Au Niger, malgré une croissance de 9% en 2024 et un déficit public à la baisse, le secteur bancaire du pays se trouve pourtant en difficulté.
Plusieurs facteurs l’expliquent. François Giovalucchi, conseiller scientifique à l’Université catholique de Madagascar, ancien du Trésor français, s’est prononcé sur le sujet au micro de Charlotte Cosset.
Ci-dessous, l’intégralité de ses propos sur la question :
« Vous avez un public qui se méfie, semble-t-il, du secteur bancaire, puisqu’on a vu une très forte croissance de l’économie. Mais, en même temps, on n’a pas vu de croissance des dépôts. Et ça, c’est signe d’une défiance de la population. Il y a un autre facteur, c’est qu’il y a des impayés.
Donc, s’il y a des impayés très importants de près de 25%, c’est, qu’en gros un volume un crédit sur quatre n’est pas complètement remboursé. Donc, il est évident que ceci, ça impacte la trésorerie des banques. Si vous prêtez de l’argent et que vous ne le remboursez pas forcément, vous allez mettre votre situation sous tension.
Certaines banques peinent même à répondre aux besoins de retraits
Des dépôts limités et l’État qui sollicite de plus en plus les banques locales. L’État, d’abord, emprunte beaucoup auprès du secteur bancaire, poursuit François Giovalucchi. Il a augmenté sa dette de plus d’un tiers en 2024.
En 2025, il va encore augmenter. Normalement, il est prévu qu’il augmente d’à peu près 20%. Donc, vous avez une forte demande d’argent au secteur bancaire par l’État qui a du mal à trouver des financements internationaux.
Vous avez une réduction des financements internationaux, donc l’État a de plus en plus besoin d’argent et il le trouve auprès du secteur bancaire national ou près du marché régional. C’est-à-dire le marché de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Et là où on voit une méfiance, c’est que les taux payés par le Niger sur le marché régional ont augmenté d’à peu près 2% en un peu plus d’un an.
Donc, vous voyez, c’est que même au niveau régional, la signature nigérienne inquiète. Donc, ça, c’est un facteur.
Et au niveau international, vous avez aussi une certaine restriction des financements internationaux puisque vous avez des arriérés du Niger aussi au niveau international. C’est-à-dire que le Niger ne rembourse pas toutes ses dettes au niveau international.
Donc, vous avez une série de facteurs qui se cumulent et qui font que le Niger est sous contrainte financière, ce qu’on observe ensuite au niveau de son secteur bancaire.
Les risques concernant la stabilité du secteur bancaire se sont accrus, selon le FMI. Selon l’institution, certaines banques peinent même à répondre aux besoins de retraits de liquidités… »
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