Nourrir les Jeux, l’autre défi olympique

Cette épreuve n’aura pas de médaille mais elle sera une performance : servir au moins 13 millions de repas pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Enquête pour savoir comment cet évènement peut devenir la vitrine du modèle alimentaire français.

Les Jeux olympiques et paralympiques sont l’occasion unique d’accueillir le monde à sa table. Des convives exceptionnels vont s’y s’asseoir : les 15 000 athlètes, ceux qui les accompagnent, les journalistes, les bénévoles ainsi que l’ensemble de l’organisation. Viendront aussi — et surtout — les deux millions de touristes étrangers et les six millions de Français qui se déplaceront en Île-de-France à cette occasion, d’après les prévisions du comité interministériel du Tourisme du 7 mai 2024.

Les athlètes, les journalistes et les bénévoles seront nourris par les organisateurs des Jeux, principalement dans le village olympique de Saint-Denis, au nord de Paris. Le comité d’organisation de Paris 2024 a délégué à Sodexo, un des principaux acteurs de la restauration collective en France, la charge de cuisiner et servir les repas.

Mais le comité d’organisation avait déjà des engagements avec des fournisseurs. Par exemple, Danone, partenaire officiel, est le pourvoyeur des produits laitiers. Ensuite, Sodexo a pioché dans ses fournisseurs déjà référencés, comprimant ainsi l’entrée de nouveaux fournisseurs. Une directrice du département des Yvelines témoignait le 25 juin devant le Conseil national de la résilience alimentaire de sa difficulté à placer des produits locaux, au moins sur les sites de son territoire (équitation, golf, cyclisme).

Cent producteurs avec Carrefour

C’est la première fois que les Jeux olympiques comptent parmi ses sponsors un distributeur alimentaire, en l’occurrence Carrefour en charge de fournir les produits frais. « Nous avons prévu de livrer six cents tonnes de produits frais pendant la durée des Jeux », avance Eve Zuckermann, directrice du partenariat JO pour Carrefour. Une centaine de producteurs français deviendront ainsi fournisseurs des Jeux. Selon Carrefour, ils suffiront pour remplir les engagements affichés par Paris 2024 : 80 % de produits français, 30 % de produits bio et 25 % produits à moins de 250 km des sites olympiques.

Même si les portes des Jeux n’étaient pas grandes ouvertes, il était encore possible de passer par la fenêtre. Les sites des épreuves peuvent avoir déjà leurs fournisseurs référencés. C’est cette mécanique qui a permis à Clémence et Matthieu Maisons, agriculteurs à Boisville-la-Saint-Père (Eure-et-Loir), d’augmenter de 10 % leur production de chips grâce à leur contrat avec le prestataire Boire & Manger dans le Stade de France (athlétisme…) et l’Adidas Arena (badminton, gymnastique rythmique).

Zones rouges

Mais ce sont surtout les restaurants de la capitale qui vont absorber le surplus de touristes. À la Semmaris, le gestionnaire du marché de Rungis, principal point d’approvisionnement des restaurateurs concernés, on anticipe un surcroît d’activité de l’ordre de 10 % par rapport à une période estivale ordinaire.

Si un accord a été trouvé en février pour que les péniches céréalières s’effacent pendant la cérémonie d’ouverture sur la Seine, la circulation des camions de livraisons dans le centre de Paris fait s’arracher les cheveux aux responsables de la logistique.

Outre les règles de circulation spécifiques aux abords immédiats des épreuves et les embouteillages probables, une contrainte supplémentaire vient perturber les horaires habituels : il faut avoir quitté la zone rouge (interdiction de la circulation motorisée) avant 6h00. Or, si le marché de Rungis ouvre assez tôt habituellement (à 2h00 ou 5h30 pour les produits frais), ce sera, dans les faits, l’heure à laquelle les camions devront partir pour respecter les plannings de livraison.

La clé sera donc l’anticipation. « On travaille encore plus de nuit que d’habitude », résume Colin Glénat, directeur de site de Vivalya, une coopérative d’une vingtaine de grossistes alimentaires de proximité. « Nous demandons aux restaurateurs d’avancer leurs commandes pour assurer une préparation entre 20 h 00 et 22 h 00 au lieu de minuit à 2 h 00 habituellement, poursuit-il. On attend avec un peu de stress le démarrage des Jeux pour voir comment ça se passe. »

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