Les écrans ne font qu’un avec l’homme et le monde dérive dangereusement avec. Image: Netflix
Black Mirror est de retour pour un septième tour de manège. Cette fois-ci, Charlie Brooker se montre toujours plus cynique, mais plus tendre et mélancolique.
10.04.2025, 19:1110.04.2025, 19:30
Plus de «Divertissement»
Le créateur Charlie Brooker remet le couvert avec sa série devenue presque mythique, si bien qu’elle peut se targuer d’incarner un genre sériel. Black Mirror est passé de série à phénomène de société. A tel point qu’on entend parler, parfois, d’une «black mirrorisation» des histoires.
Pour cette septième saison, Black Mirror ouvre à nouveau les portes de son parc dystopique, où les questionnements fleurissent et distillent une rosée incertaine. Et honnêtement, comme d’habitude: ça fait peur.
Le premier épisode («Des gens ordinaires») raconte l’histoire d’une femme mourante (Rashida Jones), qui voit sa vie sauvée après une urgence médicale. Un système va lui prolonger sa vie et surtout dominer sa conscience, noyée par un serveur piloté par une société obscure. Et le tout, pour que cela fonctionne, demande un abonnement annuel horriblement onéreux.
Derrière, le mari (Chris O’Dowd) tente par tous les moyens de garder sa femme en vie par le biais de cette technologie. Est-ce un acte généreux, ou une manière égoïste de garder sa femme, prisonnière d’une application? La question se pose.
Ce premier épisode nous questionne sur notre dépendance aux applications (ou des smartphones), quitte à payer des sommes astronomiques, avant de se clore dans un élan de tristesse délicieusement grinçante.
Un premier pas dans le monde intraitable de l’univers déroutant de Black Mirror, tordu, voire hypnotique, qui se prolongera avec un deuxième épisode («Bête Noire»), qui raconte les retrouvailles de deux camarades de lycée (Siena Kelly et Rosy McEwen). Le troisième chapitre narre une romance en noir et blanc hollywoodienne, où l’exécution parfaite d’un scénario permet à une star de se sortir de ce bourbier glamour. L’attaque, bien sentie, est dirigée contre l’intelligence artificielle chargée de créer à la chaîne des oeuvres.
La veine démoniaque de «Black Mirror» est bien présente
Le côté démoniaque de Black Mirror ressort d’un coup, laissant le chaos s’installer et la cruauté se dresser comme l’arbitre de ce segment.
Nous pouvons encore cibler «De simples jouets», un quatrième épisode où un marginal (Peter Capaldi) se fait happer par son obsession: un jeu vidéo des années 90. Le jeu virtuel deviendra réel et l’écran deviendra objet de ses tourments dans sa propre réalité.
Ce nouveau volet de Black Mirror continue dans son scan de notre ère malade, biberonnée aux écrans omniprésents et au virtuel baveux. Brooker écrit et noircit des pages de scénario pour compulser un ensemble d’épisodes qui demeure cohérent, entraînant, mais surtout malaisant.
Le créateur poursuit lui-même ses obsessions (et ses peurs). Brooker ose même déterrer un vieil épisode de la saison 4, culte pour beaucoup, nommé «USS Callister: Au cœur d’Infinity». Les terreurs du passé refont surface, pour clore cette nouvelle saison; c’est un nouveau questionnement (déroutant) sur des avatars qui sont piégés dans un monde numérique violent.
Ces six épisodes sont moins froids, toujours cyniques, certes, mais teintés d’une tendresse rarement ressentie dans les précédentes saisons. On pense à l’épisode «Eulogy», avec un Paul Giamatti parfaitement casté dans le rôle d’un homme à qui l’on donne la chance de pénétrer dans de vieilles photographies et de réveiller les souvenirs d’un grand amour perdu.
Brooker, à travers cet épisode, campe sur ses positions, entre la frontière du réel et de l’irréel, où un écran peut défaire une vie ou la changer radicalement. Le ton est toujours austère, mélancolique, parfois plus incisif.
Black Mirror reste une série qui pousse à la réflexion, avec ses qualités et ses défauts, qui extrait une nouvelle essence. Cette nouvelle benzine dessine notre monde d’aujourd’hui, plus si dystopique, qui façonne l’équilibre si fragile entre la machine et l’être humain.
«Black Mirror» est à découvrir dès le 10 avril sur Netflix.
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