« On a ouvert la boîte de Pandore » : après Bétharram, des accusations visent l’institution Saint-Dominique de Neuilly

D’anciens élèves de l’Institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine ont ouvert un groupe Facebook suite aux révélations dans l’affaire Bétharram. Il a permis de recueillir une vingtaine de témoignages à l’encontre de plusieurs anciens professeurs et surveillants.

En début de mois, suite aux révélations dans l’affaire Bétharram, l’enseignement catholique des Hauts-de-Seine a lancé un appel à témoignages à ses anciens élèves. Un des trois surveillants placés en garde à vue dans cette affaire, Damien S, a en effet officié à l’Institution Saint-Dominique de Neuilly pendant plusieurs années, de 1989 à 1997. Dans le même temps, d’anciens élèves ont ouvert un groupe Facebook pour recueillir des témoignages. En quelques jours seulement, ce groupe privé a recueilli plusieurs témoignages très graves, dénonçant des actes de violences et d’abus sexuels dans l’établissement, couvrant la période des années 1990 à 2010.

Le groupe Facebook privé "Témoignages Institution Saint Dominique de Neuilly"
Le groupe Facebook privé « Témoignages Institution Saint Dominique de Neuilly »
Page Facebook

Trente ans après, Constance Bertrand, se souvient parfaitement de Damien S. Elle a fréquenté l’établissement privé au collège : « C’était quelqu’un qui nous inspirait de la peur. Il était connu pour tirer les oreilles, trainer les élèves par les oreilles et les cheveux des élèves. » Ouvert d’abord pour permettre à des victimes de Damien S. de se faire connaître, le groupe recueille une vingtaine de témoignages directs incriminant d’autres professeurs et surveillants : « On a été extrêmement choqués. On a eu l’impression d’ouvrir une boîte de Pandore parce qu’en moins de dix jours, on a eu des témoignages sur sept personnes accusées de faits très graves, de violences physiques, de violences psychologiques, de violences sexuelles« , témoigne Constance Bertrand, qui s’exprime au nom du collectif des victimes de Saint-Dominique.

La plupart des faits rapportés parlent de violences physiques, d’emprises, d’un système où la violence des adultes est généralisée. « J’ai un souvenir marqué de la violence constante qui y régnait à plusieurs niveaux, une peur de la réprimande à tous les instants et cela clairement mis en œuvre par ce censeur terrifiant« , rapporte ce témoin qui évoque Damien S, surnommé « cheval« . Un autre évoque des caresses insistantes subies de la part d’un prêtre sur un élève de 12 ans. Une ancienne professeure est décrite en « cruella d’enfer« , particulièrement violente : « Je me souviens d’un énorme coup de poing répété sur ma tête. Elle était arrivée par derrière sans que je la vois, j’étais en train de sortir un cahier. D’une violence inouïe. Ça m’a fait tellement mal et peur que j’en ai fait pipi dans ma culotte.« 

Le communiqué de presse de la direction de l'Institution Saint-Dominique du 13 mars 2025
Le communiqué de presse de la direction de l’Institution Saint-Dominique du 13 mars 2025
Institution Saint-Dominique

Les témoignages les plus durs ne sont pas publiés sur la page, les personnes concernées ont contacté directement les administrateurs du groupe : « On a des témoignages sur des petits enfants de CM2 de maitres qui caressent sous les jupes des filles derrière son bureau. On nous parle aussi de viols au lycée et d’agressions sexuelles au collège« , détaille Constance Bertrand, co-administratrice du groupe Facebook. Un prêtre est également accusé d’avoir abusé sexuellement un élève de 5e après être rentré la nuit dans sa chambre lors d’une retraite.

Face à cette situation, la direction de l’établissement exprime sa compassion pour les victimes et loue le courage de ceux qui prennent la parole. « Tout doit être mis en œuvre – et avec détermination – pour que la parole soit libérée, que la lumière soit faite, dans une coopération sans réserve, sans restriction, avec les autorités publiques compétentes », peut-on lire dans un communiqué de presse conjoint de la direction de l’établissement et de la direction diocésaine des Hauts-de-Seine datant du 13 mars 2025. Le collectif des victimes de Saint-Dominique a également été reçu par l’évêque et le vicaire général des Hauts-de-Seine. Constance Bertrand sera entendue, au nom de ce collectif, le 20 mars prochain. Elle s’exprimera dans le cadre d’une commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires, à l’Assemblée nationale. Des représentants des collectifs de victimes de toute la France seront auditionnés.

Ces témoignages, parvenus par plusieurs signalements au parquet de Nanterre, ont conduit à l’ouverture d’une enquête préliminaire « pour approfondir les informations et identifier les potentielles victimes ainsi que les personnes mises en cause », confiée à la brigade territoriale de protection de la famille du département, a indiqué le parquet sollicité par l’AFP lundi soir.

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.