Obligation de cultiver la tolérance pour la cohésion sociale – La Nouvelle Tribune

Les mariages inter-religieux, bien que de plus en plus fréquents à travers le monde, suscitent encore des résistances dans certaines sociétés où les pratiques religieuses sont profondément enracinées. Au Bénin, un pays réputé pour sa diversité culturelle et religieuse, les unions entre personnes de religions différentes peuvent parfois être source de tensions et de conflits, posant des obstacles à la cohésion sociale. Si le mariage inter-religieux est souvent perçu comme un signe de tolérance et de modernité, il rencontre parfois une opposition importante.

Le Bénin est une nation où coexistent plusieurs religions : le christianisme, l’islam, le vodoun, mais aussi diverses croyances traditionnelles. Cette diversité religieuse est une richesse culturelle, mais elle peut également engendrer des tensions lorsque les frontières entre les différentes croyances s’estompent, notamment dans le cadre des mariages.

En effet, bien que la Constitution béninoise garantisse la liberté de culte et la liberté d’association, les liens religieux sont souvent perçus comme des éléments fondamentaux de l’identité individuelle et collective. Ainsi, un mariage inter-religieux, loin d’être perçu comme une simple union amoureuse, peut être interprété comme une remise en cause des valeurs fondamentales de l’une ou l’autre des religions concernées.

Les résistances familiales et communautaires

L’un des principaux obstacles à l’acceptation des mariages inter-religieux réside dans les résistances au sein des familles et des communautés. Pour de nombreuses personnes, le mariage reste un acte profondément social et religieux, avec une forte dimension symbolique. Dans certaines familles, il est impensable de marier une fille musulmane à un chrétien ou une chrétienne à un pratiquant du vodoun. Ces résistances sont particulièrement fortes dans les zones rurales, où les pratiques religieuses sont souvent plus conservatrices et les mentalités plus fermées.

Les pressions sociales peuvent se traduire par des tentatives de désapprobation ouverte, voire de rejet, des unions inter-religieuses. Les parents et proches des futurs époux peuvent ainsi faire face à des menaces de rupture des liens familiaux ou à des attaques verbales et sociales. La peur de la stigmatisation et du rejet social pousse parfois les jeunes à renoncer à l’idée de se marier en dehors de leur religion, ou à chercher à cacher la véritable nature de leur relation.

Dans certaines familles, il existe aussi des attentes culturelles et religieuses très précises en matière de mariage, ce qui peut renforcer l’idée que l’union de deux personnes issues de religions différentes porte atteinte à l’ordre établi. Par exemple, la conversion d’un partenaire au cours du mariage peut être exigée, ce qui génère une pression supplémentaire et peut susciter des conflits internes, surtout lorsque les partenaires ne partagent pas les mêmes convictions religieuses.

Les dimensions religieuses et doctrinales du mariage

Les résistances au mariage inter-religieux sont également nourries par des considérations doctrinales. Les autorités religieuses, qu’elles soient chrétiennes, musulmanes ou pratiquantes du vodoun, peuvent parfois juger l’union entre croyants de religions différentes comme non conforme à leurs principes de foi. Ainsi, de nombreuses autres dénominations chrétiennes interdisent le mariage avec un non-croyant ou un croyant d’une autre confession, à moins que ce dernier n’accepte de se convertir au christianisme.

De même, dans le cadre de l’islam, certains érudits et imams estiment que le mariage entre un musulman et une non-musulmane ne devrait avoir lieu que si la non-musulmane se convertit à l’islam. Les discours sur la pureté religieuse et la préservation des croyances traditionnelles tendent à renforcer ces positions. Au Bénin, où les religions ont une forte influence sociale et culturelle, ces positions doctrinales peuvent amplifier la méfiance et la division entre les communautés religieuses.

Les tensions religieuses sont également exacerbées par des malentendus culturels et des différences dans la compréhension de la nature du mariage. Par exemple, le mariage dans certaines communautés chrétiennes ou musulmanes est perçu comme un sacrement ou une obligation religieuse qui lie les individus devant Dieu. En revanche, dans d’autres cultures et religions, le mariage peut être plus largement vu comme un contrat social ou un acte de reconnaissance des ancêtres. Ces divergences de visions et de conceptions sur le mariage rendent encore plus difficile la conciliation des intérêts lors de l’union de deux personnes issues de confessions différentes.

L’impact sur la cohésion sociale

Malgré ces résistances, il est important de noter que les mariages inter-religieux ne sont pas nécessairement voués à l’échec, et que de nombreux exemples de mariages réussis entre personnes de religions différentes existent au Bénin. Cependant, les obstacles rencontrés par ces unions peuvent affaiblir la cohésion sociale du pays, en renforçant les divisions religieuses et en générant des conflits internes au sein des familles et des communautés.

L’un des principaux risques associés à ces résistances est l’accentuation des fractures religieuses. Les tensions entre les différentes communautés peuvent conduire à des affrontements, à une montée du communautarisme et à un affaiblissement du tissu social. Un pays comme le Bénin, qui a fait de la diversité culturelle et religieuse une force, pourrait voir sa cohésion mise à mal si ces divisions religieuses continuent de s’aggraver.

L’ampleur des conflits liés au mariage inter-religieux peut aussi entraîner une perte de confiance dans les institutions publiques et religieuses. Si l’État et les autorités religieuses ne parviennent pas à favoriser un dialogue constructif entre les différentes communautés, cela pourrait aggraver la méfiance et les incompréhensions entre les groupes religieux, au détriment de la paix sociale.

Des solutions pour renforcer la cohésion sociale

Il est possible de surmonter ces obstacles en favorisant une meilleure compréhension des valeurs communes qui transcendent les différences religieuses. L’éducation à la tolérance et au respect des autres religions dès le plus jeune âge pourrait contribuer à construire une société plus inclusive et pacifique. En outre, les leaders religieux doivent jouer un rôle clé en prônant un discours de paix et de dialogue inter-religieux, en soulignant que la tolérance est au cœur de toutes les grandes religions.

Le rôle de l’État est également crucial. Il doit veiller à ce que les droits des citoyens, y compris en matière de mariage, soient respectés, tout en encourageant un cadre législatif qui protège les individus des discriminations religieuses. L’État béninois doit également investir dans des initiatives inter-religieuses, créant des espaces de rencontre et de dialogue pour les communautés religieuses, afin de renforcer la cohésion sociale. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp du journal La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)

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