Malgré l’appel de ses pairs africains, Félix Tshisekedi, le président congolais, refuse toujours tout dialogue avec ceux qu’il présente comme des « pantins » du Rwanda.
Têtes mises à prix
Ce vendredi, comme pour démontrer une fois de plus son refus d’envisager toute négociation, le pouvoir congolais, via le ministère de la Justice à publier un communiqué annonçant « Une récompense de 5 millions de dollars à toute personne permettant l’arrestation des condamnés Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga ».
La solution à la crise congolaise se trouve… au Congo
Corneille Nangaa est le coordonnateur de l’AFC, tandis que Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga sont respectivement président et chef militaire du M23. Les trois hommes ont par ailleurs été condamnés mort par la justice militaire congolaise en août 2024.
Le ministère de la justice offre aussi une prime de 4 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation de « leurs complices en fuite, notamment Perrot Luwara et Irenge Baelenge » et « d’autres individus recherchés ». Les deux hommes cités sont deux journalistes congolais critiques à l’égard du régime en place à Kinshasa. Perrot Luwara, dont certains biens viennent aussi d’être confisqués par l’État congolais, a obtenu il y a quelques mois le statut de réfugié en Belgique.
Une rencontre avec Trump ?
Les autorités congolaises ont par ailleurs proposé à Washington un accès exclusif à certains minerais et aux projets d’infrastructure qui y sont liés en échange d’une aide militaire. Dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain Marco Rubio, Kinshasa demande une réunion urgente entre les présidents Félix Tshisekedi et Donald Trump.
Gesticulation et paralysie en RDC
Le président congolais souhaite discuter avec Donald Trump d’un pacte qui accorderait aux entreprises américaines d’accéder à certains des minerais les plus convoités pour les secteurs de la Défense, des technologies et de la transition énergétique, peut-on lire dans cette lettre datée du 21 février. Le sol de la RDC regorge de matières premières « essentielles à la compétitivité de l’industrie américaine et à la sécurité nationale », souligne un groupe afro-américain qui représente les intérêts de la RDC. Ce partenariat offrirait « aux États-Unis une occasion unique de mettre en place une chaîne d’approvisionnement fiable et exclusive », plaide-t-il.
Geste désespéré ?
La démarche congolaise démontre que le pouvoir congolais est dans une quête de soutien quasi désespérée face à la situation sécuritaire du pays.
Depuis le début de cette année, et donc l’arrivée du Républicain à la tête des États-Unis, l’AFC/M23 s’est emparé des villes de Goma (capitale du Nord-kivu) et de Bukavu (Sud-Kivu) et continue sa progression vers le Sud le long du lac Tanganyika, maîtrisant la ville d’Uvira et lorgnant vers Kalemie, la première ville de l’ancienne grande province du Katanga, démembrée depuis le 16 juillet 2015.
« Le Katanga est devenu le coffre-fort de la famille Tshisekedi »
L’armée congolaise s’est montrée incapable de maîtriser cette avancée. Le conglomérat hétéroclite composé de troupes étrangères, de mercenaires européens et d’anciennes milices criminelles congolaises reconverties en « patriotes » (wazalendo) n’ont pu faire mieux.
En refusant toute négociation avec les troupes antigouvernementales, Félix Tshisekedi s’enfonce dans une logique guerrière qui le contraint à chercher de nouveaux partenaires à tout prix.
Les dernières démarches entreprises en Afrique ont toutes échoué. Tshisekedi abat une de ses dernières cartes en se tournant vers les États-Unis qui se sont montrés jusqu’ici réticents à soutenir l’armée congolaise, accusée de nombreuses violations de droits humains. Pour tenter de les séduire, Kinshasa fait miroiter la possibilité pour les Américains de prendre en RDC une place largement occupée jusqu’ici par la Chine. Il s’agirait pour Félix Tshisekedi de « prendre ses distances avec l’influence chinoise dominante et de renforcer ses liens économiques avec l’Occident », comme l’écrit dans sa lettre le groupe lobbyiste qui représente les intérêts congolais à Washington.
Un jeu dangereux pour un pouvoir congolais aux abois.
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