Nicolas Simel NDIAYE: «Le Bénin a adopté une approche proactive en matière de transformation économique»
Financial Afrik a échangé avec Nicolas Simel NDIAYE, conseiller du ministre de l’Economie et des Finances du Bénin et Coordonnateur de la Delivery Unit (Unité d’appui stratégique) du ministre, en marge du Choiseul Africa Sommit organisé à Cotonou. Exclusif.
Comment évaluez-vous l’impact du Choiseul sur l’attractivité du Bénin et quel rôle pensez-vous que ce forum peut jouer pour stimuler l’investissement et les partenariats en Afrique de l’Ouest?
L’organisation du Choiseul Africa Summit à Cotonou offre une belle opportunité de mettre en lumière les fondements qui font du Bénin un modèle de transformation économique en Afrique. Deux éléments majeurs illustrent cette dynamique :
D’une part, une gestion macroéconomique responsable, transparente et innovante. Grâce à une gestion proactive des finances publiques dans un contexte régional et international difficile, le Bénin a enregistré une croissance moyenne du PIB de 6,6 % au cours des 3 dernières années, tout en se distinguant par la maitrise de l’inflation (1,2% à fin décembre 2024), du déficit budgétaire (3%) et du niveau d’endettement (53,7% du PIB). Ces performances sont le résultat des réformes ambitieuses déployées par le Gouvernement et des efforts consentis par tous les béninois. Cela a permis d’accroitre considérablement la mobilisation des ressources domestiques, ce qui, par ricochet, a renforcé la capacité du gouvernement à accéder à des financements internationaux compétitifs et diversifiés pour déployer des projets structurants.
D’autre part, une stratégie de diversification économique ambitieuse. Sous l’impulsion du Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon, cette diversification repose sur trois piliers :
– Un renforcement de l’agriculture, qui, au-delà du coton, s’est élargie à d’autres filières stratégiques comme le soja, l’anacarde et le riz, avec une productivité et une production en forte augmentation au cours des cinq dernières années.
– Un virage industriel dont la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ) est le symbole, avec plus de 14 000 emplois créés en seulement trois ans grâce à la transformation locale des matières premières du pays et la remontée des chaines de valeur.
– Des investissements massifs dans le tourisme pour développer plusieurs segments (culturel et mémoriel, balnéaire etloisirs, affaires, etc.), positionnant désormais le Bénin comme une destination incontournable aussi bien pour les touristes que pour les groupes hôteliers internationaux comme Accor, Hilton, Club Med, Rotana et Banyan Tree.
En accueillant le Choiseul Africa Summit, le Bénin crée également un espace privilégié pour favoriser les échanges entre investisseurs africains et internationaux, leur offrant l’opportunité de rencontrer des acteurs privés et publics et d’accélérer leurs investissements, non seulement au Bénin, mais plus largement en Afrique.
Quels sont les dispositifs ou initiatives mis en œuvre par le Bénin pour soutenir l’investissement et le développement du secteur privé? Comment ces initiatives se manifestent-elles ?
Le Bénin a adopté une approche proactive en matière de transformation économique, avec la conviction que, au-delà des investissements publics massifs, le secteur privé demeure le moteur de la transformation du pays.
Pour soutenir cette dynamique et offrir l’un des climats des affaires les plus favorables aux investissements privés en Afrique, trois types de dispositifs clés ont été mis en place :
– Un cadre réglementaire transparent et incitatif, avec un code des investissements modernisé, une loi sur les partenariats public-privé (PPP) et une simplification des démarches fiscales, facilitant ainsi l’installation et le développement des entreprises.
– Une capacité de l’Etat à co-investir aux côtés des investisseurs privés locaux et internationaux à travers la Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin (CDCB) et à encourager le secteur bancaire à financer l’économie réelle.
– Un renforcement du capital humain pour améliorer la disponibilité des talents nécessaires aux investisseurs et préparer la jeunesse à saisir les opportunités d’emploi dans des activités à forte valeur ajoutée en cohérence avec la stratégie de diversification économique. Cela se traduit notamment par la priorité accordée à l’enseignement technique et à la formation professionnelle, avec notamment le déploiement des lycées techniques agricoles et des écoles de métiers.
Au-delà de ces trois aspects, ce qui distingue particulièrement le Bénin, reste la compréhension fine des enjeux du secteur privé et une capacité avérée à offrir aux investisseurs un accompagnement sur mesure pour sécuriser et accélérer leurs investissements. Cette marque de fabrique et cet état d’esprit ne sont d’ailleurs pas étonnants lorsqu’on sait que la grande partie des membres du Gouvernement et des interlocuteurs des investisseurs sont issus du secteur privé.
Une thématique de cette édition du Choiseul s’est intéressée de manière spécifique aux PME et à leur financement. Quels sont les programmes développés au Bénin pour faciliter l’accès au financement pour les PME et assurer leur compétitivité ?
Le gouvernement béninois met en œuvre plusieurs initiatives visant à renforcer l’accès au financement des PME, tout en leur apportant l’accompagnement nécessaire pour accélérer leur croissance. L’une de ces initiatives est le programme RISE qui, sous l’impulsion du Ministère de l’Economie et des Finances, est mis en œuvre par l’Agence de Développement des PMEs et l’Agence de Développement de Sèmè City,, avec le soutien de la Banque Mondiale, de l’AFD et de l’Union Européenne.
L’objectif de RISE est double : Faciliter l’accès au financement des PMEs béninoises, tout en offrant un accompagnement technique pour renforcer leur compétitivité et maximiser leur potentiel de croissance.
86 PMEs béninoises ont été sélectionnées en décembre 2024 sur plus de 400 candidatures pour bénéficier de ce programme, et la moitié des PMEs concernées a déjà reçu les premiers financements. Bien entendu, face aux défis liés au financement des PME et à l’amélioration de leur compétitivité, il est nécessaire de passer à l’échelle, d’aller plus loin et plus vite.
A cet égard, le rôle du Ministère de l’Economie et des Finances est notamment d’impulser une dynamique collective qui valorise les synergies et de s’assurer que les structures de mise en œuvre du dispositif d’appui aux PME soient progressivement à la hauteur des enjeux. L’ambition est claire : faire du Bénin une terre d’opportunités et d’excellence non seulement pour les investisseurs africains et internationaux mais aussi et surtout pour les PME béninoises.
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