« On ne peut plus faire de western comme lorsque j’étais gamin »

Viggo Mortensen, icône de la culture populaire, s’attaque au western, un genre cinématographique mythique. Pour Jusqu’au bout de monde, celui qui fut Aragorn de la saga Le Seigneur des anneaux raconte une belle histoire d’amour sur fond de guerre de Sécession. « On ne peut plus traiter le western comme lorsque j’étais gamin, explique l’acteur/réalisateur à 20 Minutes. J’en ai conservé le côté dépaysant tout en le modernisant et en mettant notamment un personnage féminin au centre du récit. »

Il se dirige face à Vicky Krieps, découverte dans Phantom Thread de Paul Thomas Anderson et vue récemment en Anne d’Autriche dans le diptyque Les Trois mousquetaires. Leur couple qui réunit deux fortes personnalités est séparé par un conflit fratricide qui éloigne l’homme de la maison. Quand il revient après des mois d’absence, les épreuves qu’ils ont vécues séparément les ont changés. Il va leur falloir réapprendre à s’apprivoiser.

Un écrin et un prétexte

« Le western est un écrin et un prétexte pour parler d’autres sujets, insiste Viggo Mortensen. Mon film montre que les traumatismes subits pendant la guerre ne frappent pas seulement celui qui a combattu mais aussi celle qui est restée à la maison. » Proie convoitée par le fils d’un riche propriétaire terrien, la jeune femme a elle aussi souffert des événements terribles. « Je suis un fan de western depuis mon enfance, se souvient Viggo Mortensen. J’allais en voir avec mon père quand j’étais gamin. J’ai donc voulu retrouver l’excitation qu’ils m’ont procurée autrefois. »

Des paysages sublimes servent d’écrin à un duo de comédiens au sommet de leur talent. « Parvenir à traiter l’intimité au milieu d’une nature sauvage a quelque chose de passionnant, insiste Viggo Mortensen. Cela renforce le sentiment d’isolement du couple, leur besoin de retrouver une complicité face à l’adversité. » Après le bouleversant Falling sorti en 2021, le réalisateur montre qu’il a gagné en maturité dans sa mise en scène tant chaque plan ressemble à un tableau.

Des sentiments exacerbés

« Le western redevient à la mode, s’amuse-t-il. Je pense que cela vient du fait qu’il permet de traiter de sentiments exacerbés dans un environnement brutal. Il est à la fois proche et loin de nous. » La femme victime de violences sexuelles n’appartient, hélas, pas qu’au passé. Son combat concerne le spectateur qui la soutient de tout son cœur. « Paradoxalement, situer l’action dans l’Ouest américain des années 1860 offrait le moyen de rendre l’intrigue plus actuelle tout en lui donnant un souffle épique. »

Une certaine douceur se dégage d’un récit qui ne ménage pas ses personnages. « L’aventure est aussi ce qui m’attirait dans le genre mais je ne peux pas la considérer comme dépourvue de sentiments. Je n’ai pas cherché à réinventer le western. Je n’ai pas cette prétention. J’ai juste voulu réaliser un western qui satisferait le spectateur que je suis devenu. » Viggo Mortensen dépoussière le genre avec une grande humanité qui fait aimer Jusqu’au bout du monde tout autant que ses deux héros.

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