Zebrist »). Le deal : réaliser deux petites livraisons en une heure, facile avec une grosse cylindrée. C’est sans compter un petit imprévu le jour « J » : un bébé dans un cabas attend Chris devant sa porte. C’est littéralement le début des « emmerdes » pour le jeune homme qui va perdre l’un des colis confiés par Odell. Le voilà donc pris en tenaille, avec un enfant sur les bras, entre Odell et son rival Tidog (Saint-Eloi Dominique « Don Snoop »), certainement à l’origine de la disparition du paquet transporté par Chris.

La vie de Chris devient une infernale course-poursuite sur fond de trafic et de consommation de drogue, de carnaval et d’émeutes. La Guadeloupe que l’on découvre est une île où le désœuvrement des jeunes s’affiche partout. Ils traînent dans les immeubles, dans la ville en plus ou moins bon état, tentant de survivre comme ils peuvent de petits boulots ou de combines parfois trop risquées. Pour eux, la vie sous les tropiques n’a rien de paradisiaque, ce n’est donc pas la terre promise qu’est Zion pour les rastafaris. À la violence sociale et politique à laquelle les jeunes gens tentent de résister, s’ajoute celle brute, véhiculée entre autres par des armes qui circulent comme des petits pains dans l’île.

La spiritualité sous toutes ses formes  – les figures mariale et christique sont très présentes dans Zion –, l’héritage africain de l’île qui se manifeste chez les joueurs de gwoka, dont le père de Chris –Joe (Philippe Calodat) – fait partie, les tensions intergénérationnelles et la précarité constituent la trame de fond de ce voyage initiatique à 100 à l’heure. Chris, qui court sur une bande-son endiablée avec son cabas transformé en couffin pour le bébé dont il a hérité, n’a rien à envier à Ethan Hunt dans Mission : Impossible, le personnage de Tom Cruise connu pour ses sprints légendaires. 

Pour son premier film – version longue de son court métrage Timoun Aw – que l’humoriste Jamel Debbouze a co-produit, Nicolas Foix ne s’est pas facilité la tâche. La plupart des scènes sont nocturnes. Sa caméra a dû se faufiler dans les dédales de la ville ainsi qu’au milieu de la foule des carnavaliers et des émeutiers. Et surtout Foix a décidé de diriger un bébé, acteur dont le nom apparaît en deuxième position après celui de Sloan Decombes dans le générique de fin. Le résultat est d’ailleurs phénoménal : capturer les expressions du nourrisson n’a pas dû être une sinécure. Notamment pour l’une des plus émouvantes scènes du film.

Et c’est une nouvelle preuve du talent de metteur en scène de Foix qui apporte un soin particulier à ses premiers plans comme à ses arrière-plans. Son ambition esthétique, liée à une envie d’apporter de la poésie à des situations pour le moins désespérées, fait de Zion un bel objet cinématographique. « Guadeloupéen prend courage », peut-on lire sur le mur de l’une des scènes finales du long métrage : un message explicite pour un film, dédié aux générations futures, qui joue parfaitement avec les symboles.

Affiche du film "Zion" (KISSFILMS/DE L'AUTRE COTE DU PERIPH'/FRANCE 3 CINEMA)

Affiche du film « Zion » (KISSFILMS/DE L’AUTRE COTE DU PERIPH’/FRANCE 3 CINEMA)

La fiche 

Genre : Thriller  
Cinéaste : Nelson Foix
Distribution : Sloan Decombes, Philippe Calodat, Cedrick Valier « Zebrist », Saint-Eloi Dominique « Don Snoop », Axelle Delisle
Pays :  France 
Durée : 1h39
Sortie : 9 avril 2025
Distributeur : The Jokers Films 
Synopsis : En Guadeloupe, Chris partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto. Repéré par Odell, le caïd du quartier voisin, Chris se voit confier une livraison à risque. Malgré la mise en garde de son meilleur ami, il accepte la mission. Mais le jour de la livraison, il découvre qu’un bébé a été déposé devant sa porte. Commence alors pour lui, une course infernale qui le mènera à un choix crucial… 


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