NOS MEGAWATTS EN DEVISES FORTES

C’est une prouesse « de haut vol », pour ne pas dire une performance inédite, SENELEC a conclu avec son homologue de Guinée, EDG, un contrat d’achat d’électricité qui a été signé sous l’égide de la République de Guinée et du Sénégal. Le transfert de l’électricité issue du parc Senelec se fera via les lignes haute tension de l’OMVG.

Électricité de Guinée et la société SENELEC magnifient ainsi l’interconnexion des systèmes électriques unifiés des pays de la CEDEAO dans le cadre du marché régional de l’énergie. Le Sénégal fait partie des rares pays avec un excédent de capacités à vendre aux pays déficitaires de la zone. Paradoxalement, il y a juste 12 ans, notre pays produisait à peine 400 MW avec un parc de production vétuste presque amorti autour de turbines à gaz gourmandes en combustibles fossiles. Aujourd’hui, notre pays approche bientôt les 2 000 mégawatts avec la mise en service de la centrale duale fioul lourd – gaz naturel de West Africa Energie.

Même l’optimum d’usage et de consommation du SÉNÉGAL atteint durant les pics de chaleur permettra d’avoir une réserve supplémentaire de quelques 700 MW à déverser dans le marché sous-régional. EDG l’a bien compris malgré ses relations historiques avec la Côte d’Ivoire, qui est très souvent en déficit saisonnier dû à une forte demande industrielle et une surchauffe économique du premier PIB de la zone franc.

Les mines de Simandou autour du fer et de la bauxite ont mobilisé plus de 30 milliards de dollars d’investissements, d’où l’appétit et la forte demande des chantiers en courant électrique dans un pays où le système de production d’énergie hydroélectrique est affecté par les changements climatiques et les retards d’investissement chroniques, sans oublier l’incendie des dépôts de produits pétroliers qui assèche les centrales à fioul du pays.

La Guinée a un déficit quotidien de 12 000 MWh, soit 80% de capacité de production, exposant presque 90% de la population qui n’a que 3 heures d’électricité par jour. Nos voisins vivent « deux fois pire » que ce que le Sénégal a vécu en 2011 pendant les émeutes de l’électricité.

Avec le soutien de l’État et la restructuration réussie de Senelec, le Sénégal inaugure le marché régional de l’électricité grâce à son surplus de production, pour un gain de 60 milliards à court terme dans les coffres de Senelec. Sur le long terme, c’est 350 milliards sur 4 ans avec un modèle type de contrat spot selon mes évaluations. Le premier chiffre d’affaires du Sénégal et premier employeur du pays s’enrichit ainsi.

Espérons seulement que le contrat d’achat d’électricité Senelec – EDG soit couvert par un contrat d’assurance car CONAKRY n’est pas toujours respectueuse et ponctuelle des échéances de paiement, surtout si c’est en devises fortes.

  
Moustapha DIAKHATE
Ex Conseiller Spécial PM
Expert infrastructures et Pol. Énergétique

 


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